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lundi 25 juillet 2011

Le décalogue est-il de droite?

Retranscription d'une discussion que j'avais initiée sur leforumcatholique.





Le d�calogue est-il de droite? par le torrentiel (2011-06-29 15:34:38)


Chers amis de la tradition (cette question est posée à des traditionalistes, qui tiennent que la loi naturelle, gravée dans le cœur de tous les hommes, est tout entière contenue dans le Décalogue),

A vous lire, moi qui ne fréquente vos milieux que de loin, bien que vous m’intriguiez et que je vous respecte, je suis toujours surpris de ce que vous faites réguli�rement l'apologie d'un "ordre naturel" que vous semblez confondre avec la « loi naturelle « , dont semble être absente la "Justice sociale", ce que j'ai déjà eu l'occasion de décrier d’une formule :

"tout pour la famille et rien pour la famine !" (sur le blog de l’abbé de tanoüarn)

"La justice sociale". Vous allez me trouver bougrement "démoocrate chrétien" ! Pourtant, "la Justice" ne fait-elle pas partie de l'ordre? N'est-elle pas prescrite, sinon par la loi naturelle, du moins par les aspirations naturelles de l'homme?

Or, à considérer le Décalogue en lequel consiste selon vous "la loi naturelle", on ne peut que donner conceptuellement raison à votre conservatisme: il n'y est question que du respect de la transcendance, de la piété filiale et du respect des biens d'autrui. Bref, il y est proposé ou commandé le respect d'un ordre conservateur.

Pourtant, le Nouveau testament semble ouvrir une brèche dans cet ordre conservateur. Ce serait un immense raccourcis que de dire que le christ est de gauche... (Et pourquoi pas, tant qu'on y est, dire avec Johnny, que "Jésus-christ est un hippy"?) Restons sérieux. Le christ introduit néanmoins, dans ce strict respect du décalogue, une générosité (et une radicalité, certains pourraient dire une servilité…) qui pousse � la fois à ne pas se révolter contre l'ordre établi, jusqu'à faire deux mille pas avec celui qui nous demande d'en faire mille avec lui, et n’en renverser pas moins cet ordre tout en ne se révoltant pas contre lui.



Le christ amène dans ce strict respect de l'ordre conservateur une Justice qui s'insinue en n'étant pas du tout révolutionnaire. Si le Christ �tait de gauche, il s'agirait moins que Ses militants ne revendiquent des droits qu'ils ne payent de leur personne.

Je serais curieux de savoir ce que vous pensez de tout cela, et le fil (de discussion) que je vous propose d'ouvrir n'est qu'accidentellement provocateur.



Pourquoi cette absence de Justice sociale dans votre évocation récurrente de "la loi naturelle"? Le Décalogue est-il de droite et, allons-y, quitte à être un peu marsionite sur les bords, le christ est-Il de gauche? dans "la royauté sociale de notre seigneur Jésus-christ »" que vous appelez de vos vœux età laquelle d’autres ont cru pouvoir donnerle nom de « théologie de la libération », n'y a-t-il pas le mot "social"? qu'en pensez-vous?



En espérant que vous serez nombreux � entrer dans ce débat!



Julien WEINZAEPFLEN





Qui qualifie affaiblit par Maïe (2011-06-29 15:48:56)





qualifiez la justice de sociale et ce n'est plus la justice c'est de la politique.
La justice, on la rend, la politique on la fait. (…)






)le mot social se qualifie de lui-même par blamont (2011-06-29 16:12:56)







…et se place dans le cadre de la cité.

Tout est social dès qu'il y a une humanité qui soit organisée, responsable et libre; en ajoutant...propriétaire et ce terme "social" ne se justifie que si ces trois notions existent et sont les fondements de la société.

La justice est notamment le respect des droits et devoirs de chacun envers ces points et dans le cadre général du bien commun.

Quant à droite et gauche...



Depuis la place occupée par les députés de 1789 en rapport à celle du président de séance, bien des choses ont changé.

