Troisième chronique
Ce 9 juillet 2010
UN PARFUM DE DEBANDADE
Faut-il que cette chronique soit structurelle ou conjoncturelle, grave ou drôle ? Elle pourra souvent tirer la structure de la conjoncture. Quant au point de savoir si elle tient de la satire du chansonnier ou du prêche du jésuite, vous me pardonnerez d'être une sorte de réincarnation du Père duval, bien qu'il soit mort après que je suis né, ce qui invalide cette hypothèse. Mais je suis comme lui une "calotte chantante" à cela près que j'ai été défroqué avant que d'être ordonné puisque j'ai manqué à l'appel.
Il règne ces temps-ci, en France, un curieux parfum de débandade qu'aperçoivent tous les médias s'ils ne l'entretiennent pas. Le Président Nicolas traverse sans doute la période la plus dure de son quinquennat. On peut sans mentir dire qu'après la crise économique qu'ils n'avaient pas vu venir et qui éclata le 25 août dernier, nous sommes en phase de crise politique sur laquelle ils ne pourront guère intervenir, mais que ces messieurs-dames auraient dû avoir prévue, s'ils avaient été moins légers. Vous voyez que continue toujours le dilemme entre la légèreté qui nous conduirait à ne rien prendre au sérieux et la gravité qui nous ferait tout prendre au tragique. Est-ce qu'en dehors de l'ordre spirituel, existentiel et destinal, tout n'est que pantomime ou est-ce qu'il faut avoir le sens du tragique au risque de s'ennuyer ferme, en pisse-froid mal baisant et que son impuissance confit en dévotion d'hypocrisie recuite ? Ma chronique n'est qu'une réflexion impuissante sur le pouvoir et ses abus, qui ne me conduit pas à vouloir le prendre. Que d'aucuns puissent y trouver un manuel pour prendre ce pouvoir qui ne se donne jamais qu'à ceux qui s'en emparent (tout n'est que coups d'Etat dans nos affaires d'etat), j'en serais ravi pour eux. Mais je sais bien que la plupart considéreront que ces chroniques à rallonge n'ont pas de raison d'être. Que détaillent-elles ? Des choses cachées ? Pas du tout : je ne me tiens pas en embuscade pour débusquer quoi que ce soit. Ces chroniques ne dévoilent que des inaperçus qui, nullement, ne sont inédits, mais forment un écheveau factuel dont ceux qui n'aiment pas mon entêtement à le mal ficeler considèrent certainement qu'étant un ensemble d'inaperçus, il valait mieux qu'il restât tu. Non, je ne me tairai pas. Croyez-vous que la sollennité dont je viens de faire preuve trahisse en moi un pamphlétaire qui a toujours la dénonciation à la bouche, quoique celles-ci ne soient jamais calomnieuses ? Vous n'y êtes pas. Ce délateur est balancé par le fait que tout ça me fait rire, de ce rire mauvais de la dérision qui a pris notre époque et qui, peut-être, l'achève dans un nihilisme railleur sur lequel pèse la malédiction. La plus belle ruse de l'apocalypse ne serait-elle pas que tout s'achève, non par la destruction, mais dans un grand éclat de rire général, le même éclat de rire qui me secoua lorsque j'imaginai de rédiger ainsi mon épitaphe :
"Il est mort en n'étant pas dupe."
Mais j'ai fait machine arrière, m'étant aperçu que je n'aurais pas pu commettre plus grand sacrilège et ne voulant pas attirer sur moi la malédiction de dieu.
