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mardi 26 avril 2022

Macron ou le désordre du monde

    Macron est le garant d'un ordre du monde en désordre, d'un monde en déconstruction, où il n'y a plus ni hommes ni femmes, où les esclaves sont libres par procuration d'émancipation utopique, optative ou espérée, où les écoliers sont conduits par un algorithme au choix de leur orientation professionnelle (cf. Parcoursup), où les valeurs humaines sont portées par un homme-machine, le président, qui n'est pas dénué de compétence dans son domaine de gouvernance surveillée (et là je ne parle pas de la surveillance qu'il exerce sur ses concitoyens, mais de celle qu'exerce sur lui ce que sous Trump on appelait l'Etat profond.


En République où s'exerce une démocratie au scrutin majoritaire à deux tours sans que le nombre en soit impair ou premier, il n'y a pas de place pour trois,  seulement pour deux. Tant que la politique était saine et marchait sur ses deux jambes, il y avait une droite et une gauche. Mais depuis quarante ans, la dynastie Le Pen s'est octroyée une rente politique en s'arrogeant un monopole sur le nationalisme qu'elle présente sous des traits fâcheux qui l'ont fait entrer dans une impasse. Voyant que l'aile centriste ne pouvait se débarrasser de ce tiers excluant qui devenait le pôle négatif du duopole, le centre s'est réuni contre ce pôle négatif et puisque ce parti familial ne veut pas mourir, on déplore la mort des partis traditionnels qui nous servaient de jambe droite et de jambe gauche.


Mélenchon voudrait bien ranimer la flamme de la gauche, mais il y a un pragmatisme de l'état de grâce et malgré ses coups de menton, cet éternel candidat à la Vième République n'a pas installé assez tôt ce rêve  d'une République parlementaire et d'un gouvernement qui en serait issu pour l'installer et le faire lever. Il a préféré l'excitation de la présidentielle à enraciner un projet de cohabitation pouvant ressusciter la gauche plurielle à laquelle seul Lionel Jospin reste fidèle: ce n'est pas François Hollande qui aurait donné acte au leader de la France insoumise d'être le chef naturel de la gauche en décomposition et en mal de coalition.


tout à son triomphe modeste (il ne nous en avait pas donné l'habitude), le président ripoliné nous dit que cette élection l'"oblige". Chirac nous racontait la même baliverne en 2002, il prétendait même nommer un "gouvernement de mission", et Jean-Pierre Raffarin sortit de son chapeau, qui prépara l'acte II de la décentralisation de la France, laquelle acheva de faire de la province un désert médical et culturel aux routes cabossées et aux promesses jamais tenues de dotation territoriales à la hauteur des nouvelles compétences des soi-disants"territoires, terme bien féodal, que Macron appauvrit encore en les privant de taxe d'habitation sans jamais parler de renoncer pour sa part à la TVA ou de remplir le panier de la ménagère de produits de première nécessité car Macron est chiche et nous en sommes pois chiches.


Macron fait-il le poids en politique internationale? A la veille du second tour, "le Monde" jouait sur les peurs et son directeur nous serinait que le pays était en danger de clanisme et de ne pouvoir relever les défis climatique ou géopolitique. Le défi climatique? Mon climato-scepticisme naturel demande à le voir. Mais Macron est-il à la hauteur du défi géopolitique ? Favorise-t-il la désescalade pour qu'on n'arrive pas à une troisième guerre mondiale d'autant plus intraitable qu'elle ne résistera pas au feu nucléaire et qu'on n'est plus en mesure de traîner notre  complexe munichois face à une puissance nucléaire. Pourquoi Macron déplace-t-il des réfugiés ukrainiens dans des pays d'Europe aussi éloignés que le nôtre ou des pays latins comme l'Espagne ou l'Italie) où ces Russes ou ces Slaves mal occidentalisés  n'ont aucun avenir et où l'on sent qu'ils sont là pour rester? J'en parle à mon aise: mon immeuble, vide pendant cinq ans, vient d'être peuplé de réfugiés ukrainiens et on menace de me déloger pour le rénover une fois que les Ukrainiens seront partis, me dit-on. Les Ukrainiens ne partiront pas, mais moi, je devrais partir en n'ayant aucun impayé de loyer. Comment doit-on vivre ce grand déménagement du monde ou ce grand remplacement quand on est aux premières loges? Macron lest le garant d'un ordre du monde en désordre. 

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