Pages

dimanche 5 mai 2013

Le jugement qualifiant, le filtre névrotique et le surplomb de l'Esprit

LE JUGEMENT QUALIFIANT Je me demande pourquoi on affecte toujours de ne pas émettre de jugement de valeur, et pourquoi on donne au "jugement" le complément de détermination "de valeur", comme si juger, ce n'était pas évaluer. Dire que l'on compte s'abstenir d'émettre tout jugement de valeur relève du subterfuge de l'hypocrisie qui n'assume pas d'avoir une hiérarchie intérieure et discriminative, c'est-à-dire intelligente (j'ai bien dit discriminative et non pas discriminatoire). Je pense qu'on progresserait dans l'abstention de juger si on s'en tenait à espérer ne pas émettre de jugement à caractère qualifiant puisqu'aussi bien, notre peur du jugement, d'où procède l'injonction des auteurs inspirés d'avoir à ne pas juger, procède d'une angoisse abyssale d'être disqualifiés ; sans compter que le péché originel, qu'on l'interprète comme un mythe ou comme une réalité quasiment littérale (cela n'importe pas ici), . n'a pas seulement eu pour conséquence d'obliger Dieu à entrer dans la distinction catégorielle, qualifiante et paradigmatique, mais il a pour origine la disqualification de la Parole divine, disqualification allant jusqu'à suspecter une perversion de l'interdit en soi, comme prélude à une transgression obligée. LE FILTRE NEVROTIQUE Peut-être vais-je émettre une hypothèse sacrilège, chef d'accusation dont je prétends me couvrir en n'assumant pas cette pensée comme ce que je crois, et en me contentant de lui assigner le statut de supposition ; mais quitte à être suspecté à mon tour de disqualifier la Parole divine, je ne puis m'empêcher de croire que la Parole où le christ assortit le refus de croire en Lui à la pénalité d'une condamnation ("Qui croit en Moi sera sauvé, et qui ne croit pas en Moi sera condamné", relève du passage de l'inspiration divine de la Parole incontestable au filtre névrotique de l'auteur inspiré qui en fut le canal de transmission et de réception. Cette peur de la condamnation joue sur le sentiment de culpabilité, dont la dérive pathologique montre qu'il s'agit d'un ressort qui saisit l'enfant au plus réactionnel de son cerveau reptilien, au même niveau que la peur de la disqualification, qui a plus de prise sur nous que celle du cannibalisme exercé contre nous. En efet, être mangé, c'est être assimilé, c'est donc exactement le contraire d'être disqualifié, cela caresse notre rêve de confusion heureuse au chaos du syncrétisme télépathique ou ou au paradis de la compréhension universelle. Le sentiment de culpabilité raisonné et qui arrive à ne pas céder à sa dérive pathologique est celui qui accepte de répondre de ses actes, qui lie la culpabilité éventuelle à la responsabilité et qui distingue la culpabilté réelle de la culpabilité imaginaire. Il faut certes peser ses actes devant dieu et, en morale pure, en morale de vie, accepter de confesser nos péchés devant les hommes pour les prier de bien vouloir nous en excuser, tout en n'en attendant le pardon que de dieu. Mais en morale de survie, c'est-à-dire en morale réelle, pratique, individuelle, il est souvent officieux de se mentir à soi-même, si on ne peut mentir à Dieu, et avantageux de mesurer ses excuses pour n'en adresser que si on est intimement convaincu d'avoir le plus grand nombre de torts objectivement répréhensibles. Mais ce lâche excursus sur la morale de survie ne devrait pas trouver sa place ici. Otez la peur de la condamnation et le complexe de persécution – malheureusement élevé au rang de béatitude – de l'adhésion à l'evangile, et le salut cesse d'être épais comme un chantage pour s'approfondir comme le Mystère d'une nécessité intérieure. Allez-vous me dire que je n'ai pas le droit de passer au crible de mon propre filtre ce qui relève du filtre de la psychologie de l'auteur inspiré dans le texte sacré ? Bien sûr, mais alors pourquoi demander aux musulmans d'expurger le Coran sans s'obliger soi-même, non pas à déclarer tel verset de notre Bible caduque, mais à s'interroger sur les conditions de production psychologique dudit verset, soupçonné par nous de caducité, attitude qui est à la fois beaucoup plus simple et plus intellectuellement honnête et rigoureuse que celle qui consiste à isoler une hypotétique "source q", distincte du diatesaron ou de la didakè, et, au regard de cette source postulée, de déclarer quelles Paroles de l'evangile sont authentiques et quelles paroles sont apocriphes. J'ajoute, moi qui me pique d'adhérer sans réserve à tous les articles de foi des différents symboles promulgués par l'Eglise, qu'à aucun moment, celle-ci n'établit de corrélation nécessaire