13. Où en étions-nous ? Je ne me suis pas relu, vous pensez bien. Je sais que j'avais beaucoup tapé sur ville pin, disant qu'il n'avait rien fait qu'un beau discours de toute sa vie. Or, dans le même temps, je me suis ému que l'Education Nationale ne s'émeuve pas que 600000 de ses élèves sortent chaque année de son système scolaire sans avoir obtenu la moindre qualification. Il faut rendre à Villepin cette justice : il a voulu les sortir de là. Il a voulu instaurer le contrat de Première embauche (dit CPE). Mais il a dû affronter un monôme. Il aurait tenu si Chirac ne lui avait passé le savon que la reculade était le système de gouvernement qu'on devait appliquer à tous les coups. On avait évoqué en ce temps-là que le monôme était agité par des étudiants qui n'étaient pas concernés par la disqualification qui frappait les jeunes avant 25 ans et qui n'étaient pas confrontés à la même précarité. Bruno Julliard avait pris la tête de ces agitateurs. C'était un étudiant de 28 ans et le fils de la maire du Puy. En haut lieu, on lui promettait un bel avenir, car on savait que le Parti Socialiste avait pris pour habitude de recycler tous ceux qui avaient fait de l'agitprop, que ce soit les Présidents de SOS racisme dont tous sont montés dans l'appareil du parti ou le meneur de la révolte contre la loi devaquet devenu l'honorable (et très consciencieux d'ailleurs) sénateur David assouline. Bruno Julliard avait juré ses grands dieux qu'il ne suivrait pas le chemin de ses éminents devanciers. Que croyez-vous qu'il arrivât quand Martine aubry (continuons d'appeler les gens par leur faux nom, c'est plus simple)fit son putsch et, après des élections truquées comme celles de George bush junior lors de son premier mandat dont plus personne ne se souvint, devint première secrétaire de son parti (appellation qui, à soi seule, constitue une supercherie puisqu'une première secrétaire devrait se contenter de rédiger des rapports et en aucun cas ne se faire appeler la première dame de son écurie ? Elle recruta Bruno Julliard pour être, vous savez quoi ? Conseiller à l'éducation de son parti, cependant que ce pauvre ville pin se faisait pendre, disait-il, "à un croc de boucher" par son rival heureux Sarkozy dont il apparaît maintenant, à la faveur de cette ténébreuse affaire de rétrocommissions négociées avec le Pakistan pour apporter de l'argent frais à Balladur qu'on croyait le plus honnête homme du monde, qu'il était beaucoup plus mouillé dans le juteux marché des pots de vin que ne le fut jamais Villepin, lequel se contenta, aux dires de notre Président, d'écouter en les gardant pour lui des dénonciations calomnieuses, ce qui est tout de même moins grave que d'entraîner la mort de huit ou neuf manutentionnaires, qui n'y était pour rien si, en haut lieu, on n'avait pas payé les nababs dont ils croyaient honorer la commande. On se prend, dis-je, à regretter la candeur de Villepin quand on voit la cupidité de sarkozy et le moralisme de chirac quand on a dans le rétroviseur la rouerie de balladur, que Jean-françois Propst appelait "l'étrangleur ottoman", il ne croyait pas si bien dire... Quand on pense que l'attentat de Karachi a eu lieu parce que Chirac a voulu moraliser la négociation des marchés d'armes et supprimer les rétrocommissions. Or on ne pouvait pas revenir sur une parole donnée. Chirac était un saint à côté de Balladur qui a couvert ces manœuvres, s'il en a eu connaissance. Les gens sont vraiment inclassables. Et dire que Chirac a commencé à être associé aux "affaires" le jour où il a réussi à faire classer son château de Bity.
