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lundi 20 février 2012

L'athéisme peut-il mourir?

(après la parution de "La belle mort de l'athéisme moderne" par Philippe Nemo (aux éditions PUF)

La thèse de ce livre a de quoi laisser perplexe. Tout d'abord, elle pose un problème méthodologique: il ne faut pas se croire "à la fin de l'histoire" pour affirmer sans quelques siècles de perspective rétrospective que le christianisme s'en est sorti... sous benoît XVI, pontificat à propos duquel certains se demandent si le christianisme n'y est pas, au contraire, en train de "mourir de vieillesse". Je crains que Philippe Nemo, esprit pourtant supérieur, n'ait en outre tendance à prendre ses désirs pour des réalités quand il affirme que le christianisme est devenu l'enjeu de notre siècle dans le monde entier. Certes, le christianisme a su aborder de front et par avance toutes les questions de la modernité. Certes, au-delà des impasses philosophiques, il propose la seule aventure intellectuelle qui stimule pertinemment l'esprit de spéculation et de recherche. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'il rebute, à la fois ceux à qui leur humilité fait penser que l'homme n'est pas capable de relations avec l'absolu, mais est seulement capable de tendre vers le merveilleux. Et il rebute aussi ceux qui, paresseusement, se contentent d'être les spectateurs et les consommateurs du merveilleux pour ne pas faire effort vers l'absolu. Mais ceux-là, appartiennent au nihilisme, le diable l'emporte, et Dieu entende Philippe Nemo, quand il souhaite que la mort de l'athéisme entraîne celle du nihilisme. Mais de quelle mort parler au juste? Je crois plus à la mort de l'antithéisme qu'à la mort de l'athéisme. Oui, l'athéisme contemporain, dans l'authenticité avec laquelle nous avons aussi le génie de revenir aux questions fondamentales (notre époque n'a pas que des défauts), voudrait se contenter de dire que "dieu n'existe pas", sans spéculer de façon sacrilège sur la mort de dieu. Pour autant qu'on puisse arriver à cette forme pure d'athéisme, il est possible qu'il commence par être sacrificiel dans des êtres particulièrement oblatifs, comme notre anonyme athée, qui s'est exprimé avant moi. Mais, pour avoir été moi-même athée avant de recevoir, bien après mon baptême, le don de la foi, je puis témoigner que j'étais plus heureux athée que depuis que j'ai accepté que dieu me réunisse à Lui. Disons que j'ai depuis lors gagné en lien ce que j'ai humainement perdu en liberté et bonheur. Il est vrai que les incantations rituelles me manquaient, mais j'avais trouvé le pis aller de prier "ma conscience" et ça marchait plus ou moins bien. Ce qui prouve au passage que l'athéisme des gens sans malice qui voudraient se contenter de dire que dieu n'existe pas, cet athéisme-là ne peut pas être mort puisqu'il n'a jamais existé. Cet "animal pas très raisonnable" qu'est l'homme n'est que trop naturellement religieux. Il suffit qu'il perde quelqu'un pour qu'il discerne des signes de sa présence ou qu'il ait peur de quelque chose pour qu'il retrouve le chemin d'une prière intransitive, non pas qu'on ne trouve pas quelque chose à se mettre sous la dent pour prier, un moyen de prier, une divinité, un ange, une immanence, l'univers même, mais que, tant qu'on ne prie pas le vrai dieu, on manque à la prière, car on n'a pas trouvé le soutainement de sa propre vie, dont Dieu est le fondateur en tant qu'il l'a voulue et qui retourne à dieu, à travers les continuités humaines des viscicitudes historiques, dont dieu Est le Maître, l'alpha et l'oméga.

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