« Au secours, du possible », faut-il crier en se précipitant pour sauver quelqu’un qui menace de mourir de désespoir, le désespoir prouvant qu’il y a des maladies qui mènent à la mort (il est la seule) et qu’il y en a d’autres qui n’y mènent pas, que conjure la victoire du Christ sur la mort. L’être humain vient instinctivement au secours de son semblable, attestant par cet instinct « altérophile » que son cas n’est pas désespéré. Le désespoir est un peu comme l’hérésie dont apparemment Janséniuset non pas Blaise Pascal disait que ce n’était pas le refus de la vérité, mais l’oubli de la vérité contraire par idolâtrie de la vérité ou véritolatrie. Le désespoir est un repli sur un des pôles de l’alternative psychologique : le fini, l’infini, le possible, la nécessité. Le désespoir vient au bout du refus de choisir la vie et il épuise ce refus. Le choix d’un des pôles de l’alternative est mortel. Pour conjurer la mort, l’espérant comme le désespéré voudraient trouver une issue. L’espérant la trouve en Dieu Qui, comme rien ne Lui est impossible, est l’absolu du Possible pouvant à son gré imposer Sa loi du miracle à la nécessité et à la finitude sans que le surnaturel ou le paranormal soient la fin de cette imposition. Le désespéré, puisqu’il croit, non pas que rien n’est impossible à Dieu, mais que rien ne lui est possible à lui, ne trouve pas d’issue et il en meurt. L’issue devient le synonyme du possible. La mort est une absence d’issue. Et la mort est ici d’autant plus certaine que le désespéré n’est souvent pas conscient de l’être. S’il s’infinise, c’est-à-dire s’il se narcissise ou qu’il se prend pour l’infini, il se trompe de dieu. Si au contraire il s’enferme dans la finitude, il passe bien dans le monde où personne ne peut deviner son enfermement. Il ne faut pas se fier aux apparences. Le désespoir et l’espérance ne sont que les deux faces d’une même médaille, l’un et l’autre ont trop cru à la vie. Le désespéré meurt d’avoir trop aspiré le possible. Il l’a trop inspiré, il meurt, dans un trou d’air, d’un trop d’air.
jeudi 27 novembre 2025
mardi 25 novembre 2025
Le progressisme, c'est la guerre
Hier, je me suis fait cette réflexion à propos du progressisme. Je veux parler du progressisme autoproclamé d'Emmanuel Macron, dans la roue d'un François Hollande qui voulait changer le nom du parti socialiste en "les Progressistes" (cf. "Un président ne devrait pas dire ça"). Ma réflexion pourrait se résumer par cette phrase à l'emporte-pièce inspirée de François Mitterrand envoyant sur le tard un coup de boule à la Zidane au nationalisme de sa jeunesse: "Le progressisme, c'est la guerre." Enfin ce progressisme-là. L'idée de progrès est innocente de ce bellicisme d'enfants qui n'ont jamais fait d'enfants ni fait la guerre, qui n'ont jamais joué qu'aux soldats de plomb ou combattu qu'avec des figurines ou des pokémons ou dans des jeux vidéos où l'on a trois vies pour se consoler de n'en avoir qu'une; ce progressisme dont la guerre est devenu l'imaginaire et qui se dit participer du "cercle de la raison" drapé dans des valeurs humanistes; ce progressisme qui a perdu la boule et la valeur de la vie humaine, mais aussi toute moralité, où l'ambition de la jeunesse se borne à devenir milliardaire, selon le rêve chimérique du banquier philosophe qui nous sert de chef de l'État; ce progressisme qui, de n'avoir pas fait d'enfants, peut imaginer sans frémir que, pour la guerre en Ukraine, il faut envisager de faire le sacrifice de ses enfants avant de se dédire ("Le CEMA n'a jamais dit ça") devant le tollé suscité dans une mentalité qui ne sait plus ce que c'est que le patriotisme, là où il y a cent ans, l'école faisait chanter la Marseillaise à des apprentis-poilus qui seraient bien partis la fleur au bout du fusil en chantant que les communistes étaient des fous d'exhorter la classe ouvrière au pacifisme alors que la bourgeoisie en faisait de "la chair à canon" (cf. Jacques Prévert, "la Crosse en l'air") comme aujourd'hui le CEMA Fabien Mandon dit avec quelle morgue cette bourgeoisie opportuniste et progressiste qui reste toujours la même fait peu de cas des enfants, qu'elle éduque pour en faire des VRP munis d'un BTS en commerce international ou d'un diplôme d'ingénieur import export: Jean-Michel Blanquer était directeur de l'ISSEC avant de devenir recteur d'académie puis ministre de l'Éducation nationale, il y a une cohérence dans ces incohérences: "Mourez, mais mourez donc, oui mourez pour l'Ukraine. Le progressisme, c'est la guerre", "la France, c'est l'Ukraine" et sa corruption, et "nous sommes en guerre" contre un petit virus.