Etre de droite, c'est considérer avec optimisme que l'homme est mauvais et peut être sauvé de lui-même, même avec le secours de la société entre autres…

Etre de gauche, c'est le contraire: on considère l’homme avec pessimisme, car il ne peut être spirituel, bien que bon : il faut le sauver malgré lui car il doit se maintenir bon dans le monde mauvais auquel il se soumet.


par la dérive sémantique on arrive au grotesque de la Novlangue: « Sécurité Sociale » :
une monstruosité spoliatrice devenue étatique, qui ne donne ni sécurité complète, ni protection réelle, et encore moins aux plus démunis ressortissants de la France et qui agit contre les caractères de l'action sociale dans la cité, tels les trois termes exposés au début du message.



absolument par Aigle (2011-06-29 17:47:07)







La justice authentique n'est autre que la justice tout court, à mon avis... ajouter divers qualificatifs ouvre la voie, soit à des restrictions techniciennes (justice administrative, pénale, civile...), soit à des expressions polémiques qui peuvent vider le mot de son sens.

Dans le cas de la justice "sociale", il n'y a souvent plus de justice du tout mais une "novlangue" dans laquelle, au bout du chemin de l'inversion des valeurs, on persécute le travailleur, l’honnête homme, le courageux, le savant et on récompense le paresseux, le menteur et le voleur ...

La doctrine catholique (même avant Léon XIII me semble-t-il) a toujours condamné l'excès (en particulier la dictature de l'argent, dans la lign�e de l'enseignement évangélique) ainsi que le déséquilibre des droits et des obligations entre les parties � un contrat (il me semble que les scolastiques ont parlé de l'équilibre des contrats dès le XIIIe siècle).

Une vision du monde dans laquelle l'ouvrier a toujours raison et le patron toujours tort (ce qu'on entends en pratique par justice "sociale" de nos jours) n'a rien à voir avec la vraie justice - pas plus d'ailleurs que la conception symétrique qui ferait du salarié un quasi-esclave de l'employeur ...

…)





"La justice administrative, pénale, civile" par le torrentiel (2011-06-29 21:45:51) [en r�ponse � 600441]


…relèvent de tribunaux qui sont compétents pour la rendre. Si vous voulez ôter à "la justice sociale" l'aspect de "nove langue" qui vous en rend l'expression dérangeante, ne pourrait-on pas dire qu'elle relève de "l'équité" ou, à un stade inférieur, de "la (simple)justice distributive"? Dans toutes les contributions que j'ai lues précédemment, il ne me semble pas qu'il ait été fait grand cas de l'équité :



« De chacun selon ses besoins à chacun selon ses moyens », dans la mesure certes où le « chacun » en besoin est prêt à contribuer aux moyens de la communauté.

Faut-il voir, dans cette absence d’équité, un calvinisme rampant, une sorte de résignation à l'ordre des choses ? Cette résignation, avant d’être réputée « un habitus » calviniste, n’a-t-elle pas été l’un des traits de caractère de la société catholique ? Cette résignation actuelle n’est-elle pas l’une des marques de l’appartenance à la société moderne du catholicisme bourgeois ? Celui-ci ne se caractérise-t-il pas en effet par le refus de contribuer (refus du fiscalisme, à l’instar de l’exigence républicaine américaine de toute augmentation d’impôts à destination des classes les plus nanties(, en contradiction au moins apparente avec le refus de servir dieu et Maamon ? Une autre mani�re de poser la question ne serait-elle pas de se demander si, au nom du "bien commun", , de l’équité, de la loi naturelle ou tout simplement de la charité, il ne pourrait pas se trouver des catholiques un peunantis en patrimoine, qui seraient néanmoins contents de payer des impôts, s'ils avaient la certitude que ceux-ci seraient bien employés ? Ou, pour ceux-là mêmes qui ne le seraient pas, étant de sensibilité plus libérale bien qu’étant catholiques, considèrent-ils l'"organisation de la charité" comme une option facultative de "la cité organisée"?





le problème de base par Aigle (2011-06-29 21:55:32)



…est que dans notre vie quotidienne depuis 1968 au moins - et peut-être même depuis 1936 -, la justice sociale est le contraire de la justice. Ce qu'on appelle justice sociale consiste à donner le maximum de pouvoirs à des syndicats irresponsables non élus et composés des salariés les moins performants et les moins intéressés par la santé de leur entreprise et par le bien de leur pays.

