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dimanche 24 août 2025

L'affaire Jean Pormanove relève-telle de la liberté d'expression?

Il y a toutes sortes de biais par où prendre l'affaire Jean Pormanove. Les uns sont moraux: ce n'est pas bien de laisser mourir un pauvre type avec ou sans son consentement et de maltraiter son acolyte "handicapé sous curatelle". Ce n'est pas bien d'être voyeur. Ce n'est pas bien de pratiquer l'homophobie et l'handiphobie.


Les seconds biais sont sociaux: ce voyeurisme à grande échelle est un signe de décadence qui montre que l'école a failli, que le niveau de conscience de la société a baissé et à quoi devait aboutir la culture de masse, ici la sous-culture ou l'inculture de masse, résultant d'un complet décrochage scolaire et moral.


Les troisièmes biais sont politiques et servent de prétexte à faire un amalgame: c'est le biais de Philippe Bilger confondant dans une même détestation cette affaire Jean Pormanove et "Bloquons tout" où l'on craint de revoir une  recrudescence des Gilets jaunes, acte poujadiste récupéré par avance par LFI et le parti socialiste pour éviter toute dérive beaufiste -et non wokiste-.


Mais la clef de cette affaire nous est donnée comme d'habitude par les intéressés eux-mêmes: lorsqu'ils assuraient consentir aux mauvais traitements qui leur étaient infligés et s'alertaient de l'enquête lancée par Mediapart qui voulaient recueillir leur avis sur les sévisses qu'ils subissaient dans une société dont Gabriel Attal entendait qu'elle lutterait contre le harcèlement scolaire pour le venger de Juan Branco, JP et Coudou s'insurgeaient qu'on prétendît attenter à leur "liberté d'expression". L'expression "liberté d'expression" peut paraître galvaudée et employée à mauvais escient s'agissant de violence sur majeurs y compris protégés financée par des voyeurs anonymes. Prenons pourtant cette protestation pour ce qu'elle est. Après tout, ces streamers estimaient avoir le droit de s'exprimer comme ils lentendaient en se défoulant de leur mal-être sous les coups de leurs agresseurs. Ce n'est pas plus fou qu'un adepte des jeux sadomasochistes assurant n'être pas malade parce qu'il aime être fouetté, fessé ou malmené dans la clandestinité ou dans des soirées privées dédiées, c'est une des revendications à laquelle la société a fait droit sous les coups de boutoir (sic) du lobby LGBTQ+, ai-je appris à la lecture du livre de Manon Garcia, "Vivre avec les homme", fermons le ban, on na plus le droit d'en discuter. "Il faut bien que le corps s'exprime", même en étant opprimé, et "le divin marquis est un grand écrivain, réhabilité par cette grande autorité morale que fut Philippe Sollers, je ne discute donc pas, même si j'ai engueulé adolescent, en tenant très ostensiblement la main de ma copine qui me trompait allègrement, Philippe Sollers en direct dans une rencontre organisée à la BPI de Beaubourg par l'Institut national des jeunes aveugles. Je lui reprochais d'être un fieffé libertin et il devait me regarder en coin comme un romantique qui allait devoir perdre beaucoup de ses illusions.


En écoutant à déjeuner "le Magazine du weekend de "France culture" qui m'a révélé cette défense anticipée des futures victimes qu'il ne fallait pas rigoler avec leur liberté d'expression, il m'est venu que la liberté d'expression devrait distinguer entre le laisser-dire et lelaisser-faire. Mon esprit a été alerté par la présence dans cette émission d'un membre de la Quadrature du Net qui, avant de déplorer la mort du streamer par ce que la justice n'ose qualifier d'homicide involontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner, redoutait que le pouvoir en profite pour restreindre la liberté sur Internet.


Quelle liberté? Liberté de communiquer sous pseudonyme? Je rejoins Patrice Charoulet dans son combat contre le pseudonymat, je suis contre l'anonymat, même si le suivi des adresse IP permet de tracer les internautes qui ont dévié. Liberté de harceler ou de violenter? "Laissez passer, laissez faire?" Ce libéral-libertairianisme n'est pas non plus ma tasse de thé. Liberté de voler? De mémoire, la Quadrature du Net s'est fondée en réaction contre la loi Hadopi. Je ne dis pas que je n'ai jamais téléchargé illégalement, mais ce n'est pas la chose dont je suis le plus fier. Liberté de laisser prospérer des plateformes comme Kick qui veut dire "coup" et qui n'a accepté d'avoir un représentant légal auprès de l'Union européenne qu'après la mort de Jean Pormanove (alias Raphaël Graven)? Mais de qui se moquent ces tenanciers de bordel cybernétique? Ne peut-on pas fermer une plateforme spécialisée dans la violence et qui a mis en avant cette chaîne de gamers maltraitants? Certes, les États-Unis ont sous-traité Internet, invention de leur armée comme le Braille fut réduit à ce qu'il est aujourd'hui par le colonel Charles Barbier qui avait inventé une manière de communiquer en secret avec ses soldats, à des multinationales comme les GAFAM. Mais ça n'a pas empêché Donald Trump d'envisager d'interdire TikTok aux États-Unis si des sociétés américaines n'avaient pas de part dans le portefeuilles de la plateforme chinoise. Donc l'État n'est impuissant que parce qu'il a décidé de l'être, parce qu'il a choisi de ne pas donner de moyens à l'ARCOM de devenir le gendarme du numérique. 


La démocratie s'est toujours arrêtée à l'appel au meurtre et à plus forte raison à la commission d'actes violents. IL lui suffirait de se rappeler cette frontière naturelle. Au lieu de quoi la justice se montre très laxiste envers ces homicides: "Mais quoi! Ils dormaient comme des bébés quand Raphaël est mort sous leurs yeux fermés, ce sont même les spectateurs du live qui ont donné l'alerte quant à l'inertie de son corps aux deux bourreaux recrus de fatigue et plongés dans le sommeil du juste, donc Aucun tiers n'a provoqué sa mort." Aucun tiers, non, mais les actes de torture qui avaient lieu auparavant. La justice s'aveugle sur la chaîne de causalité qui est allée de la torture du streamer "casos" à sa mort à peu près comme elle s'est aveuglée sur la chaîne de causalité qui induit chez un enfant qui joue à trop de jeux vidéos qui relativisent la valeur de la vie humaine qu'il peut passer à l'acte meurtrier s'il n'obtient pas gain de cause, car il ne verra plus de différence entre le jeu et la réalité et devra prendre sur lui-même, dans une sorte de dissonance cognitive, de se constituer des valeurs que le jeu non seulement ne lui aura pas apprises, mais aura tout fait pour inverser. 


Au rebours, gare à celui qui pratiquera des stéréotypes de genre ou proférera des propos racistes, antisémites ou discriminatoires! comme si la liberté d'expression, ce n'était pas le dire, mais le faire. On punit le dire et on laisse faire le faire. Et on en meurt. Mais après tout, Pormanove ne fait pas un bon mort. La communauté qu'il a regardé mourir était essentiellement constituée d'hommes. Comme on sait, tout le mal vient des mâles. La mort de Jean Pormanove n'est pas un féminicide. Si ç'avait été un handicapé du genre Coudou, je ne dis pas, et encore. La mort de Coudou n'aurait pas fait la une des journaux comme la mort d'Ilan Halimy. 

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