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lundi 20 février 2023

Où en est le synode?


https://www.youtube.com/watch?v=dGvL8JDZSdg


"À quoi est censée s'opposer une Église synodale? ", interroge Philipe Maxence. Il me semble que c'est à une Église pyramidale. Et la même question peut être posée sur la mise en avant tout à fait disproportionnée du mot de "cléricalisme". À quoi s'oppose le cléricalisme? Au "laïcardisme"? Il peut naturellement y avoir une corruption ou un exercice abusif du pouvoir clérical et pyramidal. L'Église catholique n'en reste pas moins une triple pyramide:


-Elle nous raconte l'histoire dans laquelle nous sommes inscrits depuis la Création du monde jusqu'à l'Apocalypse.


-Elle relie entre eux les vivants et les morts.


-De la base au sommet, du simple laïc au pape, l'Église est une société sacrée, donc hiérarchique ou hiérarchisée, question d'étymologie.


Qu'y a-t-il de plus savamment construit qu'une pyramide? Et nous voudrions contester exagérément cette merveille conjointement inventée par l'esprit humain et par l'Esprit saint parce qu'il y a des abus de pouvoir? Mais quand il ne reste plus que du pouvoir à partager, on peut craindre pour l'avenir de l'institution. 


Institution ô combien ferment de civilisation. J'aime à dire pour m'opposer à l'esprit du temps que je me sens souvent plus catholique que chrétien. Chrétien, il m'arrive d'avoir des doutes, y compris sur la personne du Christ. Mais catholique, je crois avec l'Église et cette foi me protège, m'empêche de désespérer ou de trébucher dans mon espérance et me fait continuer d'avancer.


Les évangéliques attaquent souvent l'esprit de religion. Ils se trompent. Quand François a accédé au souverain pontificat,  je voulais croire en sa promesse d'un "catholicisme évangélique": cela vaut bien les promesses du renouveau charismatique qui sont en train de faire "pchit". Certes, le pape est plein d'Evangile et ses commentaires quotidiens de l'Evangile sont très riches. Cela a été ma découverte du confinement. Mais la limite du catholicisme évangélique pris au sens confessionnel est de s'opposer à cet esprit de religion qui nous tient ensemble (à défaut de nous faire toujours "marcher ensemble".)


"Le seul qui ne partage pas son pouvoir et ne le soumet pas à la synodalité est François", note l'abbé Célier. Extérieurement c'est sans doute vrai. C'est du reste une des surprises du pontificat dont la première allocution avait semblé dégrader le ministère pétrinien au rang d'épiscopat de la ville de Rome, qui n'est plus la ville-monde. François avait semblé vouloir oublier la fonction pontificale, mais il aime faire le pape. 


Voilà pour l'extérieur. Mais son premier article à la "Civita catholica" avait relevé ce que le livre de Jean-Pierre Moreau édité par "Renaissance catholique" dénonce en termes polémiques: le pape voudrait transférer son infaillibilité au "sensusfidei" du peuple catholique au nom de sa "théologie du peuple" qui ne me paraît pas être un prolongement de la théologie de la libération, car le péronisme était un conservatisme. Ce transfert de l'infaillibilité du pape au peuple de Dieu me paraît être le sens profond de la synodalité appelée de ses voeux par François.


Les extraits lus dans cette émission montrent que le synode est écrit en galimatias. Et il y a comme le dit l'abbé Benoît un "nombrilisme" de "l'Eglise qui se regarde faire Eglise"d'autant plus mal venu quand on déplore "l'autoréférentialité" d'une Église qui cesse par là même d'être christocentrique, comme le lui demandait Benoît XVI, qui a remis le Christ au centre de l'Eglise comme François essaie de remettre l'Evangile au centre de sa démarche. 


Mais il n'y a de "conversion" qu'au Christ et certainement pas de "conversion écologique" qui est un renversement de perspective, ou de "conversion vers une Eglise synodale."L'Eglise est le moyen et non le but et je n'irais pas jusqu'à invoquer ici l'adage ignatien selon lequel les moyens sont indifférents...


J'entends bien qu'on ne parle pas du salut dans le document du synode continental, mais je veux croire qu'il est induit et penser que le reproche est caricatural. Pourtant ce que pointe le P. J.F. Thomas le fonde: "les points essentiels qui sont constamment relvés [dans ce document] ne ressortissent pas à la vie spirituelle: c'est le cléricalisme, la place des femmes, le sexisme, la tension global-local, la transparence, la formation à la synodalité. On ne parle pas ici de problèmes théologiques, pas de spiritualité, pas de mission et pas d'annonce du salut." 


Les trois premiers thèmes énumérés me font dire que l'Eglise a toujours épousé les valeurs bourgeoises de son temps alors qu'elle ne devrait pas être mondaine. Mais ce faisant elle  a toujours été en retard d'une guerre. Le féminisme et l'écologisme sont devenus tellement outranciers qu'ils ne peuvent être que sur le déclin.


Cela dit, le moderne que je suis malgré tout (un moderne qui voudrait garder la foi du charbonnier), considère comme un progrès l'insistance mise sur l'universalité du salut et que la ligne de partage se soit déplacée, dans l'interprétation de la parabole de l'ivraie et du bon grain, pour dire qu'une personne n'est jamais totalement de l'ivraie ou du bon grain, mais que ce champ mêlé, c'est la personne elle-même qui, tout en les laissant grandir ensemble de peur de tout arracher ou d'éteindre la mèche qui brûle encore, doit cultiver son champ de manière à brûler les germes de zizanie qu'est l'ivraie et cultiver le bon grain pour donner "trente, cinquante et cent" épis "pour un" germe. 

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