Pages

lundi 16 avril 2018

La fête à Macron pour la défaite de Macron


Macron a perdu, c’est entendu. Il a perdu son match de catch. Mais s'est-il révélé "fort et solide » ? Ceux qui disent qu’il s’est révélé « fort » et « solide » n’ont pas dû regarder la même interview-"débat démocratique" entre deux éditorialistes-"interviewers" et le président de la République. Je l'ai trouvé susceptible et vulnérable. C'est tout juste si JJ. Bourdin n'était pas tenté de lui dire, dans les premières minutes : "Emmanuel, calme-toi !" Il n'a ajouté "Macron" à « Emmanuel » qu'en s’apercevant de lui-même qu’il poussait la familiarité un peu trop loin.

 

Je sais gré au président de nous avoir offert cette forme modernisée de l'interview présidentielle. Un président n’affaiblit pas la fonction présidentielle en descendant dans l’arène au risque de se faire traiter en incipit par la vedette des matinales politiques d’» illusionniste [de] l’histoire ». Ces deux gérontes de Bourdin et Plenel dégagent un parfum de casseroles, mais ont de la bouteille.

 

Macron n'est pas arrivé à convaincre qu'il a ordonné cette frappe en Sirie sans enfreindre le droit international, qu'il combat Daech en combattant Bachar, qu'il n'est pas le président et l’ami des riches, et que sa politique est efficace.

 

Macron fait du Hollande au train de Sarkozy. Sa politique Canada Dry sent la réforme, a la couleur de la réforme, mais revient à Macron-Jupiter sans avoir accompli ses résultats. Les deux exemples du jour :

 

-           Sa ministre de l’enseignement supérieur promet que l’organisation des examens ne sera pas affectée par le blocage des universités, et Nanterre reporte son premier partiel.

 

- Macron et Philippe croient avoir évacué Notre-Dame-des-Landes, mais les zadistes qui partirent trois cents reviennent sept cents au cours du week-end.

 

Macron est payé par la France pour travailler contre la France sur ordre du peuple français, que personne n'a forcé à l'élire.

 

Macron est insaisissable comme Hollande et intéresse comme Sarkozy. Sa communication parie sur le mystère. Macron est charismatique, c'est-à-dire qu'il peut faire des miracles par hasard, sans être le dépositaire du pouvoir sacré. Moi qui ai toujours été légitimiste, mais qui doute de la légitimité de Macron et qui n'aime pas Macron, je mentirais si je disais qu’il ne m'intéresse pas. J'ai envie de savoir qui il est, même si je sais qu'il fera tout pour que je ne le sache pas et pour noyer le poisson, afin de rester le maître de la connaissance qu’on a de lui.  J'ai envie de savoir s'il est aussi cultivé qu'on le prétend et pourquoi un homme qui a déjà fait montre de tant de lacunes passe pour un enfant prodige. J’ai envie de comprendre pourquoi ce rhéteur qui réussit la captatio benevolentiae n'est pas un homme de bonne volonté. Ce monarque qui ne guérit pas les écrouelles, et qui ne cesse de pousser l'égocratie absolue jusqu'à dire "je (détermine la politique de la nation, en omni-président, et en infraction à l'article 20 de la Constitution, sans que Bayrou mon allié me désavoue en écrivant un livre contre moi, comme il l’a fait contre Sarkozy pour les mêmes raisons. » Cf. F. Bayrou, Abus de pouvoir, Plon), m'apparaît depuis son élection comme un méchant roi, le roi Turlubulu d'un conte que je ne parviens pas à retrouver. Cet élève mal fini chasse les élèves d'une école de l'Orne pour se faire interviewer dans une salle de classe vide. Ce président qui se rêvait comédien investit le théâtre national de Chaillot dont le public est interdit d’entrée pour jouer devant une salle vide. Les médias se gardent bien de commenter ces deux éléments de décor choisis par ce fou devenu roi. Drôle de complexé, qui se prend pour un homme doté de « pensée complexe" et joue la complexité du pouvoir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire