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lundi 25 juillet 2011

Le cardinal bertone, assise et le 11 septembre

La lecture de la contribution du secrétaire d'Etat du Vatican sur Assise (III) (dans « l’Observatore vaticano (du 7 mars 2011 ») pourrait bien porter un esprit libre à risquer les quelques réflexions suivantes.


1. Qui aurait pu penser que le cardinal Bertone deviendrait un jour secrétaire d'Etat? Bernard billaud, dans son livre sur Jacques chirac, rapporte ce trait, que celui qui n'était alors que membre de la curie romaine, avec lequel lui-même et le cardinal Lustiger étaient au mieux, aurait dit à l'archevêque de Paris qu'il nourrissait de grandes craintes pour l'âme de Jacques chirac, dont il supposait qu'il était damné. Le cardinal Lustiger prit très à coeur cet avertissement du cardinal bertone; et autant il n'hésita jamais à se rendre aux invitations quasi hebdomadaires que lui faisait françois Mitterrand pour lui parler de la politique et de son âme en privé et comme en catimini à l'elysée, autant il incitait Bernard billaud à se méfier de Jacques chirac, un homme qui se croyait un destin (il y était favorisé, disait Billaud, par les gages que ui en donnait Jean guitton), et qui avait tout intérêt à prendre garde, s'y abandonnant, que son âme ne connût la damnation, comme le lui avait d'ailleurs fait entendre un mage africain:

"Tu échoueras deux fois à devenir Président de la République française; mais, quand tu le deviendras, ce seras pour ton malheur" (cet épisode a été narré par Jacques chirac lui-même au cours de la campagne de l'élection présidentielle de 1995 auprès de Daniel Bilalian sur la toute nouvelle "france II).

J'ai la faiblesse de croire que Tarcisio bertone et Jacques Chirac avaient une personnalité trop proche du point de vue du carriérisme pour qu'elles ne se reconnussent point. Je gage, mais peut-être est-ce gratuit de ma part, que le cardinal bertone savait ou avait envie de "faire un pas dans la carrière" et n'était pas fâché, quoique cela vînt à un âge où il n'était plus de première jeunesse, que benoît XVI l'eût nommé secrétaire d'Etat.


2. Il est aisément concevable qu'Assise puisse choquer, non seulement des traditionalistes, mais des esprits religieux. dans le contexte de l'ancien Testament dont nous sommes tributaires, rien n'était plus opposé à l'ancien Testament que d'oser rendre un culte aux "idoles" pour imiter "les nations" qui étaient en "abomination" à Yahvé à cause de ce culte. Rien ne pouvait plussûrement briser l'Union de ce peuple avec le créateur et, mêmement, le "verus Israel" ne devait pas douter qu'il ne pourrait "servir deux maîtres". Il n'était pas question d'envisager un instant de se commettre avec les faux dieux.
Assise a pu être interprétée comme une semblable compromission, il est difficile que cette interprétation soit dénuée de tout fondement théologique ou religieux.


3. D'autant qu'on n'a cessé d'en rabattre sur la manière d'organiser la réunion: alors que toutes les autorités religieuses coucouraient naguère pour prier en un lieu unique, courant jusqu'au risque d'idolâtrie la ferveur d'embrasser l'élément "sacré" de la religion des autres, la dimension de se retrouver "ensemble pour prier" tend à s'évanouir de plus en plus: on se trouve dans la même ville pour prier; on manifeste un souci commun de la paix; mais pour le reste, chacun chez soi ou, faute de mieux, , chacun dans l'édifice qui lui serait affecté pour prier son dieu, sous réserve de cette prémisse que "rien n'est plus contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme que la violence" (benoît XVI, Discours de Ratisbonne)!


4. L'eglise, en guerre contre le relativisme, ne peut guère adhérer à une telle intuition, qui pourtant émana du très féru d'histoire polonaise et du viscéralement nationaliste Jean-Paul II:

"La convergence des différences ne doit pas donner le sentiment de céder à ce relativisme qui nie le sens même de la vérité et la possibilité de l’atteindre"( Message à Mgr Domenico Sorrentino, 2 Septembre, 2006, Enseignements de Benoît XVI, 2006, vol. II , p. 190).