La justice sociale en France aujourd'hui consiste à faire financer une multitude de prestations à des gens de mauvaise foi (par exemple des enseignants qui souhaitent prolonger leurs 2 semaines de vacances de Noel par une semaine de congés maladie) par des gens de bonne foi qui travaillent dur - même quand ils ne gagnent que le SMIC ou à peine plus. Sans oublier les mères vivant en concubinage et qui réclament l'allocation de parent isolé. Ou les �tudiants qui réclament l'APL même si ses parents payent l'ISF ...

Bref la justice sociale est l'exact opposé de la justice - même distributive -.

Parlons peut-être d'é�quité, de charité, de solidarité entre riches et pauvres, valides et handicapés, jeunes et vieux , etc ...mais le terme de justice sociale est aujourd'hui trop connoté pour être admissible par la fraction de la société qui travaille sérieusement ...




Tentative de réponse au torrentiel par Jean-Paul PARFU (2011-06-29 17:50:22)







D'abord, il semble aller de soi en vous lisant que la gauche serait social et que la droite ne le serait pas. Or, on pourrait discuter de cet a priori.

En ce qui me concerne, je crois que l'essence de la gauche est la destruction de tout l'ordre naturel et la négation de l'ordre surnaturel. Ni plus ni moins !

Quant � la droite, la vraie, qui ne se confond pas avec la pseudo-droite technocratique et gestionnaire qui a les idées de tout le monde, c'est-�-à-dire en ce moment les idées de la gauche, défend et l'Ordre naturel et l'ordre surnaturel.

Une précision : l'Ordre naturel, ce n'est pas l'ordre des choses ou plutôt "un ordre des choses" avec ses situations sociales figées qui masquent beaucoup d'injustice. L'ordre naturel, c'est ce que les Grecs appelaient : "le Cosmos", c'est-à-dire toute la Création visible et invisible, les lois de la nature et la loi morale naturelle, loi morale naturelle rappelée par Dieu à cause du péché originel sous la forme des Dix commandements.

Ce que nous, chrétiens, appartenant donc à l'Eglise catholique, affirmons, c'est que le respect par les personnes comme par les sociétés, de l'Ordre naturel, des lois de la nature et de la loi morale naturelle, permettrait à ces personnes et à ces soci�t�s de donner le meilleur d'elle-même et de se développer le mieux possible.

Un exemple : les sociétés communistes, faites pour le peuple, ne produisaient que de la misère et de l'injustice sociale ...

Si une société ne respecte pas les corps intermédiaires, elle créera des déséquilibres et des injustices sociales.

De même, des familles mono-parentales créent forcément une certaine insécurité �économique et sociale, tandis que les familles nombreuses avec père et mère créent davantage de sécurité �économique et sociale pour leurs membres.

Dans un contexte chrétien, nous savons aussi, que "des pauvres, il y en aura toujours parmi nous" (Jean 12.8 ; Matthieu 26.11 ; Marc 14.7), que le Christ n'a pas été� "établi pour juger nos affaires ou pour partager nos biens" (Luc 12/13-21).

Nous savons en conséquence que nous devons d'abord chercher "le Royaume de Dieu et sa justice et que le reste nous sera donné� par surcroît" (Mt 6.19-34) et que Judas qui se souciait des pauvres n'était en réalité qu'un voleur (Marc 14/1-2 et 15).




Cher Monsieur Parfu, par le torrentiel (2011-06-30 09:23:08)





Je ne voulais pas laisser passer votre poste sans y répondre, parce que ce que vous appelez votre "tentative de r�ponse" est loyale, construite et constructive, sans attaque ad hominem, et que, ce qui ne gâche rien, je partage une grande partie des opinions que vous y exprimez. )


1. Si je vous ai donné l'impression qu'à mes yeux, il serait exclus par définition que la droite fût sociale, c'est que je me serai mal exprimé. Je ne sais pas moi-même si je suis de droite ou de gauche, des amis me qualifient d'anarco-catholique de droite,j’en suis fort aise ! Alors, me direz-vous, pourquoi amener ces deux plateaux de la balance post-révolutionnaire dans un débat proposé sur un forum traditionaliste? Parce qu'ils font partie de nos préjuger de modernes.



