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mardi 22 novembre 2011

Michel Gouban, un pompier pyromane?

Lorsqu'en 2002, j'ai lu l'article de Michel gouban, "le handicap à la croisée des regards", j'ai compris qu'un tournant était en train de se produire, que l'auteur de cet article, en se bornant simplement à vulgariser le discours sociologique sur le handicap", ne savait pas qu'il favorisait.

Quelle ne fut pas ma stupéfaction, neuf années plus tard, de lire le même auteur, citoyen ou administré, ne pas se rendre compte que la caution qu'il avait naguère apportée en tant que clerc à un discours sociologique qui s'était traduit en loi, avait eu une portée concrète.

Je veux rendre compte ici de son étonnement et de ma première interpellation à celui avec qui, depuis neuf ans, je rêvais d'avoir un échange verbal ou épistolaire. Qu'il soit remercié ici de s'y être prêté d'aussi bonne grâce!


1. " Michel gouban:

Bonjour,

Dans ses adhérents, l'UNAKAM (Union Nationale des Masseurs-kinésithérapeutes Aveugles et Malvoyants) compte de nombreux professionnels exerçant la profession de masseur-kinésithérapeute à titre libéral. Or, aujourd'hui, il semble bien que ceux-ci, comme tous les travailleurs handicapés artisans ou commerçants, sont encore écartés des dispositions législatives et réglementaires qui permettent à des travailleurs des autres secteurs d'activités la possibilité de faire valoir leurs droits à retraite à 55 ans. Qu'en est-il aujourd'hui, quelles sont
les perspectives de réduire ces inégalités de droit entre les travailleurs reconnus handicapés selon les différents secteurs d'activités dans lesquels ils exercent ?


MDPH :

à l'occasion d'un renouvellement d'un dossier PCH (NDLR: Prestation de compensation du Handicap, à base fixe, mais à montant variable, qui a remplacé l'ancienne ACTP (Allocation compensatrice pour tierce Personne à montant fixe), j'ai trouvé le dossier particulièrement lourd, avec un tas de documents et questions sans objet pour une personne aveugle.

Je sais, la question du handicap est complexe et multiple. Je m'en ouvrirai auprès de la CDAPH et de la commission exécutive de mon département, étant membre."

Michel GOUBAN


2. Ma première réponse.

"

Cher Michel,

Sans entrer avec vous dans une mauvaise polémique, il me souvient que c'est vous qui, dans un article du "Louis Braille", avez popularisé auprès de nos milieux la notion de "situation de handicap".

Or, à partir du moment où celle-ci prenait en compte des critères subjectifs concernant la manière dont chacun était ou non en mesure de supporter son handicap, ne s'ensuivait-il pas presque fatalement que, si l'on admettait l'introduction d'une telle notion de "situation", qui certes devenait un critère d'évaluation international du handicap, les dossiers de renouvellement de la prestation susceptible de compenser, non plus d'après le handicap, mais, au cas par cas, celui qui en était porteur (NDLR: nous ferons bientôt une distinction plus fine entre handicap et déficience), deviendraient forcément très lourds...

Outre qu'il est assez ridicule de nous entendre au jour le jour désigner par cette circonlocution jargonnante de "personne en situation de handicap",
Il me semble également me souvenir que, lors de la discussion de la loi de 2005, un point acquis concernait les retraites, auxquelles les personnes handicapées pouvaient prétendre après trente années de cotisation. La loi n'aurait-elle pas tenu ses promesses sur ce point comme ailleurs ?

En amont, croyez-vous qu'il soit trop tard pour revoir, expérience faite, la compensation du handicap selon le barême du caractère objectif de la déficience fonctionnelle?

Pour exemple, en cas de "handicaps associés, la Sécurité sociale fait déjà une distinction entre un aveugle qui n'est qu'aveugle et un aveugle qui serait également malade psychique.

Ne pourrait-on pas s'en tenir à une telle distinction et affecter la prise en charge du handicap supplémentaire éventuel à une meilleure prise en charge (type ALD, Affection de Longue durée) par la Caisse Nationale d'assurance Maladie, du régime général de laquelle nous continuons de dépendre, malgré la création de la cinquième branche de la sécurité sociale, pour les soins que nous nécessitons, en dehors de toute maladie liée au handicap ?

Le problème, de fait, est complexe, quand on sait que la maladie psychique est considérée comme un handicap donnant droit à la perception de l'Allocation pour adultes Handicapés. Comment traiter humainement et financièrement le caractère cumulatif des handicaps en dehors de la "situation de handicap" dont on a vu qu'elle a été, en réalité, un cheval de troie pour grever nos ressources ?

Comment accepter en outre le caractère profondément inégalitaire du traitement des personnes handicapées, dont les plus gravement touchées sont loin d'être les mieux loties ?

Poser ces questions nécessite, je crois, une réflexion entre nous sur ces sujets.

Bien à vous

J. Weinzaepflen

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