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mardi 3 mars 2020

Internet, fruit du Braille

1. Internet a un point commun avec le Braille. Internet a été inventé par l'armée américaine. Louis Braille a perfectionné en le réduisant à 6 points, un système d'écriture à 22 points inventé par un colonel peu combattif de la Grande Armée, Charles Barbier, qui majorait volontiers ses états de service, mais s'intéressait surtout, en philanthrope un peu solitaire, à faire que puissent communiquer les sourds et déchiffrer les aveugles, allez voir ce qui le concerne au musée Valentin Haüy!

Charles Barbier avait inventé "l'écriture nocturne" soi-disant à l'usage de ses hommes. On doute aujourd'hui qu'il en ait commandé. Il alla porter le fruit de son invention à l'Institut royal des Jeunes aveugles où Louis Braille était élève.

Les aveugles lisaient des lettres en relief en cire et devaient faire fondre de la cire pour écrire des lettres en relief. Ça prenait sensiblement le même temps que pour les moines copistes. L'"écriture nocturne", plébiscitée par les élèves, eut un mal fou à s'imposer. Les directeurs successifs de l'Institut Royal des Jeunes aveugles ne voulaient pas en entendre parler. Les élèves la pratiquaient clandestinement. On finit par l'adopter et Louis Braille la simplifia, réduisant la combinaison maximale de 22 points par lettre à 6 points.

2. Quand Internet se mit à exister, un voyant rouge s'alluma en moi: comment pouvait-on se promettre une liberté d'expression mondiale sous l'égide et le contrôle de l'armée du pays qui dominait le monde, même si cette armée a depuis vendu une délégation de service public et ce monopole de l'audio-scripto-visuel aux GAFAM? Il n'empêche, nous ressentons une liberté plus grande. Illusion ou réalité ? Mon voyant rouge ne s'est pas éteint. Liberté, jusqu'à ce qu'on nous déroule le tapis de sous les pieds.

3. Une chose est certaine: Internet a provoqué une révolution de l'espionage. Côté corps politiques constitués, États, l'administration Obama a espionné tous ses alliés sans que cela occasionne une levée de bouclier de ceux-ci, une indignation plus que formelle, un scandale mondial, voire une rupture des relations diplomatiques de leurs alliés avec les Etats-Unis, comme Merkel a été à deux doigts d'en mettre une enscène à l'avènement de Trump.

Côté aventuriers urluberlus, Assange est devenu James Bond. Il pirate les câbles des chancelleries mondiales. Le hacker est devenu journaliste d'investigation. Il agit pour le bien de l'humanité. On devrait lui donner l'asile politique, tout comme au lanceur d'alerte, dont il faudrait faire un titre de gloire de leur déloyauté, et de trahir les organisations pour lesquelles il travaille afin de distiller des informations au grand public honnête et candide sur la putréfaction et la corruption desdites organisations.

4. Les réseaux sociaux sont les stations de commérage du village global. Ils sont réactionnels. L'impulsivité y règne en maîtresse reptilienne. La menace en jaillit plus souvent que la pensée.

Les réseaux sociaux sont une maison d'édition sans filtre. Libre à chacun d'y déverser sa bileou d'y faire du journalisme à domicile en éditorialisant à loisir. Les réseaux sociaux mènent à tout à condition de bien s'en servir. Mais ils ne construisent pas une réaction ni une œuvre ordonnée. "Ce n'est qu'un début, continuons le débat."

5. La litote et le "politiquement correct" apportaient un peu de douceur dans ce monde de brute. Un "non- voyant" sonne plus doux qu'un aveugle qui beugle. L'ennui, c'est quand la litote se transforme en périphrases. De la métaphore hypique du "handicap", on passe aux "personnes en situation de handicap", atchoum! Au fond de l'affaire, il y a cette pensée sociologique qu'on ne peut pas incriminer la biologie, qu'il n'y a pas de déficiences ni d'infirmités, qu'il n'y a que des "situations de handicap" que créée la société et qu'il est du devoir de la société d'endiguer en cessant à ce point de discriminer qu'à force d'inclure, on mène la vie dure aux enfants handicapés qui font double ou triple journée quand ils sont scolarisés dans le milieu ordinaire, aux entreprises qui doivent embaucher des salariés non rentables en opérant une discrimination positive, et à ces travailleurs eux-mêmes qui pourraient faire autre chose de leur vie, à commencer par faire refaire à la société l'expérience de la gratuité. Au lieu de quoi les handicapés sont assignés contre l'évidence à prouver qu'ils sont comme les autres et à faire de l'humour noir sur leur situation. De l'humour, si je veux!

Mais je n'y résiste pas. L'association des personnes de petite taille était dirigée naguère par un certain PatrickPetitjean (ça ne s'invente pas), qui voyait d'un mauvais œil (c'est moi qui le dis), non seulement le lancer de nains (on le comprend), mais encore que Mimi Mathy préfère s'occuper de sa carrière que militer au sein de son association pour la promotion de tous les nains. Ce n'est pas parce qu'on est Joséphine, ange gardien qu'on est obligé d'être Blancheneige.

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