Si je devais me définir politiquement -quelle gageure-, je dirais que j'ai le coeur à gauche sans avoir le portefeuilles à droite (je ne suis pas grippe-sous pour un liard); mais je m'entends mieux avec des gens de droite qu'avec des gens de gauche, ayant constaté, pour l'avoir fréquentée sans en faire partie, que ce qui reste de la grande et vieille bourgeoisie catholique et française, est incomparablement plus philantropique que la gauche incantatoire.

2. Quand vous écrivez qu'"en ce qui (vous) concerne, (vous croyez) que l'essence de la gauche est la destruction de tout l'ordre naturel et de tout l'ordre surnaturel", après avoir répondu que vous y allez peut-être un peu fort, on peut se demander pourquoi le progressisme, qui repose sur des aspirations naturelles inscrites en toute justice dans l'idéal humain, échouent systématiquement en pratique à atteindre son but; tandis qu'une droite, qui "respecte" à la fois "l'ordre naturel et surnaturel", ne le fait jamais, lorsque ses membres sont dominants, sans s'accaparer, avec la plus grande des désinvoltures, des ressources qui appartiendraient à "la communauté humaine, au terme de « la destination universelle des biens ", et dont la confiscation par quelques-uns ne fait qu'entretenir la misère d’un grand nombre, démunis plus encore intellectuellement que fiduciairement, malgré « l’école obligatoire, républicaine et laïque ».



Si Judas, qui s'occupait beaucoup des pauvres en paroles, s'est révélé un voleur et un traître, la droite, de son côté, s'accommode confortablement de cet avertissement du christ que "des pauvres, (nous en aurons) toujours avec (nous)", que vous rappelez à bon escient. Dans le même esprit, il est très louable de protéger les droits de l'enfant à naître; pourvu qu’on se soit assuré qu'il grandira dans des conditions décentes, faute de quoi on n'aura exercé qu’une charité politique qui se sera réduite à la loi en ne faisant aucun cas de la personne.



Je n'ai jamais pu me défendre de penser que l'avatar contemporain du pharisianisme (que je préfère appeler « pharisaïsme », mais passons!) est l'embourgeoisement. En cela, la révolution française qui, non seulement a été une révolution bourgeoise, mais qui, comme toutes les révolutions, n'a fait que renverser une aristocratie pour la remplacer par une autre, se sera dépêchée de planter un germe de pharisianisme en rangeant "le droit � la propriété privée" au rang des droits de l'homme. Le fait qu'il soit impossible de réaliser l'aspiration naturelle au progrès, et que qui veut respecter l'"ordre naturel" doit se déprendre de "l'utopie égalitaire", me paraît ressortir du "mystère d'iniquité".

3. Quant aux "corps intermédiaires ", ceux qui défendent leur respect appartiennent à la meilleure tradition de la droite, dans la conception organique et pyramidale qu'ils ont de la société qui, pour la gauche, constitue un substrat idéologique formant la matrice de « la nature humaine inculturée », à changer par piqûres à doses infinitésimales. Encore faut-il s'assurer, pour que les relations antécédentes de la « société organique » soient justes, que les relations au sein de ces "corps intermédiaires" ne favorise pas à outrance les dirigeant au détriments de ceux qui travaillent pour eux et sont pour cette raison légitimes à faire valoir leurs droits, ce qui est loin d’avoir été toujours le cas ; et s’assurer en outre que, sans entrer dans le pseudo-dialogue social, où il y a beau temps que les syndicats ont oublié les ouvriers, les patrons trouvent dans chaque branche des partenaires représentatifs à qui parler et qui n'aient pas peur de se montrer des défenseurs efficaces de leurs collègues salariés dans le respect de l'intérêt de l'entreprise.



Je me demande si ce qu'on appelle aujourd'hui "le lobbying " n'est pas une perversion inévitable issue de la non reconnaissance des corps intermédiaires; et si, dès lors que c'est la façon qu'ont trouvée des communautés qui font valoir une mani�re nouvelle d'appartenir au champ social, de se mettre sur le devant de la scène, il ne faudrait pas reconnaître à ces "lobbys" le statut de "corps intermédiaires". De même que l'Etat, par un consensus civique, devrait déterminer si ses prérogatives régaliennes se limitent � la défense, � la Justice et la sécurité, ou si elles embrassent aussi le "droit au logement, à la santé et à l'Education".

