Pages

dimanche 24 septembre 2023

Le pape et les migrants

"Ce préambule n'est pas inutile qui concerne le pape François à l'égard duquel mon premier sentiment est de déférence religieuse mais d'incompréhension politique." (Philippe Bilger))


Justice au Singulier: Le pape François ne rend rien à César... (philippebilger.com)


Invité cette année par un ami au Pèlerinage national de Lourdes, j'ai dit tout à trac à un jeune néophyte rencontré dans le car qui nous emmenait là-bas qu'autant j'appréciais le théologien dans ce pape qui est plein d'Évangile, quand je l'entendais retrouver toutes ses forces et son agilité , intellectuelle pour le commenter au cours de sa messe privée de la maison sainte-Marthe que le Vatican acceptait de diffuser pendant le confinement sans dénoncer les entraves intolérables à la liberté de culte, autant je ne comprends pas une politique publique qui dit aux dirigeants du monde ce qu'ils veulent entendre, tout en  accompagnant la mondialisation par une prédication de plus en plus syncrétique sous prétexte de fraternité universelle, ce qui la rend de moins en moins christologique et va à l'encontre de sa dénonciation de la "mondanité spirituelle".


On pourrait m'objecter que sa référence constante au respect du droit des migrants secoue le landerneau mondial, car à l'entendre, on n'en accueille jamais assez. Mais on fait aujourd'hui en Europe et dans le monde une politique au nom du droit des migrants en ayant changé le paradigme de l'Histoire qui, jusqu'à l'après-Seconde guerre mondiale, a toujours été xénophobe et protégeait les nations contre les menées (et parfois les invasions) étrangères. Le pape dit avec les dirigeants du monde que cette xénophobie politique est illégitime depuis le national socialisme. Et la dénonciation de cette illégitimité prend le débat politique en otage depuis une quarantaine d'année. Le libéralisme mondial est antifasciste par essence, définition et priorité. L'anti-lepénisme est en France le tronc commun qui maintient l'"arc républicain"en équilibre au-dessus d'un épouvantail. À choisir, même un Mélenchon préfère l'antifascisme à l'antilibéralisme. Ses consignes de vote, même le plus implicites possible, aux deux second tours des deux dernières élections présidentielles, nous renseigne clairement sur ce point. La République est xénophile et l'histoire n'a plus à être une émancipation xénophobe des nations conquérantes.


En strict régime chrétien, ou plus exactement si on ne se réfère qu'à l'Évangile en passant outre le millénaire de philosophie politique de la civilisation chrétienne, le pape et la République laïque ont raison, encore que l'Évangile insiste sur le respect de l'étranger, mais ne préconise pas qu'il ait la première place aux royaumes de ce monde. L'Evangile détourne la question "qui est mon prochain?" en "de qui vais-je me constituer le prochain?" et répond que je dois d'abord me constituer le prochain de mon lointain. Mais le christianisme politique répond en affirmant qu'il y a une charité politique qui, comme toute charité bien ordonnée,  commence par soi-même. Dire que le "droit des migrants" à émigrer pour trouver une vie meilleure précède tous les autres droits des citoyens des pays d'accueil où ils s'invitent, fait reposer la politique sur l'individualisme et ne demande pas si la protection sociale des pays développés peut supporter cet afflux de migrants arrivant de manière anarchique au gré de leur aspiration à trouver un meilleur ailleurs. C'est faire courir à ces protections sociales le risque de protéger "les autres avant les nôtres", même si une stricte priorité nationale qui irait jusqu'à refuser toute prestation sociale aux primo-arrivants, ou encore l'aide médicale d'État, me paraît inhumaine et serait de nature à m'interdire de voter pour les partis dits "nationaux" ou "extrêmes" dès que je raisonne en chrétien. 


Mais fonder la politique sur l'individualisme comme le fait le pape, n'est pas non plus chrétien, et, quarante-trois ans après le premier voyage en France de Jean-Paul II,  faire l'impasse sur le caractère de "France, fille aînée de l'Église", François tenant à dire qu'il se rend à Marseille et non en France, renvoie un message étrange. Le pape mettrait-il les nations au rancard, même s'il s'en défend en disant qu'il préfère les petites nations européennes comme Alain Finkielkraut défendait le droit des Croates ou des Bosniaques Slovènes, comme si la défense des petites nations (qu'on appelait le respect du "principe des nationalités") n'avait pas été le ferment de nos deux guerres européennes, à commencer par la Grande guerre, mais "Hitler est né à Versailles".


J'en suis à cette perplexité concernant le chef de l'Église catholique, mon "chef" ou mon "berger". Il ne garde pas bien ma foi en l'immergeant dans un fraternitarisme pur sans pour autant faire de l'Église une ONG comme les autorités vaticanes le redoutent, mais en la commettant plutôt comme responsable du MASDU, mouvement pour l'animation spirituelle de la démocratie universelle. (Cf

https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/opposition-papes/masdu-paul-vi.html#:~:text=1%C2%B0%20%E2%80%93%20L'HUMANIT%C3%89%2C,terrestre%20du%20ROYAUME%20DE%20DIEU.


Mais peut-être faut-il choisir fermement entre un christianisme de religion et un christianisme de civilisation et faut-il assumer et affirmer que la chrétienté, que la civilisation chrétienne sont mortes. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire