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lundi 22 janvier 2024

Scléroses du monde intellectuel, obscurité du PIF (paysage intellectuel français)

Les poètes aiment vivre entre eux et fermer le champ de la poésie à tous ceux qui ne passent pas leur pratique au creuset du métalangage et de la réflexion sur elle. Plus question de faire de la poésie sans le savoir De même, le must en littérature, c'est de s'interroger sur la littérature. Pascal Quignard est très doué pour cela. On n'est pas sérieux si l'on n'est pas un poète de la mise en abyme, un écrivain du palimpseste ou un essayiste de la masturbation intellectuelle où la littérature ne doit pas parler au lecteur, mais parler de littérature à la littérature.

Sylvain Tesson n'est pas un poète, mais ce n'est pas pour cela que les poètes lui refusent de parrainer "le Printemps des poètes" dirigé par Sophie Nauleau qui, si elle s'acquitte aussi bien de sa mission qu'elle ne dirigeait son émission "ça rime à quoi?" sur "France culture", sera une réussite.

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/nous-refusons-que-sylvain-tesson-parraine-le-printemps-des-poetes-par-un-collectif-dont-baptiste-beaulieu-chloe-delaume-jean-damerique-20240118_RR6GMDTTHFFXNGLP7GG7DZ2ZFU/?redirected=1
Quand j'ai lu cette tribune de "Libération", à laquelle était initialement rattachée la recension d'un nouveau "Rappel à l'ordre" façon Daniel Lindenberg, "Réaction française" de François Krug) que l'on peut retrouver ici:

https://www.google.fr/search?q=Lib%C3%A9ration%2C+Fran%C3%A7ois+Krug&sca_esv=600539231&source=hp&ei=MfGuZeHQItytxc8Po_qOyAY&iflsig=ANes7DEAAAAAZa7_QVWRChDUgHjVCEVwXXYxDYWLjkjF&ved=0ahUKEwihrcq-ivKDAxXcVvEDHSO9A2kQ4dUDCBE&oq=Lib%C3%A9ration%2C+Fran%C3%A7ois+Krug&gs_lp=Egdnd3Mtd2l6IhtMaWLDqXJhdGlvbiwgRnJhbsOnb2lzIEtydWcyBRAhGKABSNdMUABY7SJwAHgAkAEAmAHKAaABsRWqAQcxMS4xMy4xuAEMyAEA-AEBwgILEAAYgAQYsQMYgwHCAhEQLhiABBixAxiDARjHARjRA8ICDhAuGIAEGLEDGMcBGNEDwgIIEC4YgAQYsQPCAgsQLhiABBixAxiDAcICBRAAGIAEwgIOEC4YgAQYxwEYrwEYjgXCAg4QABiABBiKBRiSAxi4BMICCxAAGIAEGIoFGJIDwgIIEC4YsQMYgATCAggQABiABBixA8ICBBAAGAPCAgcQABiABBgKwgIFEC4YgATCAgIQJsICBhAAGBYYHsICChAAGBYYHhgPGArCAggQABgWGB4YD8ICBxAhGAoYoAHCAgUQIRifBQ&sclient=gws-wiz