En espérant vous avoir apporté une réponse digne de la vôtre

Julien Weinzaepflen (dit le torrentiel)






Cher le torrentiel, un exemple : l'Allemagne par Jean-Paul PARFU (2011-06-30 10:48:57)





Ce qui a fait la force économique et culturelle d'un pays comme l'Allemagne, par exemple, mais on pourrait parler de toute "la banane bleue" dont la plus grande partie faisait partie (ou a fait partie à un moment donné) du St Empire romain germanique (962-1806), c'est le respect des corps intermédiaires : familles, métiers, associations diverses, villes, régions à très forte identité etc...

Pour être plus précis, ce qui fait la force économique d'un pays comme l'Allemagne (c'est vrai aussi de l'Italie du Nord), c'est l'énorme tissu économique de grosses PME et de grosses PME exportatrices spécialisées sur des "niches" à forte valeur ajoutée, comme disent les économistes.

Or, ces grosses PME sont, le plus souvent, des PME familiales !

Pourquoi l'Allemagne a-t-elle ces grosses PME familiales et pas la France, par exemple ?

Parce qu'en France, l'étatisme, le centralisme et le fiscalisme ont sévi et ont tout détruit !

On ne construit rien avec une population déracinée et prolétarisée !







Un peu de mal à vous comprendre par ptk (2011-06-29 21:22:18)
[en réponse à 600420] (le message d’ouverture du fil, message intéressant par les références qu’il daigne donner)


…mais il existe une "doctrine sociale de l'Eglise" qui sans doute répondra à toutes vos questions;

Vous pouvez consulter:

rerum novarum (L�on XIII)
quadragesimo anno (Pie XI)
et
le compendium du cardinal Martino

compendium

rerum novarum

quadragesimo anno







g




Rerum Novarum :

la raison intrinsèque du travail entrepris par quiconque exerce un métier, le but immédiat visé par le travailleur, c'est d'acquérir un bien qu'il possèdera en propre et comme lui appartenant.



Actes 4, 32 :

Or la multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme, et nul ne disait sien rien de ce qu'il possédait, mais tout était commun entre eux.



Personnellement, j'ai du mal à corréler les deux. A moins de consid�rer les Actes comme de simples anecdotes porteuses d'aucun enseignement, ce à quoi j'aurais du mal aussi.







Lisez Rerum novarum jusqu'à la fin par ptk (2011-06-29 22:35:23)




Vous aurez votre réponse!







Sur l'usage des richesses, voici l'enseignement d'une excellence et d'une importance extrême que la philosophie a pu ébaucher, mais qu'il appartenait à l'Eglise de nous donner dans sa perfection et de faire passer de la théorie à la pratique.





« Le fondement de cette doctrine est dans la distinction entre la juste possession des richesses et leur usage l�gitime. La propriété privée, Nous l'avons vu plus haut, est pour l'homme de droit naturel. L'exercice de ce droit est chose non seulement permise, surtout à qui vit en société, mais encore absolument nécessaire. » " Il est permis à l'homme de posséder en propre et c'est même nécessaire à la vie humaine. " (14) Mais si l'on demande en quoi il faut faire consister l'usage des biens, l'Eglise répond sans hésitation : " Sous ce rapport, l'homme ne doit pas tenir les choses extérieures pour privées, mais pour communes, de telle sorte qu'il en fasse part facilement aux autres dans leurs nécessités. C'est pourquoi l'Apôtre a dit : " Ordonne aux riches de ce siècle... de donner facilement, de communiquer leurs richesses (15)". "(16)










Autre niveau de question ? par Glyc�ra (2011-06-30 10:54:46)





Ce niveau m'a tout de suite rappelé César et sa monnaie...

Le Décalogue, c'est vétérotestamentaire, et droite-gauche est très laïc...

Alors, qu'est-ce que Jésus r�pondrait � notre question ?

Que le premier commandement est ...

Dieu d'abord, et le prochain comme soi, et que c'est égalité entre les deux ! Si cela n'est pas social !

Jésus a viré les marchands du Temple, si ce n'est pas police !

Il a guéri même pendant le sabbat des scribes, si ce n'est pas thérapeutique !

Il a multipli� les nourritures, pour "arroser" les béatitudes, si ce n'est pas incitatif de joie !

Il a régalé en bonne ébriété� au mariage, si ce n'est pas convivial !



