Par clément Gass
Bonjour, ce sujet n'a pas encore été évoqué, mais nous devons revendiquer une
augmentation des moyens des Ésat et autres ateliers de travail protégé. Sur ces
listes (NDLR: listes de discussion des etats Généraux de la Déficience visuelle), il n'y a probablement que des DV (Déficients visuels) autonomes qui aspirent à travailler en milieu ordinaire, mais pour beaucoup d'autres il n'y a pas d'autre issue possible qu'une place en Ésat.
Beaucoup d'aveugles complets de naissance ont en plus des troubles mentaux associés, et il serait fantaisiste de penser qu'ils
puissent s'insérer en milieu ordinaire, si déjà les malvoyants avec bac +5
galèrent pour trouver du travail.
Le problème est que, vu leur peu de moyens, certains Ésat préfèrent recruter les handicapés les plus légers, qui seront plus
rentables, et recrutent à ce titre sur le même mode que les entreprises
soucieuses de remplir leur quota de 6%.
Je connais un Ésat pour DV géré par une association nommée "Les Cannes Blanches", et pour y être allé avec un voyant, je peux vous dire qu'il y a à peine le quart des employés qui ont besoin d'une canne blanche pour se déplacer. C'en serait comique si le sujet était plus léger.
Parmi les employés de ce même Ésat, il y a un ancien camarade de classe à moi,
dont je me suis toujours demandé ce qu'il faisait en école spécialisée. Il n'est
pas plus malvoyant que les millions de français myopes ou presbytes. C'était
toujours le premier pour faire des sales coups aux aveugles dans la cour de
récréation.
Mais aujourd'hui, lui a une place en Ésat, alors que la plupart de
ses camarades aveugles n'ont rien, voire ont une place en foyer occupationnel ce
qui revient au même, parce que ces foyers sont régressifs et on n'y travaille
même pas l'autonomie, ce sont des maisons de retraite pour jeunes aveugles
rejetés par leurs familles...
Enfin, les rares Ésat qui emploient de vrais aveugles se cantonnent à la
chaiserie ou au conditionnement, choses fort peu valorisantes. Mais c'est la
même chose pour les autres handicaps: je connais un Ésat pour handicapés mentaux
à Troyes qui fait de très bonnes choses dans le domaine musical, mais son avenir
est incertain parce que le financement d'une place dans cet Ésat est 10% plus
cher que le financement d'une place dans un Ésat de conditionnement.
Alors plutôt que de dépenser des fortunes pour la mise aux normes
d'accessibilité de bâtiments dont il est improbable que des handicapés les
fréquentent (exemple de vestiaires d'un terrain de foot près de chez moi),
plutôt que de financer des licences de Jaws à 1800€ pièce, plutôt que de
financer le développement d'applications iPhone dont la seule fonction est
d'annoncer le temps d'attente pour le prochain métro (cas de la Ville de Lyon),
on ferait mieux de financer des places en Ésat !
Le budget handicap de l'État et des collectivités est relativement élevé, mais
très mal utilisé.
Cordialement,
Clément
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