Du Croissant de lune:
Torrentiel!
L'éthymologie du mot "Islam" t'a un peu rebuté. Tu t'en es fais l'écho, la nuit où nous avions eu une belle et longue conversation. Je viens de découvrir que le sens du vocable a évolué, ou plus exactement, sa compréhension, ou la compréhension préférée a changé et change au cours du temps. Le terme suggère la paix ou bien l'apaisement. La racine "Salim" est la qualité de ce qui n'est pas hostile, ce qui est inoffensif ou bienfaisant. Une eau bonne à boire, ou un temps doux, ni chaud ni glacial, tout ça est "salim", de même qu'on dit "salim", ou sain, un corps en bonne santé ou un esprit sain et bénin. Le "musulman" est celui qui est ou fut rendu "salim" donc paisible à Dieu et à la parole transmise par ses envoyés. En fait, il suffirait qu'il l'écoute sans hostilité, sans raillerie et toxicité pour être déjà "musulman". Dans le sens strict du mot, il n'est pas besoin d'autre chose que de ne pas faire obstacle, ce qui veut dire, tout de même, entendre avec attention, puis réfléchir, relayer, transmettre en tout cas, se laisser impressioner par cette parole. Beaucoup d'autres acceptions, tout un dégradé. Est "salim" celui qui ne prête pas d'emblée aux autres des intentions mauvaises, qui ne soupçonne pas toujours le mal, qui, sans être naïf ou crédule, n'est pas tortueux, compliqué ou impénétrable dans sa conduite et ses projets, qu'il soit donc bienveillant. Est "salim" celui qu'on ne suplie pas en vain, ou qui n'est pas inexorable dans l'adversité.
Le même vocable "musulman" peut s'entendre envers Dieu, comme celui qui craint, se soumet, s'abandonne. Dans un contexte plus humain, ça peut aller jusqu'à celui qui se rend à la force ou qui livre ou laisse prendre quelque chose. On peut dire, qu'il est toujours " salim " pour quelqu'un, d'une certaine façon! Ce sont ces apréhensions et compréhensions-là, qui semble-t-il, ont été retenues, par les traducteurs, en langue Française. Ce ne serait encore qu'une traduction discutable, mais les Musulmans eux-mêmes, répèteraient comme convenu, ce genre de traduction, même en sachant l'Arabe! Cette traduction m'a toujours paru partielle, il aura fallu pourtant, que j'entende exposée cette affaire , par un autre, pour que je me rende compte de l'épaisseur du dilemme. La chose va même très loin, des Musulmans, concèdent, à force d'usage, que le Chrétien a la religion de paix, sous-entendu une sorte de monopole, il n'y a pas de vrais raisons! ça vient de loin, puisqu'on cite à cet effet, des auteurs contemporains de l'Espagne, qui disaient des Chrétiens Mozarabes, qu'ils ont une religion de paix, comme une belle musique. En fait, le propos de ces auteurs et chroniqueurs ne dut pas être, comme on l'imagine, de concéder tel monopole aux Chrétiens, je présume, que leur intention était d'en dire du bien, voire de prendre leur défense, des anti-racistes en quelque sorte, des gens soucieux de proumouvoir ou maintenir une situation de concorde et d'harmonie civile. Or, on a traduit les choses, dans notre esprit, d'une façon curieuse. Faut croire que ce qui est à l'un n'est pas à l'autre. Si le Chrétien a la paix, c'est que le Musulman en est dépourvu. Si le Musulman se voit atribué la tolérance, c'est que le Chrétien ne l'a pas. Curieuse chose, quand on y pense.
Je présume que le prophète, entendait plutôt les premières définitions, il devait lui suffire que l'auditoire l'écoute sans méchanceté ni contorsion, ce qu'il n'eut pas toujours! Souvent, l'hostilité, voire la raillerie et la médisance fut son lot. Le " musulman " ou le " salim " est celui qui l'écoute sans hostilité, le laisse finir son propos sans l'interrompre, sans chercher d'emblée la contradiction. Pourtant, la notion de soumission est bien contenue dans le Coran. Ibrahim fut soumis à Dieu, vraiment soumis, quand il obéit à l'ordre de mener son fils à une montagne éloignée, pour l'égorger en sacrifice. C'est que le vocable a bien, tout un dégradé et variété de sens, les traductions les plus courantes relèveraient, un peu, de l'arbitraire.
Depuis peu, j'ai appris, que la venue de notre prophète était annoncée délibérément dans un manuscrit de Quoumrân. C'est la venue d'Ahmed, omonymie de Mohamed, qui était prédite. C'est ce qui correspond à une ocurrence Coranique, dans les mêmes termes et substance. Or, cette prophétie, n'apparaît plus dans les Anciens Testaments les plus diffusés, par suite de mauvaise transmission, voire de falsification malveillante, qui sait? Faudra donc, Torrentiel, que tu trouves où nous loger dans tes constructions géométriques, pas question de dire que tu ne sais pas quoi faire de moi!