Mais tout cela n'a rien de gouvernement politique.
Il demande juste que chacun fasse selon ses talents : l'intendant, somme le militaire, comme l'administrateur ou le fonctionnaire. (…)




Avec mes salutations de bienvenue, Sieur Torrentiel









Cher Glycéra,



Ma réponse a tardé sans doute, ce n’est rien de le dire, mais je me remets à jour.



Certes, vous avez raison de souligner qu'il y a un hiatus évident entre ces deux ordres: le Décalogue d'un côté, et la droite et la gauche de l'autre.





Et vous avez encore raison de comparer cette question à celle que posèrent à Jésus, non des partisans de césar, mais des gens qui voulaient tendre un piège au divin Maître.





Ai-je voulu piéger les tradilandais? Peut-être un peu, honte à moi! Mais venant de remettre au propre nos échanges pour les publier sur mon blog:

avouez qu'ils s'en sont plutôt bien tirés dans leurs réponses, ou que c'est moi qui aurai mal formulé ma question.





Mais il ne s'agit pas essentiellement de se piéger les uns les autres, même s'il n'est jamais vain de s'interroger, et plutôt deux fois qu'une, et surtout si certains ont un peu trop tendance à confondre l'ordre de la foi et celui de la certitude! La foi est de l'ordre d'une certitude de grâce beaucoup plus que de celui d'une certitude rationnelle, ne l'oublions jamais. Ce n'est pas l'animal raisonnable qui a reçu le don de la Foi, c'est toujours l'âme de la personne humaine.





Maintenant, qu'il s'agisse en effet de reformuler en termes modernes une question très ancienne: celle du rapport du temporel et du spirituel, si j'ai pu y réussir, Dieu soit loué! J'aurais très mal agi si j'avais demandé:

"Dieu est-Il de droite?"

Je n'ai eu affaire qu'à sa Loi, encore qu'à la Loi naturelle, confondue par beaucoup, me semble-t-il, avec l'ordre naturel qui, comme il se doit, est un ordre de préservation ou, si vous préférez, de conservation. Mais attention! Le pouvoir temporel ne se confond pas avec cet ordre de conservation, sauf à figer sciemment la politique dans l'immobilisme.





Un prêtre m'étonna beaucoup un jour en me rappelant que l'une des trois vertus du sel était la fonction de conservation des aliments, les deux autres étant le fait de relever leur goût pour la première, et pour la seconde de n'être qu'un condiment à utiliser avec modération.



"Car si un repas manque de sel, il est fade; mais si l'on met du selen excès, il est inmangeable!"





Vous voyez bien que la dialectique de la conservation et du progrès n'est pas absente de l'Evangile lui-même. A toutes fins utiles, je rappelle les analyses controversées de l'économiste libéral et banquier charles gave qui tend à prouver que les relations sociales instituées par le christ dans l'evangile sont de droite, ce qui va à l'encontre de ce que j'ai suggéré dans mon accroche de ce fil. Ce n'est pas faux, à relire la parabole des ouvriers de la onzième heure. Le moins qu'on puisse dire est qu'à l'égard de ceux qui ont commencé de trimer dès le matin, le patron de la parabole s'est comporté d'une façon on ne peut plus paternaliste.





Vous-même écrivez à fort juste titre que "moi" et "le prochain" devons être traités à égalité, si je respecte le commandement de Dieu, dans un cadre où je n'oublie pas de mettre dieu au-dessus de tout, où dieu demeure le Premier servi. Je n'ai rien à redire à cela, si ce n'est que ce que je lis de l'analyse qu'on fait généralement dans le milieu traditionaliste du "bien commun" fait beaucoup de cas de "mon bien" et en oublie souvent sans le savoir son côté "commun". Il n'y a guère contribuable qui veuille moins contribuer que l'adepte du "droit naturel" qui ne veut pas qu'on le spolie, bien qu'il oublie n'avoir pas à servir dieu et l'argent.





Si j'essaie d'exprimer cette réalité de façon moins polémique, je dirai que, dans le compte que le catholique de droite tient du "bien commun", il est rarement fait allusion à ce qu'on doit à la santé du prochain ou à son bien-être physique ou moral, pour ne rien dire de son bien-être social, puisque ce terme de "social" est celui sur lequel on a cru pouvoir me tomber dessus. pourrais employer pire: l'adjectifde "citoyen", et demander pourquoi il ne paraît pas faire partie des prérogatives du "bien commun" éligibles à l'etat par le "catholique de droite", d'assurer le minimum de bien-être social de l'indigent que l'on présente le plus souvent comme un assisté se complaisant dans son état.





