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samedi 11 mai 2013

Les droits de l'homme et le décalogue

Pour rené cassin, les droits de l'home constituaient une laïcisation nécessaire du décalogue, ainsi que le note, en qualité de témoin et d'ancien collaborateur de René cassin, , André chouraqui, dans sa préface à son ouvrage "Les DIX COMMANDEMENTS AUJOURD'HUI, DIX PAROLES POUR RECONCILIER L'HOMME AVEC L'HUMAIN" (Robert Lafont), sans l'intention polémique de Jean Madiran, qui tire parti de cette volonté de laïciser le décalogue, qu'il a repérée lui aussi, pour appeler cette charte laïque de droits "les droits de l'homme sans dieu", Qui n'y est en effet jamais cité et n'en est au mieux qu'un référend indirect, dont les rédacteurs de la charte ont en outre "singé", selon le polémiste catholique, le mode de révélation législative. Or singer Dieu est l'oeuvre du diable, donc les droits de l'homme font oeuvre diabolique, d'autant qu'ils ajoutent à l'imitation la subversion de l'inversion, Dieu ayant édicté un catalogue de devoirs que l'homme a transformé en un catalogue de droits. De fait, André chouraqui constate que, pour cinquante-neuf occurrence du mot "droit" dans "La déclaration universelle des droits de l'homme", on en trouve une seule du mot devoir, pour souligner "les devoirs de l'individu envers la communauté" (art. 29). "Pourtant, ajoute André Chouraqui, si l'homme accomplissait ses devoirs élémentaires, dont les principaux sont précisément contenus dans les dix commandements, une déclaration concernant ses droits ne serait pas nécessaire." On a demandé à rené cassin pourquoi il n'avait pas rédigé une déclaration des devoirs de l'homme parallèlement à celle de ses droits. La réponse de l'éminent résistant et juriste fut double : 1. D'abord René cassin impute le fait au contexte historique: "Quand on vient d'un état de négation des droits, les gens qui arrivent au pouvoir veulent proclamer leurs droits et non leurs devoirs." 2. Mais sous l'attention exclusivement portée aux droits, René Cassin assure que sont cachés les devoirs : "Le droit, c'est comme une enveloppe : il y a l'extérieur et l'intérieur.L'extérieur, c'est le droit du créancier ; l'intérieur, c'est l'obligation du débiteur. Seulement, ce n'est pas une obligation individuelle ordinaire d'un homme envers un homme, c'est une obligation universelle". On peut contester que les devoirs de l'homme soient cachés en creux dans ses droits. Mais André chouraqui, à qui je dois ces citations de René cassin, sert encore mon propos d'une autre manière. Lorsqu'il résume la déclaration des droits de l'homme, il les désigne comme suit : "la primauté de la loi, de la liberté, de l'égalité et du devoir de fraternité envers les hommes."Sous sa plume, un quatrième tiers entre en scène : la LOI. André Chouraqqui est un homme du décalogue qui pense à la fois que le judaïsme s'est universalisé dans l'éthique qu'il a proposée au monde, et que l'homme s'homminise en devenant capable d'obéir à une loi et "responsable de ce commandement" (emmanuel Lévinas définissant la sainteté de l'homme) -. André Chouraqui n'est pas le premier à affiner la formulation des droits de l'homme : la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne nous en donne un autre exemple en les hirarchisant en "dignité, liberté, égalité et solidarité". Dans cette hiérarchisation européenne, la dignité devient le quatrième tiers qui occupe la première place dans la hiérarchie. "La dignité occupe dans la charte de l'Union Européenne la place qu'occupait "la loi" dans la reformulation de chouraqui. Il s'agit d'une nuance d'inspiration, "la dignité" étant devenue une des valeurs clefs de la doctrine sociale de l'eglise. Or, de même que "la loi" montrait que, sans une conscience de devoirs, la promulgation de droits de l'homme est purement déclarative, "la dignité" démonte la fiction d'un droit de naissance. Les homes naissent moins libres et égaux en droit, ce qui n'engage à rien, qu'il ne s'agit de reconnaître que chacun peut atendre des autres une reconnaissance minimale de sa dignité. Poser come non négociable cette moindre des reconnaissances a cet avantage sur la fiction juridique d'un droit de naissance : c'est qu'on s'élève avec réalisme au-dessus de la nature, qui serait enclin à répondre à toutes nos protestations revendicatives qu'aucun homme n'a droit à rien. Même à supposer qu'il n'ait en effet droit à rien, on n'en doit pas moins respecter sa dignité. Quant à la fraternité, la charte européenne ne sait tellement pas quoi en faire qu'elle ne la cite même pas. Elle n'ose pas dire que c'est un devoir, alors elle la transforme en un droit moindre, lui aussi vérifiable et plus facile à mettre en oeuvre : le droit à bénéficier de la solidarité de ses semblables, ce qui induit un devoir de solidarité, dans l'enveloppe plus transparente que n'était la déclaration universelle. André chouraqui ne s'embarrasse pas de telles précautions : dans sa nomenclature, il érige carrément la fraternité au rang de devoir et non dedroit. Il se permet ce glissement, parce qu'il a dû réfléchir au fait que la fraternité est le droit de l'homme qui se dérobe le plus au registre du "comander et obéir". Et en même temps, il est le droit de l'homme qui oblige le plus. Autant le faire sortir de la nomenclature des droits pour en indiquer la vraie nature, qui est d'être un devoir. La fraternité est donc le seul droit de l'homme qui ait un caractère opératoire réel, parce qu'il ressortit, non de la revendication protestataire, mais de l'obligation éthique.

2 commentaires:

  1. Et naquit la soft law et la black law : les conduites tortueuses et les sophismes ont repris du service sous couvert de communautarisme. La dignité renvoie aux privilèges acquits, et il faut les défendre avec les chartes....

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  2. Cette police d'écriture rend le texte illisible. Je n'ai donc pas su le lire jusqu'au bout...

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