14. Mediapart fait un raffut du diable en ayant médiatisé "l'affaire woerth-bétancourt". Cette médiatisation a commencé par la mise en ligne d'écoutes dont une partie était disponible à tout internaute qui se connectait sur ce site qui avait toujours promis de développer un modèle de presse cybernétique gratuite, première promesse à laquelle il manque puisque l'autre partie de ces écoutes était réservée aux abonnés du site, qui avaient payé pour recevoir l'information complète. Mais nous n'en sommes pas au premier paradoxe d'Edwy Plenel, dont aucun média n'a rappelé qu'il avait commis un livre contre les écoutes dont il avait fait l'objet sous Mitterrand et qu'il avait jugées scandaleuses. Comment un homme marqué par des procédés de si basse police peut-il se faire l'écho des mêmes écoutes, quand celles-ci visent une vieille dame fortunée que sa fille accuse de gâtisme parce qu'elle a un gigolo ? On avait oublié qu'une des plus sombres révélations du livre de Pierre Péan et de Philippe Cohen, "LA FACE CACHEE DU MONDE" qui dégommait ce journal de référence (Daniel carton disait que, si "LE MONDE" était "un journal de référence", "LE NOUVEL OB's" était, lui, "un journal de révérence"… De révérence à Jean Daniel) portait sur les relations très ambiguës qu'entretenait edwy Plenel avec le Président du syndicat policier le plus important, qui lui servait directement les procès verbaux que le journaliste n'avait qu'à recopier en ayant soin de se donner le rôle éthique de décider d'abord en conscience si ces procès verbaux devaient ou ne devaient pas être portés à la connaissance du public. Quelquefois Plenel faisait de la rétention d'information, et parfois il faisait son travail de divulgation, non sans que les journalistes qui se respectaient ne l'accusassent, en se dispensant de tout travail d'enquête puisqu'il les prélevait à la source, de ne plus faire du journalisme, mais de la délation en robe de chambre. Tous les jours, le secret de l'instruction est violé, sans que cela suscite la moindre indignation puisque, sans violation du secret de l'instruction, il n'y aurait plus d'information à sensation, laquelle est à l'investigation ce que "VOICI" est au "MONDE", d'après "LE MONDE". Le secret de l'instruction est violé tous les jours, sans que l'on se demande jamais par qui. Passe encore si c'est par un avocat qui a accès au dossier et qui a besoin, pour défendre son client, que les pièces qui lui sont favorables soient versées à la connaissance de l'opinion publique. Mais il y a plus grande probabilité que le principal violeur de ce secret (et le mot de viol désigne un crime quand il s'applique à un acte sexuel. Or il est aussi grave de violer les clôtures d'un jardin secret que la pudeur d'une femme qui n'a pas consenti) soit le juge d'instruction lui-même, dont la fonction devrait le porter garant d'être le plus jaloux gardien de ce secret. Ce n'est là qu'un des dysfonctionnements de la Justice, il y en a bien d'autres. Passons-les vite en revue.
D'abord, la République qui prétend garantir à ses citoyens "l'égalité devant la loi" ne leur garantit même pas ce préalable qu'est l'égalité devant la Justice puisque, "selon que vous serez puissant ou misérable", non seulement "les jugements de cour vous feront blanc ou noir" et vous n'écoperez, puissant, que du sursit si vous faites de la concussion sur un marché d'armes quand le petit voleur de mobylette ou l'automobiliste qui aura conduit en état d'ivresse fera de la prison ferme, mais tout simplement vous pourrez vous payer ou non un bon avocat. Qu'il faille en passer par ce plaideur prouve assez que les enceintes de Justice, dont les acteurs arrivent déguisés en robins, est une succursale du théâtre où se jouent souvent de meilleures pièces, ce qui fait que les gens accourent en foule aux procès d'importance parce qu'ils aiment méjuger leurs semblables en croyant "sortir du rang des criminels" au simple motif qu'ils se repaissent d'un crime qu'ils n'approuvent pas, ce qu'ils font tous les soirs devant la télé, qui ne passe plus de films alors que les chaînes se sont multipliées et que l'offre télévisuelle décline à proportion, mais seulement des séries policières mal tournées. Passons sur le fait qu'il n'est pas possible que le plaideur soutienne de tout son être la version de son client ni ne le