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vendredi 8 septembre 2023

À l'école, la réforme Habit ne dévoile pas les jeunes filles

La police vestimentaire a commencé à l'école lorsqu'en 1989, le proviseur du lycée de Creil Ernest Chenière adressa un rappel au règlement à "trois  collégiennes, de 4e et 3e qui gardaient leur voile, noué sous le menton, en classe. Jusque-là, ces fichus présents ici et là au cou de quelques écolières n'avaient jamais fait parler d'eux. Le principal du collège Gabriel-Havez, Ernest Chenière, décide en cette rentrée 1989 de ne pas laisser passer ce qu'il juge comme un coup de boutoir contre la laïcité. Il convoque les jeunes filles, saisit le conseil d'administration, écrit aux familles qui campent sur leur position. L'affaire de Creil vient de commencer. [...] Le Conseil d'Etat, saisi du sujet par le ministre de l'Education Lionel Jospin, statue sans trancher : il laisse aux chefs d'établissement le soin de décider au cas par cas." Pap Ndiaye se placera sous cette jurisprudence aujourd'hui critiquée par un Lionel Jospin qui, après avoir eu la bonne réaction le 11 septembre en prononçant le célèbre: "Pas d'amalgame" qui a évité l'inflammation de la chute des temples du Capital en guerre civile en France et en Europe, a changé, probablement sou l'influence de son épouse, très anti-genderet assez fascinée par la patristique chrétienne, un de ses objets d'étude. cL'ancien premier ministre à qui je conserve fidèlement toute mon estime commencera par approuver le Discours de ratisbonne du pape Benoît XVI. Il confirmera son revirement  dans une interview toute récente sur "France inter", argaunt du fait que les temps ont changé depuis la jurisprudence du Conseil d'Etat et que le 11 septembre (le fameux!) est passé par là.


"Trente ans plus tard, À Creil, évoquer « l'affaire » provoque surtout des soupirs, plus ou moins ulcérés. On la ramène volontiers à une opposition de personnes. Localement, il a été reproché à Chenière, le fort en gueule, le franc-maçon revendiqué, d'avoir utilisé la polémique pour se donner une épaisseur politique, lui qui deviendra en 1993 député (RPR) de la circonscription. Ce sera son seul mandat." 


https://www.leparisien.fr/societe/affaire-du-foulard-de-creil-c-etait-un-lynchage-confie-l-ex-principal-du-college-02-10-2019-8165001.php


Mais quel mandat! Je suis depuis trente ans un fervent auditeur de "Radio courtoisie". Ernest Chenière adoptait des positions plus droitières que celles Pierre Bernard, l'ancien  maire de Montfermeil avec qui il débattait .


Depuis lors, la réforme Habit de l'école sans contenu n'a cessé de stigmatiser les jeunes filles musulmanes. Il était bien plus facile de s'en prendre à elles que de s'attaquer à leurs petits ou à leurs grands frères, qui donnent beaucoup plus que leurs soeurs qu'ils surveillent et punissent quand elles ne se tiennent mal à leurs yeux dans la petite délinquance qui "emmerde les Français", comme aurait dit Georges Pompidou. Plus facile et plus cruel, comme tout ce qui est facile. Car dévoiler une femme qui croit que c'est pour elle un devoir sacré de porter le voile revient à la déshabiller de force. Il me semblait que notre société était contre le viol, le voyait partout, surtout depuis #MeTo et en avait fait pénalement un crime.  Facile, cruel et incohérent. Plus facile que de s'attaquer à ce qui opprime les femmes et aux mariages forcés qui sont importés du bled et que la société française reconnaît sans les soumettre à l'obligation préalable de passer devant M. le maire, comme elle le fait pour les mariages catholiques: l'Église catholique aurait mieux fait de lutter pour l'égalité devant le mariage et de revendiquer l'autonomie du mariage religieux que de dénoncer bêtement "le Mariage pour tous" qui ne la concernait en rien L'État laïque promulguait un acte civil et il a le droit de placer la civilité où il veut. N'aurait-il pas été du devoir d'une société féministe de s'attaquer à ce qui brime les femmes?  Mais il est  plus facile de parler que d'agir. Il est aussi  plus facile de savoir quand une femme porte volontairement le voile que de repérer un mariage forcé. La brimade est pourtant plus durable et il faudrait consacrer à la lutte contre celle-ci de nouvelles forces de police dotées de méthodes nouvelles.


La réforme Habit est commode pour masquer que l'enseignement scolaire perd progressivement tout contenu, réduit qu'il est désormais à "la lutte contre les préjugés", "les stéréotypes de genre", la prévention des conduites à risques et la conformation aux nouvelles normes environnementales pour faire des petits Français "de petits républicains" comme le dit notre président, attendu qu'il est interdit, au pays des droits de l'homme, de dispenser un enseignement qui ne soit pas conforme aux droits de l'homme, c'est-à-dire, au hasard, qui pose une nature humaine en face de la liberté ou qui dispose que les droits entraînent des devoirs. Nous avons subi le choc révolutionnaire né dans une fièvre polémique contre le catholicisme et ses abus et au terme duquel  il advient nécessairement que les Droits de l'homme se soient construits comme un anti-décalogue, comme une charte de droits non assortie à un catalogue de devoirs. Et l'expression de Jean Madiran avait le mérite d'être saisissante quand il parlait de "Droits de l'homme sans Dieu".


Mais si elle est facile, cruelle et incohérente, la réforme Habit se justifie-t-elle par son efficacité? La mayonnaise n'a cessé de monter depuis le coup de sang d'Ernest Chenière. On est allé de crise du vêtement en loi contre les signes ostentatoires et non seulement les jeunes filles ne se sont pas dévoilées, mais l'interdiction du port du voile a fait naître l'invasion de l'espace public par des femmes voilées de la tête aux pieds. Vaste progrès.


Gabriel Attal voulait-il démontrer que l'islam est porté à la violence? En son temps, Ernest Chenière a reçu des menaces de mort et il continue de vivre barricadé.  J'entendais ce matin qu'un chef d'établissement avait été menacé de mort par le père d'une jeune fille qui refusait d'enlever son abaya. (À l'école de la République, on préfère la mini jupe à la robe longue.) Tout ce que Gabriel Attal a   gagné en pondant sa circulaire risque fort de provoquer la mort d'un nouveau Samuel Paty. Tout cela pour se distinguer de son prédécesseur, marquer son territoire et se faire remarquer. L'opportunisme et le carriérisme n'ont décidément pas de limites. 

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