Pages

samedi 10 août 2013

De la différence des souveraines délices de l'Union à Dieu chez l'homme et chez la femme

· Je trouve qu'il y a une profonde réflexion à mener au sujet du rapport de la masculinité et de la féminité à l'Union à Dieu, en comparant saint-Jean de la croix et sainte-Thérèse d'aVila dans les buts qu'ils se proposent respectivement, certes en ne désirant pas le ciel, mais en voulant aller en Dieu. · Pour sainte-thérèse, le suprême degré de félicité dans la chambre nuptiale de son bien-aimé est de prendre conscience de "pécher en dieu", c'est-à-dire que l'inhabitation (ou la cohabitation) dans la chambre de la Majesté divine produit une sorte d'éjaculation féminine. · · Pour saint-Jean de la croix, l'aboutissement de la quête est, ni tout à fait la divinisation ou la Ressemblance, mais l'assimilation, , c'est-à-dire la conformationdu modèle à celui qu'il aime, un amour fait d'imitation, où je deviens, non pas ce que je suis, mais ce que j'aime, en m'assimilant à Lui, au risque qu'Il disparaisse et non pas moi, dans un lent travail où j'aurai été beaucoup humilié, beaucoup infériorisé pour que cesse finalement toute différenciation, et il y a presque quelque chose de décevant dans le résultat de cet amour, si longtemps incompris du profane, si l'Aimé finit par disparaître puisque je Lui ressemble. · · Il est toujours assez cocace d'entendre les clercs faire l'apologie du mariage monogame, qui serait le modèle de la loi naturel inchangé depuis depuis Adam et eve alors que, non seulement les patriarches ont eu plusieurs femmes, quand ce n'étaient pas des mères porteuses pour leur faire des enfants à la place de leurs femmes stériles, mais il y a comme une polygamie de dieu, polygamie qui disparaît en ce que la relation deDieu avec chacune de ses élues est unique, mais en même temps, cette unité de relation ne peut se faire sans ostentation de la fiancée, qui s'ouvre aux gardiens du jardin ou de la prison que devient tout lieu où ne se trouve pas le bien-aimé qu'en creux et non d'une Présence palpable. Toujours la fiancée manifeste avec ostentation devant les gardiens qu'elle est dépositaire d'une Promesse, de l'acte scellé de vente du chant d'Anathoth. Quelquefois elle demande des nouvelles de son Aimé aux "amis de l'époux" que peuvent s'avérer être ces gardiens, quand ils ne sont pas cette infâme valtaille, qui regarde se consumer d'amour le cœur de la délaissée. Et toujours l'epoux a des "amis" qui savent de ses nouvelles au point d'être en mesure d'avertir le chœur des vierges : · "voici l'epoux, Il vient, sortez à sa rencontre". · · Cet ami de l'Epoux . peut être lui-même prisonnier de l'amour qu'il a pour lui au point de ne plus savoir Le reconnaître. C'est un peu ce qui arrive à Jean-baptiste quand, passant du Jourdain à la prison d'Hérode, ce que l'ondée baptismale lui avait transparent, l'obscurité du cachot le luicèle, car il n'est pas du nombre de ceux qui partagent la vie mouvementée de l'Agneau de dieu allant Son chemin. · · On trouve encore une différence entre Jacob et rachel, différence marquée par saint-Jean de la croix, qui en fait deux modalités de la même impatience de dieu dans une même âme, alors qu'il se pourrait qu'une des deux attitudes soit propre à dieu et imitée par le principe actif, tandis que l'autre attitude est la douleur de l'âme en mal de fécondité, qui n'est pas encore entrée dans une participation active à la création par la fécondité de la conjugalité avec dieu. Jacob compte pour néant les sept ans qu'il travaille aux terres de Laban dans l'espoir de doter rachel en homme digne de demander sa main. Au contraire, rachel, alanguie, qui souffre pour elle-même plus que pour Dieu, est toute dévorée du désir d'avoir des enfants, et puis est inconsolable de les avoir perdus, car elle les croit perdus. Elle est dans la première langueur de l'âme alourdie et fiévreuse, fébrile jusqu'au délire, qui devient lourde de son attente. Rachel est tellement inconsolable de ne pas enfanter dieu qu'elle préférerait être retranchée du milieu des hommes plutôt que de vivre sans Lui. Ici s'inverse enfin la raison pour laquelle on vit en vue des fins dernières : on ne veut pas mourir pour s'assurer d'un salut près de Dieu, mais on préfère être séparé de tout salut si l'on ne vit pas près de dieu. Ainsi l'entend la femme, qui s'est incorporée ses enfants en dieu et ainsi a-t-elle pu se consoler de leur perte (un peu comme, comparaison n'étant pas raison, Jocaste s'est très vite accommodée d'avoir eu son fils Œdipe pour amant). · · Mais ainsi ne l'entend pas Moïse, dont saint-Jean de la croix reproduit le cri hardi : · "Ou pardonnez-leur ce crime, ou effacez-moi du livre que vous avez écrit." · Moïse est plus hardi que Jésus Qui Se contente de demander à son Père de pardonner à Ses enfants bourreaux, car ils ne savent pas ce qu'ils font, mais Jésus n'a rien à perdre de Dieu et a tout obtenu du Père. Rachel, que Jacob a longtemps attendue en une figure de la patience divine, s'est consolée de la mort de ses enfants en les incorporant à sa relation conjugale avec dieu. Si leur mort l'eût rendueinconsolable, Moïse, lui, sait qu'il est responsable de leur vie. Abraham était animé du même souci, quoiqu'avec moins de témérité et beaucoup plus de timidité. On relate souvent la tentative qu'Il fit pour retenir le bras de dieu de détruire sodome. Dieu Est peut-être déçu de son manque de confiance, lui qui incarne pourtant la figure du croyant, puisque c'est dieu Lui-Même qui doit retenir le bras d'abraham d'offrir au couteau son fils en holocauste pendant "la ligature d'Isaac". Et sans doute, dieu aurait de même attendu de nous que nous Le retenions de devoir nous sauver en mourant pour notre salut, d'où l'impossible Réparation qu'Il semble nous demander de n'avoir pas eu pitié de Lui à temps. Quant à Moïse, son problème n'est pas de ne pas être séparé de dieu, il préférerait mourir plutôt que d'être séparé des hommes et retranché Du peuple dont il a pris la responsabilité et la conduite. La rencontre de dieu n'a pas allumé en lui cette flamme mystique qui l'eût empêché d'être un homme. Moïse, c'est l'antijonas. Il aurait été déchiré et concerné par le malheur de Ninive s'il n'avait pas eu à conduire Israël. Moïse, ç'aurait pu être le bon samaritain Qu'est devenu Jésus en Se faisant l'Etranger livré à notre accueil.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire