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lundi 5 septembre 2011

Désir de gnose ou tentation de connaître?

Questions posées au Pr Jean Borella.

> *Peut-on consulter des médiums quand on est chrétien ? C'est une
> question qui me taraude. Il me semble que le médium a reçu un don
> préternaturel comme Mozart avait reçu celui de la musique, entendait
> de la musique dans sa tête, n'avait qu'à faire couler son robinet à
> musique pour tirer à la ligne, comme les exigences de sa situation
> financière le lui imposaient.

Pourquoi, si la médiumnité est un don de
> Dieu, son exercice serait-il interdit et la consultation de médiums
> devrait-elle être tenue pour une idolâtrie ? D'autant que, vous le
> dites très bien : chacun est un canal. Chacun est un filtre de l'amour
> de dieu, pour peu qu'il se laisse faire un tant soit peu.


> *Les mages. Bien sûr, les mages de l'evangile étaient des astronomes,
> de savants mathématiciens. Quelqu'un m'a dit que le plus haut degré de
> la métaphysique était les Mathématiques. Je ne sais pas si vous
> acquiescez à une telle affirmation.


> *Il y a une sagesse évangélique que vous avez l'air de faire tenir
> dans les contes de fée, qui y serait comme inscrite et qui devrait en être
> déduite. J'avoue que je n'en ai jamais trouvé la clef.


> *Je suis en train de lire "veritatis splendor". Comme ce texte
> magistériel serre la vis ! A le suivre, la conscience n'interviendrait
> même pas comme moteur d'une décision où siégerait le "libre arbitre",
> mais simplement comme l'instance qui jugerait en permanence de la
> conformité de nos actes moraux avec les lois de dieu, les mêmes pour
> tous, sans du tout tenir compte des spécificités personnelles de chacun.


> *Il me semble que l'eglise a un très gros problème avec la
> connaissance. Celui-ci procède d'une mauvaise interprétation du péché
> originel. L'eglise a simplement oublié le complément de détermination
> qui suivait "la connaissance" lorsqu'il était parlé "du fruit de
> l'arbre de la connaissance du bien et du mal". Pis encore, elle
> décrète la moralité primitive du premier homme. Elle n'envisage jamais
> l'hypothèse que dieu connaissait certes le mal en puissance, mais ne
> voulait pas avoir à en connaître en acte, ce à quoi Il Etait obligé,
> si Sa créature se dotait d'une puissance supérieure à la sienne ; que
> dieu, pour le dire autrement, parce qu'Il etait bon, ne voulait pas voir le mal, ne voulait qu'être assujetti au bien ; que dieu enfin (et plus probablement), pour le dire comme Nietzsche, voulait se situer "par-delà le bien et le mal".



> L'eglise a réussi ce tour de force de faire du christianisme, qui
> était à peu près un illégalisme, un nomisme où la loi mosaïque a été
> remplacé par les prononcés du magistère et par le droit canon. Je n'en
> reviens pas qu'un tel retournement puisse avoir eu lieu, et pourtant
> il est dans la nature des institutions humaines que leur but soit
> subverti, comme il est dans la nature des personnes humaines de ne
> pouvoir jamais s'atteindre, de ne pouvoir jamais atteindre la
> perfection, de ne jamais pouvoir réaliser leur "idéal du moi".

Chacun a un point de blocage, c'est peut-être une fatalité. Sauf à trouver le point de déblocage, le déclic. Je cherche, mais je ne trouve pas. Peut-être ne
> connais-je pas assez ! J'en suis au stade où je me crois lucide, où je
> souffre de cette "blessure la plus rapprochée du soleil", mais où
> cette lucidité ne me sert de rien.


> *Enfin, j'ai cherché à me procurer vos livres. (...) On me dit qu'ils sont pour la plupart épuisés. Je ne sais pas ce qu'il en
> est.


> En vous présentant mes excuses de vous avoir infligé cette prose
> écrite au débotté sur des sujets sur lesquels je réfléchis depuis
> longtemps... (...)

Cordialement

J. Weinzaepflen


Réponse de Jean Borella (je la publie dans la mesure où elle ne me paraît pas aborder frontalement des considérations trop personnelles):

"Cher Monsieur,


je vous remercie de vos remarques et réflexions très
amicales,, qui mettent en jeu de nombreuses questions.


Malheureusement, les obligations où je me trouve en ce moment ne me permettent pas d'y répondre comme il conviendrait.


Au demeurant, j'ai dit ce que j'avais à
dire dans mes livres, fort incomplets, sans doute, je le reconnais.
Mais, vu mon âge, je ne saurais m'étendre davantage. Veuillez m'en
excuser.

Meilleures salutations.

Jean Borella.


Voici ma propre réponse dont l'intérêt est de situer s'il en a une la valeur de mon questionnaire :


Cher Monsieur,

Je tiens à vous dire tardivement que vous avez toute ma sympathie, ma
compréhension et aussi ma compassion pour l'indisponibilité où vous rend
votre âge de répondre à des questions un tantinet juvéniles, qui constituent
ce que je pourrais appeler une entrée en matière, un désir de
préconnaissance ou une tentation de connaissance.


Je me reporterai à vos livres à condition de les trouver.


Mais je suis heureux qu'à défaut de réponse, cet échange m'ait donné
l'occasion de mettre en ordre ces quelques questions. Ne dit-on pas qu'en
philosophie, "les questions sont plus essentielles que les réponses" ?


Je dirai même que, pplus encore que "le doute surmonté", l'incertitude fait
toute la force de la foi.

Avec toutes mes bonnes pensées pour vous-même et pour votre épouse

J. Weinzaepflen

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