Pages

jeudi 11 juin 2015

Le pseudo-catholicisme du docteur Carriger

J'ai peur que ceux qui défendent Vincent Lambert aiment trop les combats perdus.  Et que perdre ce combat  ne les conforte dans leur dégoût du monde actuel. Or quelle que soit leur vision du monde, ils n'ont pas le droit de le perdre.  Quoi qu'il arrive, ils auront été du bon côté mais ils n'ont pas le droit de s'en satisfaire. .
S'il se produisait, l'arrêt des soins prodigués à Vincent Lambert serait un crime d'Etat cautionné par la Cour européenne des droits de l'homme qui n'aura plus qu'à déchirer sa Convention, mais avant tout  commandité par un pseudo-catholique.
Le parti de la mort, à l'existence duquel je finis par me rendre, ne pouvait rêver meilleur allié. Avec des catholiques comme le dr Carriger, on n'a plus besoin d'ennemis. Mais quel est le ressort profond qui rend ce médecin allergique au catholicisme conservateur auquel son militantisme politique au parti chrétien démocrate le rattache,  comme son propre modèle de vie familial? Est-il infiltré dans l'Eglise? A-t-il une double vie spirituelle? Peu importe.
Ce qui compte, c'est de pointer où se situe son ereur, qu'elle soit ou non commise de bonne foi, ce qui paraît  quasiment  impossible compte tenu de la qualité du sujet, dont la dépenddance aux médias est telle qu'il avait promis de ne pas commenter la décision de la CEDH pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, et n'a pu s'empêcher de manquer à sa parole à peine une heure après que la Cour avait rendu son arêt.
Mais où se situe l'erreur du dr Carriger? Dans la définition qu'il donne de la vie: pour lui, la vie n'est pas d'abord l'expression d'une conscience individuelle qui peu à peu découvre l'autre, mais la vie est relation.
Je le soupçonne de transposer dans la nature l'idéal d'union trinitaire qui conduit la vie de la grâce. La naturalisation de ce que nous n'atteignons que par la Grâce, une vie qui sort de notre individualité ou de notre égotisme primaire pour n'exister que dans la relation qu'elle rend première et nécessaire, est  une nouvelle "idée chrétienne devenue folle". Folle à l'exemple de la "théologie du mariage" expliquant que le mariage crée un ménage à trois où il y a toi, moi et la relation, et donc l'entité que nous formons du fait de notre relation, un "toi-et-moi" qui précède le "toi" et le "moi" qui doivent librement renouveler leur engagement l'un vis-à-vis de l'autre, dans la conscience du vis-à-vis,d ans la construction de la relation. Et si tel est le cas, c'est peut-être que l'union trinitaire n'est ele-même pas immédiate, mais relève d'un processus d'engendrement et de reconnaissance éternelle. Mais l'éternité d'une telle Vie n'est pas transposable dans l'ordre temporel.
L'erreur du docteur Carriger est d'opérer cette transposition. C'est l'erreur invers de celle de Sartre qui est de tellement privilégier la distance sur le miracle de la rencontre  qui devient  relation que, dans le huis clos qui risque d'être un cloaque des regards, immédiatement, "l'enfer c'est les autres", ce qui peut se corriger ultérieurement dans une relation qui évolue bien et cale ses regards pour qu'ils ne possèdent, n'enferment ni ne figent l'autre. L'erreur du dr Carriger est de vouloir éliminer la vie si le miracle de la relation ne se produit pas. C'est l'erreur confusionniste de quelqu'un qui croit que la vie est fusionnelle, ou bien elle ne vaut pas la peine d'être vécue. Je le soupçonne tout à fait gratuitement d'avoir raté son couple fusionnel et de ne  pas permettre la fusion de sa mère avec Vincent Lambert. Je le soupçonne d'avoir raté là où Sartre et Simone de Beauvoir ont rréussi. Mais eux assumaient de ne pas être catholiques, le dr Carriger s'effondrerait si on lui contestait cette qualité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire