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jeudi 25 avril 2013

Mariage, mystique et signe...

Dialogue avec Alain Heim Voici la réaction de mon ami Alain Heim à la publication précédente : "salut Julien, je ne pense pas que pour l'Eglise le problème soit tant d'ordre anthropologique que mystique. Si l'on considère que le mariage soit d'abord le signe de l'alliance de Dieu avec les hommes, il présuppose l'altérité. Accepter que le mariage puisse concerner deux personnes de même sexe revient donc à en éliminer sa dimension mystique, ou alors il faudrait pouvoir distinguer un mariage purement religieux d'un "mariage généraliste" n'ayant pas de signification collective. Le vrai problème pour l'Eglise c'est d'attribuer une valeur de signe à un acte concernant des personnes ne le reconnaissant pas. Et la volonté du gouvernement rejoint pernicieusement cette problématique en cherchant à éliminer toute dimension de signe, d'où le conflit. Personnellement je reste assez optimiste quant à l'évolution des choses, c'est sûr que demain la loi sera votée, et quelque soit l'avis du Conseil Constitutionnel, l'Eglise gagnera en pertinence et en profondeur de vue. Les manifestants sincères ont bien compris que cette question touche à la crédibilité même de l'Evangile et ne peut en aucun cas donner lieu à une révolution violente. Si débordements il y a, ils sont certainement plus le fruit des pro-mariage gay pour qui il est vital de discréditer les croyants. Voilà mon avis!" Ma réponse : "A première lecture, je n'avais pas saisi la dimension de "signe" qui est la fine pointe de ta réaction. Je m'étais arrêté à la dimension mystique et me disais que la mystique et la politique ne font pas bon ménage. Il faut dire que, chaque fois que l'eglise parle du mariage (c'est vrai depuis saint-Paul), elle en parle comme d'un signe, d'une réalité figurative, transposition d'une union mystique dans la vie humaine. Le cal Vingt-trois lui-même a porté le débat sur le terrain anthropologique en disant que les différentes autorités religieuses du pays avaient refusé de faire "le front des religions" pour se cantonner à l'anthropologie. Donc ça allait dans mon sens. Concernant la réalité signifiante vécue par un signifiant que nous serions, je suis également perplexe sur la viabilité d'une telle dimension figurative, mais je ne suis vraiment pas"expert en incarnation". Là où je te suis en revanche (et le terrain institutionnel peut être celui du combat dans cette perspective), c'est que, pour notre civilisation penchant vers le nihilisme, rien ne fait plus sens, ni signe. Il s'en faut que nous n'ayons réputé la mort du signe après "la mort du sujet", "la mort de l'homme" (Michel foucault) et, bien sûr, la mort de dieu. Dans un tel contexte culturel, on ne peut se satisfaire de ce que le mariage soit un pur acte civil, car cela participerait à la subversion du signe et à la singerie générale, ce mariage-là étant la subversion d'une institution tournée en dérision. Oui, mais concrètement, que faire maintenant ? Et comment éliminer le problème du catalyseur par lequel on jugera socialement de cette révolte sociale ? 'est une question presque infinie, et la surchauffe ne fait rien pour la sérénitédes débats. Si j'essaie de clarifier cette question avec l'esprit de synthèse que je cherche à mettre dans tout problème ou discussion depuis l'école), il y a trois niveaux d'appréhension de ceproblème : un niveau politico-social, un niveau figuratif ou significatif, et un niveau mystique. La civilisation est au milieu, et ton avis tient ce milieu. Reste le politique et le personnel, ce dernier étant l'espace de l'homme, de l'homme qui ne peut plus se penser que comme individu, même et surtout dans les rapports sociaux. En simplifiant la question, on pourrait la formuler ainsi : comment s'adresser à l'individu contemporain, au sein d'une société qui favorise son individualisme, pour lui parler de civilisation ? Le défi n'est pas mince.

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