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mardi 22 novembre 2022

Gad elmaleh n'est pas une prise de guerre

Le problème d'une conversion, c'est l'effet prise de guerre. Gad Elmaleh n'y résiste pas mal.

Dans la littérature, Gide a mis en scène cet effet prise de guerre à travers le personnage d'Enthime Armand-Dubois dans "les Caves du Vatican", qui reprenait sans doute l'affaire Léo Taxil.

Une conversion contemporaine spectaculaire est celle de Véronique Lévy, la soeur de Bernard-Henri Lévy, qui résiste si peu à l'effet prise de guerre qu'elle semble assumer, par ses diverses publications, d'avoir été récupérée par la frange la plus traditionaliste de l'Eglise catholique. Plus dure risque d'être la chute. L'anonyme que je suis l'en a avertie par voie épistolaire et cybernétique. Mon avertissement est resté lettre morte. Peut-être qu'il ne la concerne pas, car ce que vit Véronique Lévy est suffisament solide, son mysticisme est suffisamment enraciné, c'est tout le mal que je lui souhaite.

Gad Elmaleh chemine dans un milieu qui ne m'est pas a priori sympathique: l'église sainte-Cécile de Boulogne, tenue par les "petits gris" de la Communauté Saint-Jean, sur laquelle ont pesé suffisamment d'accusations d'abus, notamment en la personne de son fondateur, le Père Marie-Dominique Philippe, pour que la communauté ait été mise à l'amende vaticane. Elle n'a pas bien accompagné, m'a-t-il semblé, une de mes amies qui y était très engagées, était fragiles et paraît s'y être un peu perdue. Mais quand j'écoute le prêtre accompagnateur de Gad Elmaleh, je lui trouve une liberté de parole qui me surprend agréablement. Je l'ai notamment entendu dire que l'acte liturgique se déroulait comme une pièce de théâtre, ce qui est sans effet sur la vie ordinaire.

Quant à gad Elmaleh lui-même, il n'attend pas d'avoir choisi de demander le baptême pour expliquer dans un film qu'il chemine vers le catholicisme. Il le fait au pire moment pour l'Eglise, il ne le fait pas pour sa retape personnelle ni pour la retape institutionnelle, l'Eglise est trop atteitne. Il n'a donc rien à y gagner et beaucoup à y perdre. Mais surtout il le fait en conservant sa liberté de parole: il ne vient pas vers l'Eglise comme un bon catéchumène qui confesserait une foi en Jésus qui sauve. Il y vient en professant une foi mariale, or l'essence du christianisme n'est pas la reconnaissance de la déesse mère ou de Marie, mère du Sauveur, ce n'est pas l'adhésion indifférente à un Dieu masculin ou féminin, c'est l'adhésion au mouvement de Jésus qui descend et se vide de Ses prérogatives divines pour se mettre à hauteur d'homme et soulever l'homme à hauteur de Dieu et lui faire retrouver sa Ressemblance divine.

Gad Elmaleh ne célèbre pas "une histoire juive qui a réussi", il vient au secours d'une histoire juive au moment où celle-ci paraît rater à vues humaines, bien que l'institution qui la porte ait connu beaucoup d'autres crises au cours de son histoire et celle-ci n'est certainement pas la dernière.

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