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samedi 23 avril 2016

Jean-Louis Debré, le droit d'asile et l'homme de la rue

J'écoute en finissant de dîner l'interview de Jean-Louis Debré par l'équipe d'"On n'est pas couchés".
Troistemps dans mon écoute:
1. J'ai voué allégeance à Jean-Louis Debré depuis qu'il a donné la parole à un homme de la rue, ce que personne n'avait fait avant lui, pas même l'abbé Pierre.
J'entens faire à cette plume d'un SDF une "déclaration d'amour" à Lionel Jospin. J'apprécie que les gens que j'apprécie s'apprécient.
2. Yann Moix le somme avec agressivité de regretter d'avoir servi Maurice Papon, ministre du budget de Giscard, en tant que membre de son cabinet.
Jean-Louis debré commence par plaider comme Maurice Papon: "Je ne savais pas". Et sous la violence rétrospective de l'attaque, on le comprend.
L'ancien membre du cabinet de Papon se félicite d'avoir démissionné très rapidement du cabinet d'un ministre dont il n'appréciait pas la personnalité.
Yann Moix se défend de lui demander d'avoir connu le passé de préfet vichyste de Maurice Papon, mais veut qu'il désavoue les ratonades ordonnées par Maurice Papon sous le gouvernement de son père, Michel Debré.
Yann Moix, au nom de la lutte contre l'antisémitisme par déplacement sur le 19 octobre 1961, demande à Jean-Louis debré de renier son père, comme Samuel Etienne l'avait fait avant lui pour Marine le Pen devant un public de lycéens. Je crois qu'il n'y a pas de pratique journalistique plus dégueulasse.
Je ne confonds pas Samuel etienne et Yann Moix. Le second a du talent et même un peu de fond, le premier s'est de lui-même ravalé au rang de bateleur à QUPC (rien à voir avec la question prioritaire de constitutionnalité...). mais je les renvoie à la même indignité d'exiger de leur interviewé qu'il renie ses ascendants à la faveur d'une interview.
3. J'aimais Jean-Louis debré pour avoir donné la parole à un homme de la rue, mais je remercie Léa Salamé de m'avoir rappelé que c'était lui qui avait remis les "sans papier" de Saint-bernard dans la rue à coups de hache, en violation du droit d'asile, reconnu comme privilège aux bâtiments d'Eglise depuis la christianisation de l'Empire romain, privilège sanctionné comme le premier bienfait de la civilisation chrétienne par Saint Augustin soi-même au début de la Cité de Dieu.
Jean-Louis Debré ne regrette pas d'avoir enfoncé les portes d'une église à coups de hache. Du coup c'est moi qui me bats la coulpe d'avoir la mémoire courte, et reconnais que mon allégeance à l'homme qui a expulsé dans la rue des gens accueillis dans une église pour finir par donner la parole à un homme de la rue, que mon allégeance à un nouveau gambetta à l'anticléricalisme ricanant, que cette allégeance a du plomb dans l'aile...
Mes ailes rognent sous le plomb et n'aiment pas à se renier. Quand donc serai-je fidèle à un homme cohérent? Mais la cohérence n'est pas dans la besace humaine, en dépit des serments.
Ce ne sont pas nos positions qui changent, ni même le vent qui tourne plus vite que la girouette, ce sont les paramètres de nos positions qui se déplacent.

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