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lundi 4 décembre 2023

Bertrand Vergely et "la puissance de l'âme"

Les élèves du lycée de Vendôme auxquels Bertrand Vergely était venu parler de l’âme n’avaient jamais entendu prononcer le mot d’ »âme ». Pour ma part, la première personne à m’avoir parlé de l’âme et m’y avoir sensibilisé est mademoiselle Berthe, ma maîtresse du jardin d’enfants et de CP. Elle nous disait qu’il n’y avait pas seulement le corps, mais que l’âme était comme un halo. Elle n’employait pas ce mot, peut-être parlait-elle plutôt de l’âme comme d’une espèce de robe du corps. Ce qui est drôle bien qu’anecdotique, c’est qu’elle fut la première aussi, en s’émouvant de la mort de Paul VI, à nous apprendre que nous avions une âme et que nous avions un pape. Je sentis immédiatement la vérité de l’âme sans comprendre spontanément l’utilité du pape…

 

Plus tard, je fus incommodé par le dualisme de saint Paul parlant de « la chair » et de « ’ esprit » que je confondais assez naturellement avec le corps et l’âme. Je trouvais une première respiration en classe de philo, dans la pensée de Descartes parlant de l’union de l’âme et du corps.

 

L’existence du livre de Laura Bossi, Histoire naturelle de l’âme, qui me fut révélée dans une émission For intérieur d’Olivier Germain-Thomas, me rassura sur le fait qu’il n’était pas nécessaire de renoncer à être matérialiste pour être spirituel. Au contraire, « tout ce qui est réel contient du spirituel et tout ce qui est spirituel est réel. C’est comme la lumière qui est à la fois corpusculaire et ondulatoire. Tout ce qui vit pense et tout ce qui pense vit, il faut faire vivre l’existence. » (Bertrand Vergely, BV) « Cest tout un que de vivre et de penser », disait Parménide. Penser, c’est savourer et découvrir la chair des choses. » (BV)

 

Platon fait l’unité du matériel et du spirituel en rejoignant Parménide et décrivant l’existence d’une « âme appétive, sensitive et spirituelle » et Bertrand Vergely rejoint Platon quand il fait émerger l’âme de la sensibilité. « L’émotion est le moteur, le moteur se transforme en sensibilité, la sensibilité va dans l’intimité, l’intimité nous amène dans le cœur, où l’âme apparaît à travers une série de transformations. La transcendance de l’âme lui permet de nous faire percevoir l’immortalité. « L’âme, c’est Dieu en l’homme », idée qui radicalise l’intuition d’Elisabeth de la Trinité qui s’exclame : « Je crois que j’ai trouvé mon ciel sur la terre, car le ciel c’est Dieu et Dieu est dans mon âme. »

 

« Dieu ne sortira pas de nous pour nous faire face » (Isabelle Prêtre) et nous ne verrons le visage du Christ qu’en tant qu’il est le Fils. « Mais comme Dieu est en nous, nous sommes dans le cœur de Dieu et non en face deLui. »

 

L'âme vivante se rencontre dans la sensibilité et se réfléchit au moyen des sens. La dynamique des sens permet de passer de l'extériorité vers l'intériorité. La sensualité est un plaisir qui commence sexuellement et s'affine pour passer de la sensualité aux sens à partir de notre corps de plaisir qui se spécifie dans sa relation au monde, corps d'un "moi" qui peux toucher parce que je peux être touché.

 

« La satisfaction est la fin d’un manque. Ëtre prêt à vivre, c’est le début d’une aventure. » (BV)

L’âme n’est pas dans le corps, mais le corps est dans l’âme, car l’esprit est le « cœur profond » comme le dit Simone Pacaut dans l’Évangélisation des profondeurs.  

 

Il est fascinant de se voir devenir insensible et totalement indifférent. C’est l’expérience que fait l’Étranger de Camus ou du sujet de la Vie sexuelle de Catherine Millet. Et c’est le démoniaque, dont la possession est une dépossession dont on ne peut plus se déposséder, au contraire du diabolique qui est une emprise dont on ne veut pas se déprendre, au risque d’y « perdre son âme ». Pour la retrouver, il faut passer par la volonté qui est un exorcisme personnel ; l’épreuve de la correction fraternelle qui est la catharsis et l’intelligence qui permet de passer de l’émotion au langage sur l’émotion.

 

L’expulsion de sa mauvaise part est « le deuil d’une absente » (Marie-Odile Lazareff), mais on est sauvé quand on entre dans le langage.

 

Tout être vivant connaît le combat intérieur. Mais on peut sortir vivant ds émotions qui nous dévorent en inspectant ses émotions avec son âme et en trouvant à l’intérieur des éléments positif pour pouvoir se construire. Il faut pouvoir transformer ses opposés en plénitude. 

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