Je suis en train de bouquiner, sur la bibliothèque Hélène, un livre d'Eric Stemmlin, un historique, " La religion des seigneurs. ". Ce livre n'es pas très " salim ", il est anti-clérical, peut-être même anti-Chrétien! Pire que la sorcière de Michelet. Il souligne des co-rélations, en effet, frappantes, entre la Christianisation de l'Empire Romain et certaines mutations socio-économiques d'importance. Malheureusement, certains éléments semblent indiscutables, comme l'usage de persuasion et de force pour convertir l'empire, et l'érection d'une situation préféodale. Ces choses, je les savais déjà, plus ou moins. Il y a en revanche, que les pères de l'église, présentés par cet auteur, ne sont pas si aimables! La vie personelle d'Augustin d'Hipone, laisse à désirer, lui, qui tempêtait et prêchait tant la continence et la fidélité! L'auteur ne flatte pas non plus l'apôtre Paul et déconstruit le récit qu'il dit légendaire, touchant aux persécutions Chrétiennes. Jusque-là, je peux l'admettre, mais il va jusqu'à mettre en cause le nouveau testament en lui-même. Je vais donc, lire l'évangile, savoir lequel. Une fois, j'en ai commencé un, mais la naissance de Jésus n'y figurait pas, alors que je voulais le récit de toute sa vie. Enfin, du bouqin de Stemmlin, et d'après ce que je savais ou pressentais déjà, l'apolitisme Chrétien est une notion qui se discute. Faudrait la définir. Puis, qu'en serait-il, si vraiment le phénomène Chrétien, fût resté apolitique? eût-il été si preignant? Sa propagation eût-elle eu même force et ampleur, sans le concours des empereurs Chrétiens? Dieu en sait plus long là-dessus.
Pourquoi vais-je chercher toutes ces choses? Haine, ressentiment? Possible, je ne suis pas parfait! Mais c'est aussi que ma Nation, subit sans cesse une hostilité dialectique certaine. Alors, je me fortifie de tout argument que je peux trouver. Ce sont des assauts et rodomontades, mais en plus, je cherche à savoir, si ma Nation est répréhensible autrement que pour son état de faiblesse, ce qui est le reproche, après tout, le plus grave, qu'on puisse lui adresser. Nos errances et dérives intrinsèques, moins importantes qu'on ne l'affirme par ailleurs, sont plus le fruit que la cause de notre état et sort ammaigri et chétis d'à-présent!
Parlons de ta Nation à toi, qui est aussi la mienne, jusqu'à un certain point. Elle souffre et pas qu'un peu! Son avenir économique et matériel est angoissant! Sais-tu Torrentiel, que le bois et même la pierre quitte la France? Au port du Havre, on charge à pleins bâteaux de pierres de ccarrière pour la Chine, puisqu'ils n'en ont pas. Les scieries ont du mal à trouver du bois d'oeuvre, lequel est préhempté par les Asiatiques, qui chez eux, n'en ont pas de pareils! Une secrétaire de scierie, que je soignes, m'apprend qu'ils sont concurrencés mortellement, tant dans la vente de leur production qu'à l'achat des matières premières. Faut absolument lire Emmanuel Todd, suivre ses activités et démarches, savoir quel sera son candidat préféré aux prochaines! Son genre de sollution s'impose, et, pour reprendre un ténor Gauliste, Coup de Murville, " L'impatience est une vertu patriotique. " Emmanuel Todd est à l'univers de l'économie politique ce que Michel Onfray est dans d'autres domaines, un briseur d'idoles, un déconstructeur de dogmes. Découvres donc Emmanuel Todd, je suis bien sûr, qu'alors, tu en feras la promotion autour de toi! Après l'avoir lu sur Hélène, j'en ai acheté deux exemplaires à notre libraire, un que j'ofre, l'autre que nous gardons pour le prêter et le faire circuler. Fin noovembre, j'étais en stage, à Paris, j'en ai parlé autour de moi, ici, un de mes patients se l'est déjà procuré. La France souffre trop, il faut faire quelque-chose, ou bien, qu'on ne s'étonne pas s'il en résulte des processus ethnico-raciaux voire confessionels, qui ne sont pour l'instant, qu'à peine à l'état d'ébauche, puis qu'on ne s'étonne pas, s'il advient que prenne fin, cette situation exceptionelle qu'on nomme " démocratie ". Rapport à l'identité, j'en parlerais plus une autre fois. Saches seulement déjà, que je vois mal comment des millions d'individus seuls, désoeuvrés et anxieux, comment ces gens pourraient se sentir être, se sentir propriétaires d'une identité forte. La solitude, l'isolement, le désoeuvrement, la paupérisation croissante, une forte anxiété, les gens ne savent plus qui ils sont! On est bien d'accord que les voies économiques ne font pas tout. Enfin quand-même, ça peut faire beaucoup. Il faut du pain spirituel pour produire du pain de farine, sans doute, mais il faut aussi du pain et du travail, pour qu'il y ait lieu de partager le pain de l'esprit! Ces multitudes de chômeurs, souvent seuls, dépendant des autres, sont dans un trouble identitaire qui peut se concevoir. C'en est au point que la simple question " Qu'est-ce que vous faites comme travail "? on hésite à la poser, maintenant, pour ne pas désobliger, éventuellement son vis-à-vis. Un travail quotidien et nourricier, n'est-ce pas une grande partie de l'identité? La problématique serait-elle si importante sans cet état de marasme? La plupart des gens ont besoin de ces choses-là, dans leur vie et la représentation qu'ils ont ou se font d'eux-mêmes. Qu'un régime économique pourvoie d'une manière ou d'une autre à ces carences, et on se poserait moins de questions d'identité, ou au moins, elles ne seraient plus l'affaire d'un gouvernement. Enfin, si tu aimes la France, découvre Emmanuel Todd, et fais-le connaître autour de toi. Si Dieu veut que ces idées et projets se trouvent exposés sur le devant de la scène, alors la France se remettrait à vivre et à espérer. Sois donc sain et " salim ".
Te laissant à tes durs travaux,
ton croissant de lune sain et appaisé.
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