Bien sûr qu'il faut sombrer dans le "tout ou rien" quand on fait le bilan des deux quinquennats d'Emmanuel Macron. Il restera dans l'histoire comme le président qui aura pris le risque d'une escalade vers la guerre mondiale après avoir confiné ses concitoyens et en avoir fait des masques sans visage à cause d'un petit virus et après avoir maté les Gilets jaunes en les éborgnant pour le côté punitif et en les faisant rentrer dans la niche grâce à la Grande supercherie inventée par Sébastien Lecornu qui trompait son monde (le leurre est dans le nom!) pour le compte de son maître.
Le bilan du progressisme est désastreux, restant sauve l'idée de progrès.
jeudi 20 novembre 2025
Ségolène Royal, "Qui va garder les enfants?"
Cher Philippe Bilger,
Je ne sais pas si vous avez assemblé artificiellement dans ce billet les trois personnalités de Ségolène Royal, Robert Ménard et Boualem Sansal que seuls l'actualité relie, mais si je vais du dernier à la première, car c'est la conception de celle-ci qui m'intéresse -et mon intérêt date de sa campane de 2007 où je ne regrette pas d'avoir voté et fait voter pour elle-, je dirais, en commençant par Boualem Sansal, non pas (encore heureux!) que je ressens de la haine pour ce personnage, mais que je n'aime pas son positionnement politique: il est le traître à sa nation, à sa civilisation et à sa religion que la droite française se cherche pour s'en faire un allié, un compagnon de route et un "idiot utile" pour cautionner son refus de l'immigration et son mépris de l'islam ou, pour parler comme il m'arrive de penser comme moi-même, son islamophobie résiduelle. La droite en a fait des caisses pour "pas grand-chose" dixit l'intéressé à propos de son incarcération d'un an, lui qui fanfaronne à sa sortie de prison après avoir transité par l'Allemagne par tropisme allemand du président Tebboune. Il remercie bien légèrement ceux qui se sont mobilisés pour lui, mais comme je n'en attendais pas beaucoup plus de ce George Orwell aux petits pieds, je passe outre pour en arriver à Robert Ménard qui ne m'inspire pas beaucoup plus et dont vous voudriez faire un parangon de l'amitié en politique parce qu'il plaide pour qu'on cesse de se haïr entre gens de droite, alors que le véritable enjeu est l'amitié politique entre les constituants d'un peuple, "l'amitié sociale" comme le plaidait mgr Laurent Ulrich lors du cent-soixantième pèlerinage national de Lourdes auquel j'ai participé en 2023, ou une "société de bienveillance et de tendresse", comme vous le plaidez vous-même dans le sillage de Ségolène Royal à laquelle je vais revenir, non sans me permettre d'abord un focus sur ce que vous dites de la haine.
Vous tenez la haine pour "un sentiment humainement inadmissible, intolérable, dont l’expression trop souvent libérée non seulement dégrade le monde démocratique mais la qualité de la civilisation faite de mesure, d’écoute et de respect."
