Je
me demande pourquoi l’Occident lie à ce point la mort à la maternité. Il y a
peut-être deux raisons à cela. La première est qu’il a lié son destin au
christianisme pardonneur. Or le pardon est une réversibilité du don. Le don est
réversible. Donc le don de la mort peut parfaitement succéder au don de la vie,
le don de la vie est réversible, permettant à Heidegger de dire que la femme
enfante un être-pour-la-mort.
D’autre part, le christianisme et l’Occident considèrent paradoxalement
la mort comme un acte de génération : la mort est engendrée. Elle est
engendrée par le péché. Seul l’Inengendré,
ou plutôt l’Engendré non pas créé, est contraire
à la mort. La mort est engendrée, le péché donne la mort, donc la mort est
contenue dans la génération, et y est contenue au point que celle qui donne la vie
est désignée au premier chef comme celle qui donne la mort, étant celle qui
induit au péché.
Au contraire, dans les cultures naturalistes, la mère est
désignée comme celle qui donne la vie. La mère donne la vie sans être l’organe
de la vie. Le père, qui est cet organe, projette la vie comme il peut projeter
la mort. La mère donne la vie et le père donne la mort. La vie et la mort ne procèdent
pas d’un seul et même engendrement. Ils contiennent la même puissance, mais
seule la vie est un acte de génération : la vie est un engendrement et la
mort une puissance. La mère donne la vie et, par le même acte de puissance où
il l’a assistée en lui donnant le sperme, influx de vie, l’homme dans le père
ou le père dans l’homme peut poser l’acte de puissance de donner la mort comme
il a puissamment contribué au don de la vie. La vie est un acte de génération
et la mort un acte de puissance.
La vie est une offrande et la mort est un meurtre. Le
baptême plonge simultanément le chrétien dans l’offrande et dans le meurtre,
qui n’est plus qualifié comme tel. Si la mort est une génération, elle n’est
plus un scandale.
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