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samedi 9 mai 2020

L'Europe dans "le monde d'après"

C'est rare, mais il arrive que les catholiques me fatiguent. Tous les catholiques sont de ma famille, mais il arrive que l'on aille à reculons aux fêtes de famille.

M'a fatigué l'attitude qui a consisté à nous expliquer que l'absence deucharistie était un bien dans cette période de confinement. Mieux n'eût-il pas valu ressusciter l'esprit des catacombes?

M'a fatigué le fait (que j'ai trop abondamment commenté sur le blog de rené Poujol) de jeter à la vindicte publique la réaction sur certains points excessive de courageux évêques et cardinaux qui ont dû se dédire, dénonçant l'expérience orwellienne qu'on a faite sur nous à la faveur de cet absurde confinement plein de contradictions et décrété quasi mondialement pour ce seul virus. Le texte serait "complotiste", s'insurge "La Croix". C'est donc plié puisque démêler les mobiles d'une action et imaginer qu'elle puisse être concertée n'est plus une preuve d'intelligence, laquelle a perdu, avec la légitimité de démasquer les complots, la faculté de discriminer.

Ce soir, le même quotidien catholique nous relaye une tribune des députés européens "Renaissance", donc "En marche", nous affirmant que l'Europe est de retour alors que l'Union européenne a plus que jamais, si l'on peut dire, fait la preuve de son inefficacité. C'est fatigant.

https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Union-europeenne-troisieme-etape-2020-05-08-1201093248?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_content=20200509&utm_campaign=NEWSLETTER__CRX_JOUR_EDITO&PMID=6c6207cf973a7c0a7bfc56bfa12872d0&_ope=eyJndWlkIjoiNmM2MjA3Y2Y5NzNhN2MwYTdiZmM1NmJmYTEyODcyZDAifQ%3D%3D

On ne peut pas la commenter sur "La Croix", aussi je le fais ici.

Le chapô donne le ton et l'idée principale de la tribune: "Non, l’Union ne se défait pas. Elle progresse, en terrain miné, mais progresse vers l’union politique." On a vu ça. Veuillez quelque chose que vous n'avez pas avoué et dites que le moment de le mettre en œuvre est venu. Soyez fédéraliste, ne le dites pas et dites quand ça vous chante que le moment est venu de fonder la fédération à laquelle vous aspiriez.

La tribune commence par dire que "[l'Union européenne] n’a jamais été loin [de se défaire] depuis que Robert Schuman en [a] jeté les bases. Mauvais signe, non? Comme celui, avoué par un Chirac fatigué au soir d'un interminable sommet européen, que la politique européenne avait toujours été une suite de recherches de [mauvais] compromis. Le compromis serait-il notrenouvelle volonté politique? Quelle désillusion pour une utopie nécessairement idéaliste!

Quant au charbon et à l'acier qui furent les causes conjoncturelles de l'Union européenne, les mines de charbon sont noyées et la sidérurgie est détruite. Si on juge l'arbre à ses fruits, les fruits sont amer. Ça n'empêche pas la fondation Robert Schumann d'en rajouter: "Il nous faut trouver le charbon et l'acier d'aujourd'hui". Pour les détruire eux aussi?

"La critique faite à l'union" "n’est pas d’avoir trop existé mais pas assez", continue la tribune. La critique est plus précise. Elle est que les nations européennes se sont repliées sur elles-mêmes dès que le risque de pandémie fut venu. Elles se sont repliées sur leurs frontières naturelles et sur ce qui les faisait exister comme familles. L'Union européenne n'a pas "assez existé" car elle n'existe pas, en dehors d'être un pur constructivisme politique.

L'Union européenne est encore moins une puissance, sauf à être la somme des puissances économiques et vaguement politiques des nations qui la constituent. La seule manière pour l'Europe de devenir une puissance serait de constituer une défense commune. La CED (communauté européenne de défense) a été repoussée en 1954, mais Emmanuel Macron a eu raison de la remettre en avant. Nul échec n'est définitif. Il faut commencer par là, la communauté de défense. L'Union monétaire existe et on n'en sortira pas. D'ailleurs c'est tant mieux . L'Union politique est une chimère. La politique étrangère commune n'a presque pas d'intérêts communs. ♀Ça peut paraître paradoxal, mais si nous voulons qu'existe une puissance européenne, il faut que cette puissance soit militaire et que la puissance militaire précède l'union géopolitique. Cela vaut mieux que de réaliser la méthode prônée par Jean Monnet et résumée par Michel Rocard lors d'un petit déjeuner au Procope auquel je me flatte d'avoir participé (le Procope est le plus vieux café de Paris, le petit déjeuner y coûtait 100F, c'était en 1999): "procéder à une union technique aux fils suffisamment solides pour qu'elle soit irréversible", autrement dit unir l'Europe malgré elle, par capillarité et au forceps sans le lui dire, créer un totalitarisme "bienveillant", où"la démocratie ne saurait être supérieure aux traités européens" (Jean-Claude Juncker).

Le groupe "Europe renew" (on appréciera l'anglicisme à l'heure du Brexit) propose la relance de l'Europe par la dette, les générations futures apprécieront, elles pour qui on lutte contre le supposé réchauffement climatique, à l'heure où "la royauté primitive" de la politique des progressistes s'imagine à nouveau qu'elle peut faire la pluie et le beau temps.

"Beaucoup a été fait mais tout reste à faire", lancent nos députés pour continuer à faire de la politique à coups de slogan, en ne se rendant pas compte que c'est dire que rien n'a été fait et si rien n'a été faiten 70 ans, pourquoi croire qu'on va tout faire maintenant?70 ans, c'est le temps qu'il a fallu à l'utopie communiste pour mourir en Europe. Je dis bien en Europe, car un quart de l'humanité reste sous la cloche et l'emprise du communisme dans sa phase capitaliste, dans la dictature chinoise de Xi Jinping. L'Europe serait "un bunker des libertés (sic) et de la protection sociale face à [cette] Chine qui jette ses lanceurs d’alerte en prison et à des États-Unis où la couverture médicale pour tous est encore regardée comme relevant d’un programme d’extrême gauche ou, pire encore, européen."

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