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mercredi 11 octobre 2023

La France entre islamo-gauchisme et israélo-droitisme

Il ne faut pas "soutenir absolument Israël". Au nom de quoi le faudrait-il? Mais tout se passe comme si, à côté de l'islamo-gauchisme incarné par LFI qui était à l'origine un ramassis de vieux profs et n'intéressait pas beaucoup l'électorat musulman, il y avait désormais  l'israélo-droitisme de la bande à "Causeur" qui, d'Éric Zemmour à Éric Ciotti, nous assure que notre avenir est la libanisation israélienne comme il aurait fallu auparavant, selon Ciotti, que nos services de sécurité intérieure s'alignent sur l'infaillibilité des invincibles services de sécurité intérieurs israéliens, on voit aujourd'hui qu'il n'en est rien.


La France se débat entre l'islamo-gauchisme et l'israélo-droitisme, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de gauche et de droite française. La rhétorique du nationalisme israélien prétendait qu'Israël était le dernier bastion où pouvaient se réfugier les juifs s'ils étaient persécutés ailleurs, quel est notre refuge à nous si nos partis politiques ont renoncer à penser en fonction de notre intérêt national? 


L'israélo-droitisme se répand jusqu'au RN qui reprend le flambeau du sarkozysme abandonné par tout le reste des Républicains. C'est le prix de sa déextrémisation, dédiabolisation, normalisation ou banalisation.


Reconnaissons à l'israélo-droitisme qu'il est fidèle à la tradition qui avait justifié la guerre d'Algérie par les attentats et les exactions, qui n'avaient certes pas été commises à cette échelle, du FLN dans le pays comme le Hamas a lancé une offensive d'une sauvagerie dont je ne vais certainement pas approuver la barbarie tortionnaire et les crimes de guerre, et j'emploie à dessein cette expression de "crime de guerre", car je trouve tout à fait honnête de refuser de les analyser avec Mathilde Panot comme des "crimes du terrorisme", car ce qualificatif ferme la porte à toute analyse politique d'un conflit en cours. Et si rien ne justifie la torture, les viols et les enlèvements qui sont pourtant le lot commun de toutes les guerres, Israël qui vit son 13 novembre a laissé Gaza être "une prison à ciel ouvert" confiée à la garde du Hamas sans que "la seule démocratie du Proche-Orient" s'insurge le moins du monde contre les pratiques anti-démocratiques de cette "organisation terroriste" ni ne s'élève comme par le passé contre le fait qu'aucune élection ne soit organisée dans le reste de la Palestine où Mahmoud Abbas, personnage devenu un fantoche inoffensif et bientôt nonagénaire installé par Israël, n'a jamais remis son mandat en jeu.


Oui, j'estime, non pas que Jean-Luc Mélenchon, mais que la France insoumise a eu un discours beaucoup plus mesuré et beaucoup plus équilibré à l'occasion de ce 13 novembre israélien qu'elle ne l'a eu contre la guerre en Ukraine, Israël n'ayant jamais soutenu les Ukrainiens comme les Européens se sont mouillés pour le faire au risque de transformer leur Europe de la paix en Europe de la guerre. Mais surtout, l'islamo-gauchisme de LFI s'est montré beaucoup plus équilibré dans l'analyse du traumatisme causé par le Hamas que dans son soutien unilatéral des émeutiers contre les policiers à l'occasion des échauffourées qui ont suivi la mort de Naël, ce héros de notre patrie qui n'a jamais rien fait pour elle et ne promettait pas beaucoup sur ce chapitre patriotique. La dissymétrie de ce discours islamo-gauchiste, équilibré au Moyen-Orient et unilatéral en France ou en Europe de l'Est, tient à ce qu'il n'y a plus de politique française. C'est peu dire que c'est regrettable.


Les Israéliens n'ont rien fait pour éviter leur 13 novembre alors que, même si François Hollande était très va-t-en-guerre en Syrie, nous n'avons jamais maltraité nos immigrés. Mais les Israéliens ont déjà commencé de transformer leur 13 novembre en 11 septembre en coupant l'eau et l'électricité de tous les Gazaouis et en envahisant la bande de Gaza. Car qu'a produit le 11 septembre? Après la chute du temple du Capital qu'étaient les tours jumelles et la leçon difficile à avaler pour les Américains qu'ils n'étaient pas invincibles, celle qu'ils en ont tirée fut la guerre contre le terrorisme, c'est-à-dire la guerre mondiale contre la guérilla, et plus tragiquement la guerre de la coalition contre l'Afghanistan, qui s'est soldée par la remise du pouvoir afghan aux mains des Talibans, quelle grande victoire! Voilà qui en dit assez long sur les ripostes disproportionnées dont les commanditaires estiment que certaines vies valent plus que d'autres. 

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