"La convergence des différences", c'est moins philosophique et beaucoup plus relativiste en matière d'"unions des contraires" que "la paix vers la vérité". Jean-Paul II, l'apôtre national, avait une fibre humanitaire de toute évidence BEAUCOUP plus développée que benoît XVI qui se méfiat de la dérive humanitariste dès sa première encyclique: "Deus charitas est". De la dérive humanitaire, mais pas du Nouvel Ordre Mondial (cf "charitas inveritate".


5. D'autant que l'on s'étonne de voir le deuxième Assise apporter sa caution religieuse à la condamnation d'un "terrorisme", qui peut aussi être perçu comme une réaction face à l'injustice de l'"Ordre Mondial". Il m'avait semblé percevoir un infléchissement dans la diplomatie vaticane entre la première et la seconde guerre du golfe. A l'angélus de septembre 2001, les Etats-unis d'amérique n'avaient pas encore affrété leurs blinders vers l'afghanistan, et surtout leurs pilotes, que la réaction contre le terrorisme était présentée par le Vatican comme mondialement justifiée. Après que Jean-Paul II eut franchement récusé la première "guerre du golfe", après qu'il eut été plus directement concerné par les guerres balkaniques, voici qu'à quatre ans de sa mort, sa condamnation unilatérale du terrorisme talibanesque a l'air de sonner le glas du premier pacifisme de son pontificat et de justifier ce qui était alors en train de se préparer: "la guerre préemptive contre l'ennemi invisible qu'était le terrorisme", la "guerre mondiale contre le terrorisme".
"Religieux de tous les pays, réunissez-vous pour remettre de l'ordre dans les manifestations désordonnées et spectaculaires qui font trembler l'ordre mondial.".


De fait, on a l'impression que ce "second assise" renoue, tous anachronismes étant inégaux par ailleurs, avec un certain césaropapisme, pour autant que l'on reconnaisse que Jean-Paul II avait cessé d'avoir la haute main sur sa diplomatie, et que le tournant marqué par benoît XVI, après les relations tendues que Jean-Paul II n'avait pas craint d'avoir sur le sol des Etats-Unis avec Bil clinton, semblait être à l'apaisement avec la puissance censée dominer le monde encore pour un certain temps. Cela non sans que le nouveau pape régnant ne ménage la puissance chinoise, cherchant à trouver des accommodements pour régulariser les évêques de l'"eglise patriotique", illicitement sacrés et sur l'illicéité des sacres desquels Rome, dès l'entrée en fonction de Benoît XVI? semblA prête à passer l'éponge, la réconciliation du Vatican avec la chine ayant été l'une des priorités de Benoît XVI, comme si le nouveau pape voulait avoir plusieurs fers aux feux, et comme s'il avait anticipé l'arrivée de la crise économique, qui ferait edes etats-Unis les vassaux financiers de la chine, capable de les mettre en faillite quand elle le voudrait!


6. Assise III ssemble enfin davantage être marqué par l'association à une réflexion des politiques et des "intellectuels" de la planète (reconquête culturelle façon "parvis des gentis") que par une volonté de se rassembler pour prier en une même cité (ous dépendance romaine) des autorités religieuses du monde. Le vatican n'a pas renoncé à cette initiative d'Assise, parce qu'il est le seul à pouvoir y inviter et à faire confluer vers une ville de la romanité l'ensemble des religieux de la planète. Mais on sent que, ce qui meut son secrétaire d'Etat et, sans doute, à travers lui, le souverain pontife, c'est bien davantage une volonté de faire se rencontrer l'élite mondaine, temporelle et culturelle, qu'une volonté d'organiser une prière en commun façon Lansa del vasto. De la prière en commun, semble ne subsister que le jeûne en commun. Mais c'est à quoi semble avoir à se réduire sous benoît XVI la démarche spirituelle d'assise. Les traditionalistes devraient ressentir que leurs revendications ont été largement prises en compte.


Julien weinzaepflen

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