Si l'on m'objecte que le "catholique de droite" est très préoccupé en général de ce bien-être social de l'indigent, son concitoyen, je reconnaîtrai avec honnêteté que, dans ce fil en particulier, on a prêté attention à son sort; mais que ç'a rarement été sans que l'on soupçonne celui qui s'y intéresse in abstracto d'être une manière de Judas, donc de voleur, de prévaricateur ou de communiste. Il est quelquefois ressorti de certaines réponses (celles de blamont et de Jean-Paul Parfu, pour ne pas les nommer),, les attentions d'une droite sociale, mais n'était-ce pas sous réserve qu'on n'emploie pas ce mot et parce qu'on soulevait le lièvre? Je ne voudrais pas faire de procès d'intentions, surtout à ces deux correspondants dont les arguments paraissaient fort enracinés dans leurs convictions les plus profondes.





Anton a fort judicieusement cité à effata la manière de corréler le passage des "actes des apôtres" où il était question de la mise en commun de tous ses biens par la première communauté chrétienne et cet autre passage de "rerum novarum", sauf erreur, où la propriété privée était référée à "la destination universelle des biens". Admirable était le rappel du principe: mais autre est le principe, autre la pratique, chacun le sait bien. Bien souvent, le rappel du bon principe n'a pas d'autre objet que de noyer la mauvaise pratique.





La preuve, c'est que le "catholicisme conservateur", y compris vvaticanesque, rappelle à l'envi que les points non négociables d'une politique catholique sont la politique familiale, respectueuse de la vie et... de la liberté scolaire, c'est un peu faible par rapport à la cause précédente! . Tout cela est bel et bon. Mais pourquoi ne fait-on jamais mention du "sans famille" qui peut se trouver un fidèle de l'eglise catholique, et puis du fait que la moindre des décences impose que celui dont on a défendu le droit à naître mérite qu'on le respecte en s'assurant que sera défendu son droit à vivre décemment, au minimum à survivre mieux que misérablement.





Les catholiques ne peuvent pas tout faire? Ils ont beaucoup donné? C'est vrai. Mais qu'ils tiennent une position équilibrée, s'ils ne veulent pas que les non catholiques se réfugient dans des utopies, des millénarismes temporels ou des idéologies. N'oublions pas que nos principaux péchés, si ce n'est les plus voyants, sont nos péchés par omission. Si nous oublions de défendre les droits de l'indigence autant que les droits patrimoniaux, nous passerons pour des gens à qui l'indigence est indifférente. D'autant plus que l'Eglise, étrangement, a l'air de préférer la politique du pire à celle du "moindre mal". Le pire, c'est de ne pas voir les choses comme elles sont. Si la société s'oppose dans ses individus aux principes de l'Eglise, c'est que la plupart des individus qui la composent naît tellement exposés au mal, tellement loin de l'Eglise a priori, enfants de familles monoparentales, de familles recomposées ou que sais-je... et n'étant pas conditionnés à être seulement capable de recevoir une éducation religieuse et la comprendre, que, si l'eglise ne prend pas leur défense en les considérant tels qu'ils sont et en ne préférant pas rester repliée sur son précarré qui se réduit comme peau de chagrin, les autres intérêts qu'elle cherchera à faire valoir au nom de principes supérieurs ne pourront pas être entendus.





Je ne dis pas que les évêques ont cet avantage sur les tenants de la tradition qu'ils ont compris cela : les évêques sont des centristes. Un chrétien doit éviter d'être centriste, mais il doit choisir son camp. Il est exact que s'opposent l'utopie du progrès mondial jusqu'à faire approcher le monde du paradis terrestre, et le réalisme un peu tristounet qui consiste à faire coïncider le plus possible la société avec le respect des conditions de la morale individuelle. Mais je crains fort qu'entre les deux, il n'y ait guère dès lors de marge que pour l'individualisme, et c'est ce qui est le plus tragique dans tout ce gâchis.






Le Torrentiel

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