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mardi 22 novembre 2011

La diversification des ESAT, ou pour un modèle d'intégration horizontal (ou d'intégration à l'envers)

> Cher clément,

> combien ce que vous dites est vrai ! On n'a pas abordé ce sujet, je m'étais
> promis de le faire, mais sans vous, j'aurais oublié et ç'aurait été bien
> coupable, ne serait-ce que parce que le premier degré de vérité que contient votre message est que, manifestement, le niveau culturel, syntaxique et
> intellectuel de ceux qui prennent part à ces discussions est au-dessus de la
> moyenne et qu'il y a donc beaucoup de "sans voix" qui n'auront pas dit ce
> qu'ils pensaient de nos problèmes. (...)

> Je trouve de la vérité à ce que vous écrivez à trois autres niveaux :

> 1. Pour commencer par le plus simple, oui, il faut des moyens pour les ESAT,
> et sans pouvoir me prononcer si le budget affecté aux personnes handicapées
> est suffisant, du moins est-il important, et beaucoup de redéploiements
> seraient à souhaiter, beaucoup de dispositifs ne servent à rien, et beaucoup
> d'argent part dans le trou sans fond du financement de services qui ne sont pas
> prioritaires.

> 2. Votre expérience rejoint donc la mienne, et vous osez formuler comme je
> l'ai fait, ce qui paraît un tabou rarement levé, que beaucoup d'aveugles de
> naissance souffrent en plus d'un "handicap associé", d'une "maladie de
> l'intelligence" ou d'un autre trouble moteur, sans que ce simple constat
> paraisse intéresser la recherche, de crainte que l'on conclue hâtivement que
> tous les aveugles seraient débiles, bien sûr que non, mais afin que l'on
> essaie de comprendre ce qui relie les unes aux autres ces déficiences, lorsqu'elles sont cumulées.

> 3. Non seulement beaucoup d'aveugles souffrant d'un handicap associé
> trouveraient leur place dans des ESAT qui auraient plus de moyens, mais beaucoup d'aveugles qui ne présenteraient pas de déficience intellectuelle souhaiteraient d'y trouver un emploi si, comme vous le dites, les activités que l'on pouvait y exercer étaient plus valorisantes que la chaiserie ou le
> conditionnement, au mépris des capacités du public auquel on s'est accoutumé
> que ces structures s'adressent.

A ces activités plus valorisantes, pourraient être intéressées des aveugles souffrant d'un handicap associé, mais aussi des aveugles ne présentant pas d'autre trouble ni déficience intellectuelle, d'autant plus s'il était possible de faire travailler dans ces entreprises des personnes ne souffrant d'aucun handicap, sensibilisées au préalable à la problématiqque des personnes handicapées, ce en vue, moins d'espérer une hyypotétique réinsertion des déficients visuels dans le milieu ordinaire (pourquoi l'intégration des aveugles devrait-elle être toujours à sens unique et verticale ?) que de faire de ces structures des "milieux ordinaires" en miniature.

> Je connais au moins deux exemples d'ESAT, l'une gérée par l'AVH et l'autre
> par "voir ensemble", l'une où l'ambiance est exécrable et l'autre où elle est
> excellente (vous devinerez vous-même dans laquelle l'ambiance est quoi), où
> on a eu l'idée de faire travailler les aveugles qui le pouvaient sur le
> support écrit, dans l'une pour faire saisir au kilomètre à ces employés des
> rapports de réunion, d'assemblée générale, de comités d'entreprise, de
> conférences ou de colloques ; dans l'autre, on a poussé le pari de "la
> lumière par le livre" et de "l'avenir par la culture" (les plus anciens reconnaîtront un clin d'oeil à la devise d'un organisme qui n'existe plus)
> jusqu'à travailler dans le secteur de l'édition adaptée et à faire participer leurs employés à la fabrication du livre, de sa saisie à sa correction,
> moyennant, pour ceux qui voudraient aller plus loin, une remise à niveau en français, d'autant plus efficace que le produit sur lequel ils travaillent
> étant concret, l'apprentissage des difficultés du Français devient utile.

> Un dernier point, pour déborder un peu le cadre de votre message.

Je crois savoir que les CAT (Centres d'aide par le Travail) n'existent plus. Une grave atteinte au code du travail qui y avait cours était que les employés de ces structures n'avaient pas le droit de se syndiquer, ce qui a été heureusement corrigé dans les ESAT, où l'on élit un délégué du personnel, de manière à pouvoir faire
> progresser les revendications sociales des employés de ces structures de
> l'intérieur et par eux-mêmes. Qu'en est-il aujourd'hui pour les CAT ?
> Existent-ils encore et cette grave atteinte au droit du travail a-t-elle été
> corrigée ? je serais heureux de le savoir.

> Cordialement et en vous remerciant beaucoup d'avoir soulevé ce problème.

Julien weinzaepflen

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