croie plus innocent que les autres acteurs de son procès. Mais il est commis à le croire et joue d'autant mieux ce rôle qu'il est mieux payé pour le faire. Revenons sur ce point des "honoraires" : se rappelle-t-on d'où ce mot tire son origine, qui s'applique aux avocats comme aux médecins ? Du fait que jadis, un pauvre pouvait se dispenser de payer un médecin, celui-ci ne devant pas moins l'en soigner. Le paiement du médecin était conçu comme rendu à l'honneur de son effort pour guérir son patient, mais n'était, en principe, nullement obligatoire. Il en allait de même de l'avocat ; mais autant les médecins de campagne pratiquaient cette discipline de l'honorariat, autant les auxiliaires de Justice se sont toujours faits remonter les bretelles pour leur âpreté au gain. A la réflexion, c'est peut-être parce qu'ils développaient la même tendance usurière que les avocats que Molière n'aimait pas les médecins, plus que parce qu'ils ne savaient soigner qu'en saignant les maladies dont ils parlaient. En termes pompeux. Aujourd'hui, non seulement plus personne ne s'offusque que la santé ait un prix, mais on veut faire des économies sur les dépenses de santé pour boucher le trou de la sécu, comme si l'on pouvait prévoir avec une sagesse énarchique qu'il y aurait pour chaque année tel quota de malades. La santé n'a pas de prix et on ne peut pas faire des économies dessus parce qu'on ne peut pas prévoir les affections dont nous-mêmes et nos concitoyens serons frappés. L'hôpital public est devenue une véritable ruche où l'on vous traite n'importe comment, au point de vous faire attraper, par quinzaine de milliers chaque année, des maladies nosocomiales qui sont mortelles. A part cela, on continue de crier à l'envi qu'on va boucher le tonneau des danaïdes pour sauver le système de santé que "le monde entier nous envie". Cela passe en dicton sans que notre expérience s'insurge :
"Comment le monde entier pourrait-il envier un système qui m'a maltraité aussi outrageusement"
Mais entre la clameur de l'opinion, même forcée à penser ce qu'elle pense, et l'empirisme de notre expérience, nous censurons ce dernier, alors que l'expérience est ce qui nous est le plus profondément propre au point d'en être intransmissible. Nous censurons notre expérience au point d'en arriver à ne plus y croire. Voilà à quoi nous fait arriver la société de l'information. De sorte que, si nous passons des hôpitaux aux prisons pour finir de traiter le problème de la Justice après avoir fait une incursion dans celui de la santé, nous pouvons dire en exagérant à peine que nous sommes à peu près dans le même lieu. Avec ceci de commun en plus : c'est que, des uns comme des autres est bannie toute intimité. Dans les cellules, les codétenus conchient au rat du sol et s'endorment dans cette puanteur. Dans les hôpitaux, on vous donne le bassin dans des chambres doubles qui, comme elles sont ouvertes toute la journée, font presque penser à des salles communes. L'administration pénitentiaire continue de maintenir une espèce de système concentrationnaire, au nez et à la barbe de la cour Européenne des droits de l'Homme et au mépris de la convention Européenne des droits de l'homme que nous avons pourtant signée en grandes pompes, nous en laissant conter que nous étions la patrie des droits de l'homme puisque c'est nous qui avons imaginé de rédiger la première déclaration . qui traite de ce thème. Nous n'avions pas plus tôt rédigé cette charte que la Révolution a fini dans la terreur, de même qu'à peine le livre de l'exode a-t-il commandé :
"Tu ne tueras pas"qu'au chapitre suivant, Dieu commande l'extermination de tout un peuple jusqu'au dernier des habitants de sa ville, extermination dont il ne faut pas même soustraire les femmes et les enfants. Pour les leçons à donner au "monde entier qui nous envie", nous sommes champions. Mais qu'il s'agisse de faire respecter nos valeur soi-disant cardinales et c'est une autre paire de manches. Nous avons en réalité tellement les chocottes de ne pas respecter les droits de l'homme que nous promouvons par le monde entier que, les rares fois où nous nous sommes dotés d'un secrétariat aux droits de l'homme, celui-ci était rattaché au ministère des affaires étrangères, jamais à celui de l'intérieur… Serait-ce que les droits de l'homme nous seraient étrangers ?
