(Commentaire aux réflexions de René Poujol sur le Coronavirus qu'il a postées sur son blog et sous ce lien: http://www.renepoujol.fr/coronavirus-le-prix-et-le-sens-de-la-vie/comment-page-1/?unapproved=103695&moderation-hash=04101d6604d91c5d144dc66ce229b558#comment-103695
Si René, "crier au scandale" sert à quelque chose et non, "attendre" une parole de la hiérarchie ne sert à rien, à moins que nous ne la prononcions nous-mêmes. Car dans cette posture de tout attendre de la parole de l'évêque, le même dont on voudrait qu'il soit notre égal et pas notre "frère supérieur" comme le disait Maurice Druon à propos de son confrère académicien le cal Lustiger, il y a la curieuse tendance qu'ont les catholiques de tous horizons, anticléricaux et bouffeurs de curés depuis des lustres, qu'ils soient "intransigeants" ou "relativistes" et laxistes, et ce bien avant que le pape françois n'ait agité le chiffon rouge du "cléricalisme", concept de théologie confuse, il y a cette tendance des catholiques à ne pas être apostoliques: nous oublions que les évêques sont les successeurs des apôtres et nous les taxons de nullitépour ne pas jeter la pierre à notre propre médiocrité.
Je ne sais pas ce que valent les réflexions récentes sur la -communion dans la bouche (et pas dans la main !) ou autre opuscule de mgr Aupetit en défense d'"Humanae vitae" dont je remarque au passage que, comme pour l'encyclique "Pascendi", la partie la plus intéressante n'est pas son volet prescriptif, mais descriptif. Paul VI et ses conseillers avaient très bien compris ce qui était en jeu dans la "mentalitécontraceptive". Ce qu'ils ont préconisé pour en sortir ou empêcher la roue de l'histoire de tourner est une autre affaire.
-Est-ce un détail que les églises soient parmi les premières à "fermer boutique"? "C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup."Ça veut dire que l'Eglise n'assume plus le lien intime qui unit la religion à la superstition sur un plan archaïque. On peut toujours souhaiter que notre foi acquière la maturité de dépasser ce stade anthropologique fondamental ou primaire, on ne pourra jamais séparer la foi de la religion, sauf à rendre la foie éthérée et propre à ne pas agir. Jadis, on priait pour faire revenir la pluie; dans l'Eglise de François qui aime la piété populaire (mais l'aime-tt-il seulement comme un folklore?), on ne priera pas pour que s'éloigne l'épidémie du Coronavirus ou pour que les chercheurs trouvent un vaccin. On ne priera pas pour cela, pour qui nous prend-on?, nous qui sommes les citoyens évolués d'un monde qui a retrouvé les croyances de la "royauté primitive", où le politique s'imagine pouvoir faire la météo et infléchir le déréglement climatique.
-Mais tout cela n'est rien. Ce qui me défrise danscette Église qui prétend depuis Vatican II savoir déchiffrer les "signes des temps" est qu'elle ne comprend rigoureusement rien à l'époque dans laquelle elle vit.
-S'agissant du Coronavirus, elle ne comprend pas que le message subliminal de cette épidémie ou de la manière dont on la traite, dit symboliquement deux choses: "Il est dangereux de se tendre la main" et "n'allez pas voir vos vieux, c'est très dangereux. Ah, c'est vrai, en 2003, les vieux sont morts de solitude et de notre indifférence pendant la canicule. Mais 2003, c'était il y a longtemps. On leur fera boire de belles paroles à défaut de les hydrater: "Nous confinons les personnes vulnérables loin de leurs aidants afin de les protéger des atteintes du coronavirus" qu'on ne pourra pas leur diagnostiquer puisqu'ils sont confinés et que les médecins traitants ne font plus de visite à domicile."
-Car il n'y a plus qu'une maladie au monde: c'est le Coronavirus. Remisés, les cancers en phase terminale ou les neuropathies. Tout ça n'existe plus. On meurt du coronavirus un point c'est tout, les autres morts n'existent pas. L'alcool fait 60000 morts par an et le tabac 40000 ou le contraire. Si on ne faisait rien, le coronavirus, qui est une grippe à la puissance 10, en ferait 80000. Mais ce sont ces 80000-là qui comptent. Les autres ne comptent pas. C'est pinutz, c'est du pipi de chat, c'est rien du tout."
-Ce sous-texte, l'Eglise ne le décrypte pas, préférant s'engouffrer dans toutes les idolâtrees idéologiques du moment, à commencer par l'écologie politique et urbaine qui a remplacé la fin dans le monde dans l'ordre des préoccupations séculières, et qui est une idolâtrie qui met la terre à la place du ciel, ce qui n'a pas empêché le pape d'écrire une encyclique demandant une "conversion écologique" de l'Eglise. L'écologie intégrale est une tentative de déshumanisation des sociétés industrielles et une apocalypse profane et portative. S'imaginant qu'être de son temps, c'est parler comme le monde, l'Église s'est engouffrée dans la brèche écologique pour rester du côté du manche.
-Et tout est à l'avenant. Entre 2013 et 2017, le chef de l'Eglise Benoît XVI puis le chef de l'État français fille aînée de l'Église, François Hollande, ont successivement abdiqué et renoncé à être candidat à sa propre succession. L'Eglise n'y a pas lu le signe d'un pouvoir démissionnaire ouvrant la voie aux aventurismes politiques de bergers gouvernant leurs peuples au moyen de l'injonction paradoxale, l'arme de gouvernement des pervers narcissiques: Trump, Poutine, Macron et dans une certaine mesure, le pape François lui-même. Pour compplaire encore au siècle permissif, l'Eglise qui devait se purifier de ses abus a pris le risque de se perdre de réputation en se jetant elle-même avec l'eau du bain de la pédophilie de certains de ses clercs abuseurs servis par une discipline impraticable. La liste n'est pas exhaustive des signes des temps que l'Eglise ne sait pas lire. Mais les lui montrer du doigt la fait sortir de ses gonds.
Je ne sais pas s'il y a une crise du pouvoir ou de la liturgie dans l'Eglise, mais il y a assurément crise du prophétisme.
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