Pages

jeudi 22 août 2024

La campagne états-unienne ou la revanche des Gilets jaunes

https://www.youtube.com/watch?v=45LnaP6x3QU

Je ne m'attendais pas à m'intéresser autant à la campagne électorale américaine pour l'élection présidentielle de novembre prochain. En 2008, je me suis dit qu'on avait tort d'assimiler Obama au messie du seul fait de sa couleur de peau. J'ai relativement aimé ce président dont j'ai lu le discours du Caire qui devait rebattre les cartes de la politique internationale américaine, mais l'a fait de façon molassonne sans briser l'atlantisme. Le retournement sudiste et isolationniste d'Obama en Trump m'a surpris, mais j'étais de ceux qui étaient persuadés que Trump pouvait gagner les primaires républicaines et l'élection présidentielle américaine. Je ne comprenais pas la morgue des experts autoproclamés de l'Amérique comme Christine Ockrent ou Anne Sinclair qui le niaient farouchement à force de ne pas vouloir y croire. Je n'ai jamais été un trumpiste à la Evelyne Joslin, mais je comprenais avec Jean-Eric Brana de quoi Trump était le nom. Si on veut le résumer d'un mot anachronique ou rétrospectif, on pourrait dire que trump était le candidat du "sanglot de l'homme blanc" ou de l'anti-wokisme (le mot n'existait pas encore). Comme me l'a fait comprendre un ami, il était le candidat du refus du mépris d'un électorat qui, toutes choses égales par ailleurs, ressemblait à l'électorat lepéniste en France.

Le quadrennat de Trump a mis tellement l'Amérique sur les genoux en faisant s'ébranler le monde sur ses bases bipolaires, ce qui était plutôt une bonne chose, que l'Amérique n'a pas eu d'autre ressource que de s'appuyer sur le vieux Joe Biden, recru d'âge et d'épreuves, sans solidité visionnaire ou idéologique et sans autre motivation qu'une certaine volonté d'empêcher que le monde ne se défasse, la même qui animait Jacques Chira président, AVC et absences comprises. À l'issue de son débat pas tant manqué que ça avec Donald Trump, il était prévisible que les rats quittent le navire et prient poliment Joe Biden de ne pas se représenter. C'était au départ le ticket conclu avec Kamala Haris: Joe Biden ne devait faire qu'un mandat. Il s'y résigna pesamment et y mit le temps, mais il débérrassa le prochain plancher, ouvrant la voie à Kamala Haris, qui fit un premier bon choix en la personne de son vice-président putatif, Tim Walz, qu'on définit comme un bon voisin se sentant responsable de ceux qui ne pensent pas comme lui comme de ceux qui partagent ses options et qui, dans son discours d'hier soir à la convention démocrate, sut exprimer l'origine de son dévouement et de son engagement dans la garde nationale comme on se fait ici pompier volontaire, ce qu'avait de terrible l'épreuve de l'infertilité qui,quand il la surmonta, lui fit appeler sa fille Hope, tout un programme!, et qui mit enfin en avant son passé de coach de football: "Nous avons toute la mort pour dormir, réveillons-nous et rendons à ce pays son génie pour tourner définitivement le dos à Donald Trump."

Kamala Haris, la brahamane noire, se définit quant à elle comme une candidate issue de la classe moyenne s'offrant à faire une politique favorable à la classe moyenne, quand notre président à nous, Emmanuel Macron, plancha auprès du groupe de Bilderberg pour expliquer, avec l'augmentation de la masse numéraire, qu'il n'était plus possible de répondre favorablement aux revendications de la classe moyenne. L'énergie et le renouveau sont du côté des candidats démocrates. J'espère qu'ils gagneront. Et comme on dit souvent que la France vit quinze ou vingt ans plus tard ce qui se passe en Amérique, j'espère que ce renouveau gagnera la France et que ça ne prendra pas vingt ans. J'espère qu'on en finira avec Macron, ce représentant de la bourgeoisie décadente qui ne peut se résoudre qu'à cohabiter avec lui-même et la part sombre de son "en même temps"; mais aussi avec une Marine Le Pen qui a fait sa fortune, dans le sillage de son père, de n'avoir que l'insécurité et l'inéluctable ou la providentielle immigration à dénoncer sans rien de positif à proposer; avec une droite intéressée à conforter imperturbablement la rente des épargnants relativement bien nés; ou avec un Jean-Luc Mélenchon, espèce d'humaniste aboyeur qui prône violemment la non violence des rapports sociaux. J'espère que se révélera chez nous aussi, trop longtemps après l'appel des Gilets jaunes, un candidat de la classe moyenne pour la classe moyenne, pour que cesse le déclin de cette classe et sa paupérisation rampante en classe moyenne inférieure et pour qu'elle soit enfin récompensée d'être gentille, de faire partie de ces gens dévoués qui tiennent le pays.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire