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mercredi 16 novembre 2022

La bouffée anti-épiscopale

« L’Église demeure la seule institution qui assume sa responsabilité systémique dans les abus sexuels » (la-croix.com)


Qu'on se le dise, "aucun sacrement n'empêche de pécher." Aller à la messe ne fait pas de vous un saint de vitrail ni chanter la liturgie des heures ne présuppose que vous êtes un ange. Se confesser devrait engager davantage.


"Qu’on puisse attendre l’exemplarité des hiérarques, certes. Mais qu’on se scandalise qu’il n’en soit pas ainsi, c’est faire preuve d’un angélisme naïf qui passe par pertes et profits deux mille ans d’histoire, et qui estime que le présent et le futur ne verront jamais se reproduire les hontes passées."  Ca fait du bien de l'entendre.


"Que ces affaires remettent en cause l’attachement à l’Église, l’historien ne peut que l’entendre et le constater. " Mais l'attachement à l'Eglise ne devrait pas se confondre avec la conservation ou la perte de la foi. Or il me semble qu'à l'occasion de cette crise, beaucoup mettent leur foi dans la balance. Elle manque de solidité si elle tient à si peu que le péché des puissants et des hommes sur lesquels le psalmiste nous avertit qu'il ne faut pas compter. Et si la foi manque de solidité, c'est qu'elle ne vacille pas assez, comme ferait le roseau qui plie mais ne rompt pas. La maison fidéiste semble avoir été bâtie sur le sable des structures ecclésiales et non sur le roc du Christ tête.


Je ne peux que me désolidariser de la "bouffée anti-épiscopale" actuelle. Je suis de ceux qui reprochent aux traditionalistes de se rêver catholiques sans se vouloir apostoliques. L'orthodoxie dogmatique des catholiques mainstream est plus flottante, mais s'ils cessent en plus d'être apostoliques, que restera-t-il d'eux?  Car ils n'ont pas combattu comme Jeanne d'Arc pour dire: "Évêque, c'est par toi que je meurs." Ils n'ont pas dénoncé des évêques qui leur débitaient de la mauvaise sociologie à longueur de communiqués au lieu de parler du ciel à leurs âmes qui n'avaient pas soif de théologie fondamentale. Qu'on appelle ça sécularisation ou d'un autre nom, on voit le résultat et il est désolant pour parler comme les exercices spirituels, c'est-à-dire qu'il est affligeant.


Car si encore les laïcs se distinguaient de leurs clercs en ce qu'ils n'abusent jamais personne! Mais si sujet à caution statistique soient-ils, les chiffres de la CIASE parlent d'un tiers des abus commis par des laïcs en responsabilité dans l'Église. Cela n'est jamais évoqué, car cela ne permet plus de dénoncer le cléricalisme. Or "le cléricalisme, voilà l'ennemi!" comme dirait François-Gambetta. En l'occurrence, le cléricalisme n'est pas le sujet principal et si l'Église a une responsabilité institutionnelle dans ces scandales, c'est moins parce qu'elle ne les dénonce pas devant les tribunaux civils que parce qu'elle les permet, en demandant à des hommes, ses clercs, de se soumettre à une discipline impraticable. 


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