15. L'affaire woerth-bétancourt n'aurait-elle pu être évitée ? Bien sûr que si, si l'on avait voulu s'apercevoir ou nous laisser pour le coup entrevoir à temps que l'épouse de ce ministre ne pouvait dans le même temps travailler pour la première fortune de France et son mari traquer l'évasion fiscale. Ceci est indubitablement plus grave que le fait que ce même homme ait occupé de concert les fonctions de ministre du budget de la France et de trésorier de l'UMP. C'est moins grave, à la fois parce qu'on pourrait très bien estimer que c'est en raison de sa compétence de comptable en chef que l'on a fait appel à lui, soit du pays au parti, soit, comme ç'a été le cas, du parti au pays ; et c'est moins grave aussi parce que nous sommes en "république des partis", en République associative/dissociative, diviseuse des causes sur lesquelles les associations règnent bien plus qu'elles ne les défendent, le droit à l'azssociation étant favorisé parce qu'il présente un double avantage : celui, d'une part, de pouvoir réaliser en partie le rêve de chaque Président d'association de se croire un peu Président de la République et celui, d'autre part, de permettre à l'Etat de se défausser sur les associations de ne pas régler les problèmes qu'elles sont censées vouloir éradiquer, peu importe qu'elles aient ou non reçu mandat des principaux concernés ou intéressés par ce problème de le régler.
Mais revenons à l'affaire bétancourt. Est-ce une affaire d'etat ? Oui, en raison de ce conflit d'intérêt qui aurait dû sauter aux yeux quand la femme de M. wœrth fut engagée par notre milliardaire. Mais non si l'on accuse Mme bétancourt à la fois d'avoir fait de l'"évasion fiscale" et de distribuer généreusement des enveloppes pour remplir les poches des politiques, enveloppes dont, si son gestionnaire de patrimoine avait bien calculé, le pécule excédait certainement les impôts qu'elle aurait dû payer si elle n'avait pas soustrait pour la Suisse telle part de sa fortune qu'elle aurait pu laisser en France. Mais il n'y a rien que détestent tant les riches que payer des impôts. Ils seraient prêts à donner leur vie pour leur pays, surtout si ce sont les enfants des autres qu'on envoie guerroyer ; mais lui donner de leur argent, contribuer en fonction de leur richesse, ah ça non. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Quant à l'économie, elle joue au casino et au chat et à la souris en créant des dispositifs si complexes et susceptibles de contournement que ça devient comme un jeu de piste entre le surexposé à l'impôt direct (tous les non imposables étant du moins assujettis à l'impôt indirect) et le Trésor Public auquel les rentiers ou les épargnants ne veulent pas donner leurs trésors.
16. Un peu d'histoire maintenant. Savez-vous qui a remporté la bataille du "non" au dernier référendum (qui s'est avéré purement consultatif) interrogeant le peuple français sur le traité constitutionnel européen ? C'est André Manoukian. Toute la campagne européenne s'est en effet déroulée sur la recherche du "plan B". Or cette expression a été, non pas inventée, mais popularisée par André Manoukian qui, interrogeant un candidat de "LA NOUVELLE STAR" quichantait d'une manière particulièrement casserolesque, lui a demandé :
"Mais tu as un plan B en dehors de devenir chanteur ?"