entre adhésion au kérigme et conception de l'enfer comme directement subséquente au refus decroire, ou nécessité de la tribulation persécutrice comme confirmation du message. Cela m'autorise à envisagerque ces relations soient accidentelles. Qu'est-ce qui reste de la foi quand on en ôte tous les aiguillons directs que sont la persécutions pour le temps et le chantage à la vie éternelle ? Rien en termes d'incitation directe à capitaliser du zèle à pêcher pour Dieu des âmes de pécheurs, mais tout en termes de nécessité intérieure et vitale, ainsi que de gratuité de l'annonce, d'une annonce quine reste pas silencieuse. La Foi rend "un son d'intériorité" à nos vies, soulevées par et à la Force de dieu. Qu'est-ce qui reste de la foi, "supplément d'âme" à notre vie naturelle et à notre condition charnelle ?L'essentiel, à commencer par la beauté du geste, que dis-je, de l'acte, à commencer par la beauté du croire qui est plus qu'un refuge et une chance : un choix, une orientation fondamentale, un "vouloir foncier". LE SURPLOMB DE L'ESPRIT Dans la mondanité de notre religion naturelle, nous nous laissons le choix entre l'hérésie confusionniste (je suis uni à la création par une télépathie générale qui abolit toute frontière entremoi et l'autre) et l'hérésie solipsiste, dont la traduction philosophique est que l'autre est un singulier limitateur de ma liberté, vis-à-vis duquel je suis situé à (ou dont je suis séparé par) une distance infrangible, distance qui devient même la condition de l'amour et l'alibi de celui qui s'enferme dans sa tour d'ivoire pour asséner de haut que l'on naît seul, on est seul et on meurt seul (comme disaient mon père ou le patriarche Job), alors qu'on naît avec l'assistance du maïeuticien-accoucheur, de la sage femme ou au moins du travail de sa mère pour nous mettre au monde ; on vit en conduite accompagnée, et on meurt, de préférence muni des derniers sacrements ou au moins, à défaut, assister des siens ou du personnel soignant qui nous aide à passer. Or il y a une perspective alternative aux hérésies confusionniste et solipsiste, celle que le P. Jean schmuck m'a soufflée hier à la messe, (ainsi qu'à tous ceux qui y - /et en –participèrent) 1. L'Esprit nous habite en permanence, moyennant quoi nous ne sommes jamais seuls, quoi qu'il arrive, ce qui ne doit pas nous empêcher de rétablir des relations de voisinage réel avec nos prochains d'existence. 2. Mais l'Esprit habite aussi tout homme quenous rencontrons, que cela soit latent en lui ou pleinement manifesté à sa conscience, de sorte que, surplombant la télépathie générale qui n'est déjà pas une mince consolation, mais a des relents d'immanence cahotiques, il y a l'Esprit qui situe ces rencontres que nous méritons au ciel de l'hors espace-temps, celui-là seul où Règne le dieu Quia donné son sens à la Création. L'esprit est en nous comme notre avocat auprès de dieu et, en tant que de besoin, comme l'avocat de dieu auprès de nous, Qui ne le laisse pas accuser par le satan, que la genèse appelait le serpent. Mais il est aussi plus prosaïquement un consolateur que nous ne devons pas contrister avec ingratitude. L'esprit surplombe la télépathie générale pour nous éviter les impasses des hérésies confusionniste et solipsiste, voilà qui me permet accessoirement d'envisager avec moins de hauteur condescendante (la condescendance est une fausse distance) l'hypothèse émise par le P. Gustave Martelet (SJ, avec lequel j'ai eu le privilège de m'entretenir), que l'homme est entièrement et matériellement mortel, fort l'esprit, qui échappe à la mort parce qu'Il répugne à toute localisation cérébrale. 3. Mais le P. Jean Schmuck ajoutait autre chose : "Nous et l'Esprit-saint décidons ce qui suit… (ates 15:22). Cela devrait entraîner les croyants à faire plus de cas de l'esprit dans leurs assemblées délibératives. Mais la prise en compte de l'Esprit dans toutes les composantes et réalités humaines, y compris politiques, pourrait favoriser la mise en œuvre, non de ce que j'appelle avec un peu trop d'enthousiasme le providentialisme démocratique, mais de ce qu'il y a de providentiel dans la démocratie, qui est beaucoup plus qu'un moindre mal dans la prise a minima des décisions conservatoires du bien commun.

1 commentaire:

  1. C'est ainsi qu'on fini par entendre des voix qui nous habitent. De quel esprits sommes nous faits ? L'esprit précède la raison. La raison n'est plus la foi de l'état. L'état va nous fabriquer des esprits ou nous en vendre. L'esprit d'entreprise, l'esprit de conservation, etc... il ne s'agit plus de l'incarnation mais de l'évaporisation.. AZOTE...contre couche d'ozone.

    RépondreSupprimer