je me suis étonné que son auteur et ses tribuniciens ne se soient pas saisis d'un autre "nouveau réac", Michel Onfray,qui, je trouve, a mal évolué. Il a commencé par être ouvert aux philosophes de la nouvelle droite comme Alain Debenoist, ce que j'aurais trouvé très bien s'il était resté fidèle à la gauche communaliste dont il se prétendait le fer de lance. L'irritation devant l'évolution de cet homme que j'aime bien et avec qui je partage beaucoup de choses, y compris éventuellement l'idée que Jésus soit "un personnage conceptuel" sans que cela entame ma possibilité de croire en Lui et la force ou la viabilité et la fécondité de ma foi (mais il faudrait que je développe cela plus avant) m'a fait penser hier que j'aimais que les gens restent fidèles à eux-mêmes. Je n'aime pas que Michel Onfray se soit renié.
Je soulignerai un autre paradoxe que je n'ai cessé d'approfondir depuis que j'ai lu "les Deux sources de la morale et de la religion": c'est que les progressistes sont censés permettre à l'humanité de faire des "sauts qualitatifs" et peut-être le font-ils. Mais plus certainement arrive -t-il que les tenants de la "pensée close" compensentleur immobilisme en étant beaucoup plus créatifs que les tenants de la "société ouverte". "L'esprit d'ouverture" n'est pas l'ouverture d'esprit et encore moins l'ouverture à la créativité.
J'ai écouté ce matin Emmanuel Todd commenter avec son copain d'enfance Bernard Guetta son livre sur "la Défaite de l'Occident". L'évolution de ces deux personnes est très étonnante. Je ne comprends pas que Bernard Guetta, qui commenta comme personne la chute de l'Union soviétique, ait basculé dans une forme de macronisme beaucoup moins intelligent que celle d'un Jean-Louis Bourlange. Quant à Emmanuel Todd, il dit avoir écrit son livre pour assurer ceux qui refusent d'être russophobes qu'ils ne sont pas seuls. Il dit aussi vouloir parler pour susciter le pluralisme. Je l'approuve sur ce point. Mais quel est son fond de sauce? Il est contre tout ce qui est pour. Il est pour la minorité musulmane contre les "catholiques zombies" par peur de l'antisémitisme. C'était la thèse de son livre "Qui est Charlie". Maintenant il est pour Poutine et est persuadé qu'il va gagner sa guerre contre l'Ukraine. C'est rien moins que certain. Poutine n'a pas mesuré que depuis le 11 septembre, le monde réagit à toutes les agressions qui ne vont pas dans le sens de l'idéologie dominante et aphone en s'unissant façon "guerre contre le terrorisme" pour faire la guerre mondiale contre la guérilla. Avec cette agression surprise qui devait durer peu, Poutine passe pour un terroriste et le même type de réaction se déchaîne contre lui.
Ensuite Emmanuel Todd n'a jamais cessé de prendre ses désirs pour des réalités. Il était favorable au protectionnisme européen et persuadé que François Hollande allait le défendre comme il le promettait au cours de sa campagne, peut-être pour faire plaisir à l'essayiste. C'est pourquoi celui-ci s'est déclaré un "hollandiste révolutionnaire". Mais par-dessus tout, comme Hélène Carrère d'Encausse qui avait vu juste concernant l'éclatement de l'Union soviétique avec son livre "l'Empire éclaté", il déclare depuis des années que les Etats-Unis sont à la fin de leur existence. La lutte des classes y refait rage, mais la fédération et son impérialisme sont solidement ancrés.
Toutes ces voix ont en commun de ne pas dire la même chose que tout le monde. Personnellement, la parole alternative a toujours fait respirer l'homme qui me suis mis en marge que je suis, qui me suis mis en marge comme Emmanuel Macron s'est mis "en marche" en créant son mouvement politique. Il faut croire que je goûte comme Baudelaire au "bonheur des parias". Et j'y goûte d'autant plus que le monde me devient irrespirable à force d'uniformité et de pensée univoque, tout en prétendant croire au multilatéralisme. Il n'y a désormais plus qu'une seule vérité sur à peu près tous les sujets, du genre au climat.
On parle de progressisme à propos de cette manière de penser. J'ai essayé de réfléchir depuis ce matin à ce qu'il en est selon moi. Plus qu'à l'opposition entre conservateurs immobilistes et progressistes en mouvement, je crois à l'opposition entre ceux du parti de l'ordre dans lesquels je me reconnais assez parce que les anti-modernes sont généralement des esprits bordéliques comme c'est le bordel en moi, et les membres du parti du mouvement, qui confondent "le "bougisme" et l'instabilité de l'âme humaine avec le fait que le mouvement perpétuel produit nécessairement de bonnes actions qui vont dans le sens de l'histoire.
La conscience est instable, mais elle fait l'unité d'une personne. L'âme est une. La conscience ne change pas, sinon qu'en accumulant les années, on a beaucoup de choses sur la conscience. Et l'âme est saine, même si la conscience peut avoir une partie malade. L'âme n'est pas capable d'être malade alors que le mouvement peut être bon ou mauvais, aller dans le bon sens ou se tromper de trajectoire.

Merci à René Poujol, dont le commentaire à propos de la tribune de "Libération" m'a permis de coucher sur le clavier mes réflexions du jour.

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