Depuis, on n'a plus parlé que de plan B sans jamais citer Manoukian qui ne pouvait demander de droit d'auteur vu que l'expression était dans le domaine public. Or, quand même on aurait été hostile à l'Union européenne, fallait-il voter "non" à ce traité ? eh bien non. Pourquoi ? Parce que l'article I-60 de ce traité portait la mention que tout pays qui voudrait sortir de l'Union européenne le pourrait moyennant une procédure qui durait deux ans. Autrement dit, les rédacteurs de cette constitution et, au premier rang d'entre eux, le Président Giscard d'Estaing qui s'est toujours montré un libéral en politique, avait, quoique farouche européen lui-même, inscrit dans le marbre de ce qui devait tenir lieu de constitution, qu'il n'était plus question que l'adhésion à l'Europe fût un acte irréversible, comme on nous en rebattait les oreilles depuis des années, quand par hasard on émettait un doute sur la pertinence deconstruire un fédéralisme continental. On n'aurait pas dû pouvoir sortir de l'Europe tandis que la nation devait survivre par l'acquiescement des compatriotes à faire nation commune. Nous avons voté non en risquant de nous priver d'une liberté. Quand je soulevai téléphoniquement et radiophoniquement ce problème à Etienne schware, ce simple professeur dont on fit, au lieu d'André Manoukian, celui qui avait galvanisé le vote "non" sur Internet, il me répondit qu'on ne saurait voter "oui" pour une raison négative. Miraculeusement, le traité de Lisbonne a sauvegardé cette liberté en reprenant cette close de sortie, et nous sommes encore plus libres et souverains que nous le croyons, après avoir failli cesser de l'être en remettant notre sort au bon vouloir deceux au pouvoir de qui nous sommes. Mais a-t-on assez en mémoire, si jamais on voulait évaluer si l'europe nous est bonne ou non, qu'au départ, cette Union s'est construite comme la communauté Economique du charbon et de l'acier ? Or nous avons noyé notre charbon comme les mines du bassin potassique près duquel j'écris ces lignes, et de l'industrie sidérurgique, il ne reste aucun fleuron en Europe, pas même en Allemagne. L'Europe a donc été fatale à ses deux raisons d'être initiales. En général, le sort de l'initiale indique le sort final et, si l'on m'en croit, ce ne sera pas un essor, mais un essorage.
17. Etrange ironie du sort que celle qui a fait qu'après que les Américains ont fait pendre saddam Hussein lequel est mort en disant à son peuple qu'"il fallait toujours maintenir ouverte la porte du pardon", les mêmes ont élu un Président dont le deuxième prénom est Hussein et qui est allé dans une école coranique pendant un an, quand il vivait en Indonésie.
18. Jean-Marie le pen est vraiment confondant. On comprend qu'il soutienne sa fille Marine (qui, en réalité, se prénomme Marion-anne-Périne). Mais de là, lui qui n'a jamais eu de cesse de dénoncer comme inique le système des cinq cents parrainages pour accéder à la candidature à la magistrature suprême, à reproduire ce même système de parainage pour l'élection du Président du front National au lieu de l'organiser directement à l'occasion d'un congrès, il y a un cas, comment dire ? De reprise à son compte de ce qu'on prétend ne pas aimer chez l'adversaire et qui, en réalité, nous fascine. Remarquez, ce n'est pas la première fois qu'il fait ça. Le Front National a scellé son union dans l'anticommunisme, ce qui n'a pas empêché son Président d'imaginer de faire diriger son parti par un "comité central". De même, on compte bien des royalistes à l'intérieur de ce parti dont le chef a toujours professé un penchant pour la démocratie directe et pour une République référendaire. Ce qui ne l'empêche pas de se montrer tout fier de désigner pour sa dauphine sa fille Marine, histoire de créer, au nez et à la barbe des royalistes de son parti, le commencement d'une dynastie républicaine. Bruno gollnisch en fait les frais, lui qui a aussi un frère prêtre qui, pour être dans les petits papiers du nouvel archevêque de Paris comme de son prédécesseur, a alimenté la légende (qui peut-être s'est muée en réalité) qu'il s'était fâché avec son frère en raison de ses idées, bien que ce prêtre soit aussi conservateur en matière religieuse que son frère Bruno ne l'est en matière politique. Les médias ont choisi pour le Front, et c'est Marine qu'ils ont élue parce qu'en portant le nom de l'epouvantail, elle les assure de sa perpétuité, et il est plus facile de tenir les populations tranquilles quand on leur fait embrasser du regard pour lui cracher dessus un Epouventail Perpétuel. Il est rassurant d'avoir un épouvantail. Les médias ont élu Marine pour lui cracher dessus et parce qu'ils aiment les dynasties républicaines et "la République des fils et des filles à papa", Marine que son père trouve "mieux carossée" pour diriger le Front National que Bruno Golnisch qui, comme il n'est pas autant dans les petits papiers des médias que son frère prêtre est dans ceux de l'archevêché, est tombé dans l'oubli médiatique.
Julien WEINZAEPFLEN
mercredi 21 juillet 2010
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