Sans vous offenser, car j'ai aimé cette définition de la "doulce France" caractérisée par une certaine gentillesse, votre "société dbienveillance et de tendresse" est belle comme du Claude Guéant que je préférais malgré ses forfaits à Bruno Retailleau et à ses foucades inefficaces.
Je reconnais avec vous que la haine est un sentiment dégradant, mais c'est un sentiment. Pas plus qu'on ne doit faire "la police des arrière-pensées" (je croyais avoir forgé cette expression, mais vous m'apprenez dans un précédent billet que Laurent Wauquiez la reprend à son compte, il me l'a piquée!!!),on ne peut faire la police des sentiments. Le sentiment de haine a sa place dans la labilité des émotions humaines, des états d'âme et des états d'esprit: " Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir; un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser; un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter; un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler; un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix." (Ecclésiaste 3, 1-8):
On serait donc bien en peine de chasser la haine comme sentiment, ou plutôt la seule chose qui justifie de dégrader le haineux, c'est qu'il exhibe un sentiment dégradant pour la qualité de vie en société et pour des relations apaisées et civilisées. On dit que la politesse est un rempart contre la violence. De même, la civilité es le début de l'amitié sociale et cette civilité est portée par les "vertus féminines" dont parle Ségolène Royal avec constance, où que la porte par ailleurs le vent de ses ambitions politiques ou médiatiques.
Son ouvrage s'intitule "Qui va garder les enfants?". La question pourrait prêter à rire. On pourrait dire que sa rancune n'en finit pas de fermenter contre celui qui a eu l'indélicatesse de lui poser cette question misogyne et qu'elle a, au contraire, la délicatesse de ne pas nommer. Mais cette question renvoie à un mal social profond: notre société n'a plus de désir d'enfants(cf. l'essai d'Olivier Rey, "Défécondité", Gallimard), et ses enfants ne vont pas bien puisqu'à côté de la violence faite aux enfants, de l'enfance abusée, voire de l'enfance prostituée par ou avec la complicité de l'ASE dont le scandale a éclaté depuis peu -mais je n'en suis pas autrement étonné-, il y a la violence infantile, de plus en plus précoce, et comme une épidémie d'hyperactivité, de troubles du comportement, de l'attention, de la concentration, d'intolérance à la frustration, d'enfants qui se mutilent, se scarifient, font preuve dauto ou d'hétéroagressivité, se mettent en danger et mettent en danger les autres. L'inflation de ce mal-être infantile est un drame rarement abordé dans les médias d'importance et pourtant il est un symptôme inquiétant à la fois en lui-même et pour l'avenir de notre société. Donc en effet "qui va garder les enfants?" Ségolène Royal fait bien de reposer la question et de l'adresser à toute la société.
"L'approche féminine" que Ségolène royal a du pouvoir la situe au confluent du féminisme de "Nous toutes" et du collectif Némésis, de l'essentialisation des vertus féminines et aussi, malheureusement, de la victimisation féministe où les femmes seraient des mineures perpétuelles à qui les hommes ne donneraient pas leur place, alors que le pouvoir se prend, il ne se donne pas.
Mais cette approche paraît "très pertinente dès lors qu’on reprend la métaphore de la famille pour la nation, les gouvernants, les citoyens", écrivez-vous.
Voilà précisément ce que, pour moi, Ségolène Royal a apporté au débat politique et pourquoi elle aurait été plus "climatiquement correcte" que Nicolas Sarkozy si elle avait été élue présidente en 2007, même si celui-ci s'est révélé beaucoup moins clivant que notre président actuel, dont le prédécesseur François Hollande a eu beau jeu de dire qu'il allait réparer la France des fractures créées par Nicolas Sarkozy: non seulement il n'y est pas arrivé, mais il a apporté Emmanuel Macron dans ses bagages, comme "l'ami qui [voulait] du bien" à notre "ennemi de la finance".
