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mercredi 17 octobre 2018

De Mélenchon perdant ses nerfs


 
Je m'en tiendrai à trois réflexions:

 

 

    La première es tun pas de côté. Le sacré est bien différent selon qu'on est en République ou en monarchie (je suis trop démocrate pour être en rien royaliste). Le sacré royal, c'est: "Le roi te touche, Dieu te guérit". Le sacré républicain, c'est d'être intouchable.

 

 

  

Jean-Luc Mélenchon est un caractériel, c'est un secret de polichinelle. Dès le lendemain de cette altercation, il disait à Jean-Jacques Bourdin, son vieux complice: "Vous allez vous calmer, Bourdin", ce qui fit se récrier ce journaliste célèbre pour ses interviews alternant questions de fond et "questions politiquement concrètes", mais surtout injonctions d'avoir à se prononcer sur le détail du jour ou de confirmer que l'on transgresse bel et bien le tabou supposé du moment, ou qu'on a bien dit ce que l'on vient d'entendre. Jean-Jacques Bourdin a remis Mélenchon à sa place sur cette affaire de calme. Auparavant il avait souffert aux moins trois interpellations du député par son nom sans que celui-ci soit précédé d'une civilité comme "Monsieur Bourdin", vocatifs méditerranéen sans sommation dont Mélenchon est coutumier, qui n'est plus en usage dans la République polissée, et que François Langlet ne toléra pas pour son compte, s'attirant la moue méprisante et virile de notre caractériel en chef.

 

Cet aspect de la personnalité de Mélenchon m'a retenu de voter pour lui: je ne voulais pas contribuer à mettre à la tête de l'Etat un président caractériel. Avec le recul, ç'aurait été beaucoup moins grave que d'avoir un président narcissique, inhumain, dépourvu d’empathie, machinal, numérique, robotique, domotique et domestique,  qui met en musique, après celle de la production organisée au XXème siècle, la taylorisation des consommateur, dont il est accessoire pour les multinationales qu'ils soient aussi des citoyens. Mélenchon, avec ses failles trop humaines et ses colères homériques, promettait de miser sur "l'humain d'abord". Ses failles humaines étaient d'une autre nature que la faille psychologique dont souffre Macron, ce narcissique susceptible qui ne cesse de dire "je veux" et "j'entends que", en enfreignant la constitution et nous plongeant explicitement dans l'omniprésidentialisme. Sur ce plan, malgré qu'il en ait et quelles que soient ses dénonciations du monarque républicain, le pouvoir mélenchoniste n'aurait pas étémoins personnel.

 

L'autre raison qui m'a fait renoncé à lui donner ma voix est qu'un jour, chez le même Bourdin, Mélenchon mit dix minutes à expliquer la vie à une chômeuse qui l'interrogeait sur sa situation précaire, pour finir par lui répondre qu'il ne pourrait rien pour elle, car le mal était structurel. Il ne pourrait rien pour elle et il lui expliquait doctement et vertement que sa question était stupide. Son futur mandat était mal parti.

 

 

Jean-Luc Mélenchon est un caractériel, mais... Mais comment réagiriez-vous si, pour une affaire qui tient aux attributions que chaque député conçoit pour son assistant parlementaire, lequel continue de travailler pour le député qu’il assiste quand il travaille pour son parti, sauf à exiger que le député cesse toute activité partisane pour la durée de son mandat; si, pour des comptes de campagne présumés  légèrement frauduleux, rigueur quireviendrait si on en faisait preuve, dixit Roland Dumas, à invalider rétroactivement toutes les élections présidentielles depuis celle du général De Gaulle en 1962, laquelle ne coûta que l'argent de l'ORTF; si, le jour d'un remaniement gouvernemental, on dépêchait chez vous et chez vos camarades une centaine de policiers et jusqu'au substitut du procureur de Paris pour vous voler, tant l'infraction dont on vous soupçonne est grave, tous vos fichiers et tous vos agendas, avec le risque, qui est loin d'être minime étant donné la collusion entre la magistrature et les médias, collusion qui met le secret de l'instruction en-dessous du secret des sources, et qui fait des magistrats qui le trahissent des informateurs de la presse; mais aussi étant donné la collusion entre le Parquet et le pouvoir qui le nomme et qui lui demande  légitimement de le représenter, et de requérir en fonction de la politique pénale qu'il a fixée, en lui adressant des instructions directes et plus ou moins secrètes dans les affaires les plus sensibles; avec le risque balzacien, et dont il est risible de voir des magistrats s'effaroucher qu'on le soupçonne, que tous ces fichiers et tous ces agendas soient épluchés et transmis, soit au pouvoir, soit à la presse, qui se feront un plaisir de les exploiter pour vous ternir, comment réagiriez-vous si vous étiez confronté à pareille avanie démocratique? Ne perdriez-vous pas votre sang-froid, ne "péteriez-vous pas les plombs"?

 

D'autant qu'il commence à y avoir un effet de masse: depuis que nous sommes tous Charlie, ce journal  tellement respectueux de ses concitoyens et dont il va néanmoins sans dire que les caricaturistes ne méritaient en aucun cas le sort qui leur a été infligé; mais plus encore depuis que François Hollande est venu libérer le pays de la dictature sarkozyste qu'on supposait héréditaire et impossible à jeter bas,  nous avons assisté en France, dans l’indifférence de Christophe Barbier, à la confiscation à François Fillon de l'élection présidentielle qu’il devait remporter (même si celui-ci avait préalablement suggéré à Jean-Pierre Jouyet de mettre Nicolas Sarkozy hors jeu, ce qui a peut-être donné une idée au secrétaire général de l'Elysée -le retour de l'hypothèse du cabinet noir-!) et au pillage des fichiers des principaux opposants au pouvoir macroniste, pillage de datas qui fut précédé, pour le Rassemblement national, d'une interdiction bancaire l'obligeant à emprunter des fonds en Russie pour financer une campagne française (on veut destituer Trump pour moins que ça), pression financière aggravée d'un rackett judiciaire privant ce parti, selon ses dires, de 50 % de sa trésorerie, le tout sur fond de propagande irrationnelle et insensée pour le pouvoir en place, laissé  complaisamment tranquille sur ses propres affaires. Compte tenu de cet effet de masse, Mélenchon n'a-t-il pas bien fait de s'indigner et de jouer les fiers à bras?

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