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jeudi 1 mars 2018

Un mot sur Nietzsche par un ultra non spécialiste

Un mot sur Nietzsche, posté à l'instant sur le mur de mon amie #CatherineMagondelaGiclay:
Nietzsche est un très grand exemple de témérité. Là où Freud se bornait à croire qu'un meurtre collectif avait été commis par la horde primitive qui devait le payer (parfait recyclage de notre péché originel), et que la dette (Schuld) est au commencement de la vie, Nietzsche scalpe l'héritage judéo-chrétien (et surtout protestant), avance que la cruauté est à l'origine du sentiment de la faute, cruauté de l'offensé dont l'offense ne pourra être réparée, et, refusant de dire que "le moi est haïssable" à l'exemple de Pascal, émet l'hypothèse philologique que les Goths ont appelé Dieu goth pour mieux s'autodiviniser. C'est peut-être de l'orgueuil, mais c'est surtout du culot, et c'est même un sacré culot.
Nietzsche a cherché à en perdre la raison. Il a cherché à la racine sans se fonder sur le lien qu'il croyait avoir avec la racine. Il a cherché jusqu'au risque mental. Il a fait avant qu'il existât et plus intensément que lui l'effort qu'Antoine Roquentin n'a vécu que comme une angoisse existentielle dans La nausée de Sartre: il a dénoué le lien du tronc noueux à la racine et de l'arbre avec la terre. C'est peut-être très orgueuilleux, mais c'est surtout remarquable et bien plus que de la poésie, même si Nietzsche assimilait toute philosophie à de la poésie.

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