Contrairement à une projection courante sur les termes de patrie et de nation, la patrie étant la terre des pères est une forteresse à défendre. Donc le patriotisme est par essence plus guerrier, non pas nécessairement que le nationalisme dans l'acception commune qui lui est désormais attachée, mais que la politique qui relève de la nation, car la nation procède de la naissance. Elle met l'accent sur la naissance plutôt que sur la terre. Or la naissance es un cadeau qui, par suite seulement, désigne un héritage. Et la naissance est de deux ordres pour accomplir son essence: elle est biologique et adoptive. On naît biologiquement, on renaît par adoption. Il y a des citoyens qui sont nés sur notre sol et il y a des citoyens par adoption qui ont choisi de s'y établir et que nous avons choisis d'adopter. Peut-être n'ont-ils choisi de s'établir sur notre sol que par défaut et de même rechignons-nous à les adopter, mais parce que la haine est un "sentiment dégradant", nous pouvons changer de braquet et, dans la tradition universaliste de la France à la fois monarchiste (la France a par exemple engendré la Russie de Pierre le Grand) catholique et révolutionnaire, nous pouvons non pas "faire nation", mais constituer une nation intégrative, dont une première expression imparfaite s'est incarnée dans la "France black-blanc-beur", mais son défaut était que les blacks et les beurs étaient assignés à résidence footballistique des "homo festivus". Je préfère à cette France celle non de Charlie, mais de l'union sacrée autour du Bataclan et plus tard de l'attentat de Nice qui en a été une réplique horrible, perpétrée le lendemain seulement du 13 juillet où le benêt François Hollande (encore lui!) voulait enfin abolir l'état d'urgence qui n'a jamais servi à rien.
Jean-Xavier de Lestrade, dans sa série "des Vivants" retraçant la reconstruction des otages rescapés du Bataclan qui se sont liés d'amitié, a montré une belle brochette de ces Français qui sont à la fois ce qu'ils ont toujours été et forts de ne pas s'en laisser conter ou entraîner dans les surenchères haineuses, même si Arnaud se félicite encore, dix ans après l'assaut donné par la BRI, d'avoir repris vie en baignant dans le sang de ceux qui étaient venus tuer des innocents, alors que son "potage" Sébastien, qui a sauvé une femme enceinte en lui tendant la main alors qu'elle "allait lâcher", son pied n'ayant trouvé qu'un tout petit point d'ancrage, non seulement verse dans ce qu'aujourd'hui, on appelle à bon marché un certain complotisme en se demandant, sous l'influence d'une autre rescapée devenue son amie, si la France a vraiment tout fait pour éviter ces attentats, mais encore montre de l'empathie, avec ou sans syndrome de Stockholm, et "cherche à comprendre" la haine viscérale des terroristes qui ne supportaient pas l'action de la France de François Hollande (on ne se lasse pas de ce socialiste néo-conservateur à la sauce Manuel valls des deux "gauches irréconciliables" tout en se révélant soluble dans le Nouveau front populaire comme la carrière de Valls se révéla soluble dans le macronisme) en Irak et en Syrie.
Ces rescapés comme Ségolène Royale sont au confluent de "la nouvelle France" de jean-Luc Mélenchon et de la France grand-remplaciste. Nous sommes des Français en transition de France comme nous l'avons toujours été, des Français en transit identitaire, réunis parce qu'au Bataclan comme à Nice, il n'y a pas eu de discrimination entre les morts, de même que, pour les vivants, si Français d'origine et Français d'adoption ne faisaient pas cause commune pour travailler au service de la France, son bâtiment et ses travaux publics, ses hôpitaux, sa police, son école et ses services sociaux pour ne parler que de ce qui compte vraiment, et même son modèle social, qu'on l'aime ou que l'on trouve qu'il nous coûte un "pognon de dingue" parce que les pauvres sont des irresponsables, se seraient écroulés depuis longtemps.