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lundi 22 janvier 2024

Asselineau et son Frexit!


Ah, François Asselineau! Personnalité cultivée, agréable à écouter, passionnée d'histoire qu'il connaît sur le bout des doigts, empêcheur de tourner en  rond du macronisme au point d'affirmer que "ce qui ferait chier Macron (texto), c'est que les gens votent pour l'UPR", ce qui n'arrivera jamais Asselineau a du lyrisme, mais peu de charisme. N'empêche: Macron n'a-t-il pas, dans son emportement contre le RN lors de sa conférence de presse, parlé de ce parti non médiatiquement dissimulé comme l'UPR  presque comme s'il était une faction de "frexiteurs cachés", ce qui vaut qu'on s'interroge sur le Frexit", mais achevons d'abord le portrait d'Asselineau: diviseur de son camp, compromettant sa grande idée par . refus des compromissions, ne voulant s'allier avec personne et pas plus avec Florian Philippot qui a enfourché le même cheval frexiteur que lui avant de quitter le Front national, qu'avec Nicolas dupont-Aignan, plus sceptique sur la question. Profondément solitaire, analysait Paul-Marie Couteaux, et se payant le mieux parmi tous les chefs de parti souverainiste, s'insurgeait Florian Philippot. Il devient de plus en plus agressif à mesure qu'il prend le meulon. 


Et sa grande idée dans tout ça? Comment analyser le Frexit? 


Asselineau voulait substituer la francophonie à l'Union européenne. Séduisant sur le principe. Il dit que ceux qui ne veulent pas sortir de l'Union européenne et prétendent essayer de la faire plier en pratiquant la politique de la chaise vide come De Gaulle pour lequel lui-même s'est pris devant Pasqua qui éclata de rire, sont des bonimenteurs. Ils sont pourtant plus réalistes que lui. Il disait dans une vidéo récemment mise en ligne (je m'abreuve à la parole alternative, ça me permet de respirer) que l'Europe sans la France se désagrégera toute seule, puisqu'elle contribue quand même à hauteur de 20 % et que ses contributions manquent au budget de la France pour réparer tous les jouets de la Reconstruction que la génération suivante a cassés depuis trente ans. La politique de la chaise vide ou de la négociation au forcepsest donc une bonne méthode. Asselineau ne veut pas la pratiquer, car il fait de la politique avec une seule idée, comme mon oncle Claude accusait Maupassant de faire de la littérature avec un seul sentiment, la solitude mélancolique deNorbert de Varenne dans "Bel ami".  Florian Philippot s'est enrichi, désormais il en a deux: le Frexit et l'anti-covidisme. Asselineau reste rivé à son Frexit qu'il veut décréter tout seul comme un grand et il enrage. On ne peut pas faire de la politique avec une idée fixe. Philippot et Asselineau sont dans l'impasse car ils croient le contraire.


L'union européenne procède d'une belle idée qui a mal tourné. Car Robert Schumann qui la tenait pour une application de l'Évangile y a insinué deux vices dès le départ: elle était trop kantienne et s'appliquait à réaliser le rêve de "paix perpétuelle" en contenant les Allemands, c'est explicitement dit dans "Pour l'Europe". On ne fait pas l'union des peuples et on ne scelle pas la réconciliation entre deux peuples longtemps rivaux en voulant contenir l'un d'eux.  Asselineau introduit un troisième ver dans le fruit: il estime que l'Europe de Robert Schumann est une resucée de l'Europe des puissances de l'axe. Comparer l'euro-atlantisme au rêve d'une Mitteleuropa carnassière et carnagère est un peu fort de café. Le pacifisme de l'Europe des origines ne portait pas en germe qu'elle devienne belliciste comme on le voit aujourd'hui. Je ne le crois pas.


Asselineau a pourtant raison sur un point: "Les Français (et tous les peuples européens) commencent à se rendre compte que l'Europe qui était censée nous mener à la paix nous mène vers la guerre." Elle s'est trop engagée en Ukraine, mais cela a comencé dès la crise balkanique. Elle n'a jamais voulu souffrir la moindre préférence européenne. Elle s'est trop désindustrialisée. Elle s'est trop élargie. S'élargissant, elle est devenue trop bureaucratique. C'est une bureaucratie libérale qui n'a rien à envier à la bureaucratie soviétique. Asselineau dit en outre que, depuis le traité de 2005 qui a fini en traité de Lisbonne, elle est devenue un programme politique. 


Tous les régimes bureaucratiques à base de commissaires du peuple  finissent par lasser les peuples.  Sa bureaucratie la fera tomber comme un fruit mûr, mais il faut attendre que la pomme tombe de l'arbre. On ne reconstruit rien de solide sur les ruines d'un régime qu'on a fait tomber de force. Cette conviction manque peut-être de courage politique, mais il est facile de casser, il est plus difficile de payer la casse.Et comme commence à le reconnaître Philippot, le Frexit n'est pas "une baguette magique". Il ne peut garantir à lui tout seul qu'on fera de la bonne politique. Le Frexit n'est pas une fin en soi. 

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