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samedi 28 janvier 2023

La femme enfant et l'éternel adolescent

Pendant ce temps-là, je lui faisais découvrir sainte Thérèse de Lisieux et sa "voie d'enfance". Mais elle n'en avait pas besoin pour ce qu'elle se proposait.

Bernanos dit (je crois que c'est dans "Monsieur Ouine") qu'il rêve que le petit garçon qu'il était vienne rechercher le défunt qu'il sera. Je n'aime pas du tout cette citation, car je pense qu'il faut que ce soit un autre qui vienne nous chercher. Même l'enfant que fut l'homme ne peut pas le justifier, car on ne peut pas se justifier soi-même.

Un roman japonais dont j'ai oublié le titre se termine par cette phrase pour conclure une histoire d'amour: "Finalement ils finirent par pleurer sur leurs enfances". Les plus belles histoires d'amour bien qu'elles puissent finir mal sont celles de deux enfances non guéries qui essaient de se marier, mais ne peuvent s'apparier, car elles ne sont pas les mêmes.

Mon père et moi aimions à nous répéter lorsque j'étais enfant: "On est pareils". Mais on n'était pas pareils, mon père n'était pas mon pair.

"Je ne crois pas qu'il y ait des hommes-enfants. Je crois qu'il y a des femmes-enfants (et je les aime) et en face des hommes qui sont d'éternels adolescents". J'ai saisi cette expression dans un film dont je ne me souviens plus du titre et où elle caractérisait Michel Blanc.

Baudlaire a écrit une horreur sur les femmes: "La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable". Ce que j'aime dans la femme-enfant, c'est son désir naturel de dominer. Et je l'ai saisi au naturel chez une petite fille (mon ancienne petite voisine de Paris, Eva) qui, lorsqu'elle avait deux ou trois ans, arrivait essoufflée au cinquième étage où elle habitait et moi aussi, et où elle disait à sa maman qui l'avait laissée piquer son sprint: "Je suis arrivée la première", et de taper des pieds de satisfaction mais sans chanter "nananère".

La femme-enfant n'est jamais une réelle insatisfaite comme j'ai connu une éternelle adolescente qui jouait à être adulte, mais qui était une amoureuse de l'amour qui n'avait jamais réussi à aimer, que rien ne pouvait jamais contenter. Je l'aimais physiquement, sans parvenir à l'estimer. Et pourtant cet amour m'a laissé une empreinte qui n'est pas tout à fait effacée. Car elle se réveillait avec l'idée que le centre du monde avait bien dormi et on avait envie de passer sa vie à l'entretenir dans cette illusion, tant c'était charmant et vide, tant c'était vide et charmant, mais était-ce si vain  

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