Roland Barthes dit beaucoup de choses très justes sur l’écriture
même s’il est exagérément structuraliste et avoue se défaire malaisément des
tutelles de ses « idéologies dominantes ». Le tort de l’enseignement
scolaire ou de la critique universitaire qui a surexploité ce « professeur
artiste » a été de vouloir faire appliquer sa théorie de l’écriture, très
savante et fondée sur une maîtrise de la métrique, de la langue et de la
syntaxe, à des élèves qui, pour beaucoup, ne savent pas former, structurer une
phrase.
Il abuse en disant que l’écrivain
n’est pas le déterminant de l’œuvre (synthèse et traduction personnelle).
Dans son abus du figurativisme qui le fait aller jusqu’à vouloir qu’on
substitue à l’étude des sources de l’écriture celle des figures qui la
constituent, il est l’héritier de l’exégèse augustinienne qui fait des figures
bibliques des préfigurations christiques, donc des personnes incomplètes, sinon
des personnages ou des incarnations incomplètes d’idées qui leur préexistent et
leur survivent. Dès lors il n’a pas de mal à poser l’auteur comme sujet séparé
et son écriture comme indépendante de lui. IL explore néanmoins la question de
rimbaud : pourquoi l’écriture est-elle autre que moi ? Pourquoi
« je suis un autre » ? Qu’est-ce qui, non pas est à la source de
mon écriture, mais la détermine culturellement ? Ma maîtrise de la langue
certes, mais aussi mon désir de « reproduire » ce que je voudrais
être et l’image que je voudrais donner de moi.
L’écriture est donc une condition alternative de celui qui s’y
adonne. Il y a une génitivité mystérieuse (Barthes ne la reconnaîtrait qu’à
grand-peine ou la marginaliserait), une génitivité sociale ou mimétique (j’écris
comme je sais qu’il convient de parler ou comme font ceux qui écrivent bien) et
une génitivité réflexive ou narcissique (j’écris ce que je veux que l’on pense
de moi.)
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