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mercredi 12 mai 2021

Sur les quarterons de généraux en retraite

<p>  1."A la santé de con le capitaine et de Con le commandant." Tel fut le toast que porta Philippe d'Orléans, qui n'était pas encore régent et que l'on n'appelait que le duc de Chartres, à l'issue de la dernière bataille où il servit pendant la guerre de succession d'Espagne sous les ordres de je ne sais plus quel maréchal. Preuve que l'hostilité entre les militaires et le pouvoir politique date de longtemps. Le duc d'Orléans avait "une pointe de vin" quand il se laissa aller à cette exclamation. Mais cela lui valut la disgrâce à la demande de Madame de Maintenon qui se sentit visée sous le sobriquet de "commandant". L'histoire est narrée par le duc de Saint-Simon dans ses célèbres Mémoires. <p>


"Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec des allumettes" et "la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires". Les politiques manquent tellement de sérieux qu'il doit être d'intérêt public de les laisser jouer avec cette poudrière. <p>


Vous vous souvenez de Trump taquinant "leatle Rocket man" avec son "bouton" qui était plus grand que le sien? En France, quand quelqu'un dit qu'il est boutonneux, on dit qu'il est pubère. Trump devait être prépubère alors. <p>


    2. "Un quarteron de généraux en retraite", souffla de Gaulle pour qualifier le putsch d'Alger. Il oubliait que lui-même était un général en retraite le jour où il revint aux affaires en s'appuyant (pour son "coup d'Etat permanent" -que je n'arrive pas à trouver en version numérique-)? sur Massu et sur une fourchette de militaires, Massu qu'il alla rechercher en Allemagne quand il craignit pour son pouvoir en mai 68, à moins qu'il ne fût allé se faire consoler par lui par temps de déprime. La belle carrière de fuyard de ce "général autrement téméraire que Giraud", écrivait son fils Philippe, grand home et grand mythologue qui, après une belle Grande Guerre où il "se fit ramasser à Douaumont" (ça arrivait aux plus braves!), commença par fuir en Angleterre pour s'achever par la fuite en Allemagne avec femme, enfants, armes et bagages, chez Massu le présumé tortionnaire. <p>


    3. Villiers n'a pas d'honneur. "Je suis votre chef", fanfaronna notre leader minimo à l'endroit de l'ancien chef d'état-major de l'armée qui n'était autre que le frère du fondateur du Puy du fou. Qu'à cela ne tienne, cela n'empêcha pas celui-ci de se targuer d'un lien amical avec le président, tissé à la Rotonde où, dans une première version de la rencontre selon l'énarque saltimbanque, le vicomte aurait abordé le couple Macron et dans une seconde version, le couple Macron serait allé le chercher pour qu'il lui prodigue ses conseils de Vendéen pour bien gouverner la France. Philippe de Villiers a feint de croire en Macron, qui incarnait tout  ce qu'il dénonçait dans "Le moment est venu de dire ce que j'ai vu". A l'approche de l'élection prochaine, il se dit que ça ne va pas payer. Alors il prétend balancer ce que lui et le couple Macron sont censés s'être dits pendant un dîner élyséen où Macron aurait été au bord de l'overdose, sous-entend-il en évoquant les yeux encore plus "hallucinés" que d'habitude du président qui est à deux doigts de fausser compagnie au vicomte qui le harangue, sous les yeux stupéfaits de Brigitte qui n'apprécie pas ce manque d'éducation. <p>


Le manque de délicatesse de Villiers répandant ses confidences discrédite celle que je n'ai jamais crue et où il prétendait que Chirac lui aurait dit que la France aurait des racines autant musulmanes que chrétiennes. Chirac n'était pas assez bête pour dire une telle énormité, ni Sarkozy pour se vanter de n'avoir aucune goutte de sang français dans les veines. Il faut arrêter de croire Villiers le faussaire et le fossoyeur, fossoyeur de son camp, la "droite nationale", comme Dupont-Aignan qui est son continuateur et qui remplit la même fonction. <p>


    4. "Faits et documents" a fait un sort au général de Villiers, le frère de l'autre. Il était très otanesque et très en vue dans les cercles dits mondialistes. Un colonel de mes amis chez qui je passais des vacances quand le général de Villiers démissionna avec pertes et fracas en excitant la bourgeoisie conservatrice m'a dit: "Je n'accorde aucun crédit aux rodomontades de ce biffin. Ces gens-là ont toujours eu la même attitude. Ils ont reçu une excellente instruction, ils ont fait les écoles. Du coup ils se croient des stratèges, mais ils ne sont pas plus futés que des énarques." Tel aîné, tel puiné. <p>


Et on veut faire du petit dernier un président de la République? De lui ou de Zemmour? C'est du pareil au même. Je suis comme Manuel Valls: "je n'aime pas la France d'Eric Zemmour ou d'Assa Traoré", mais je n'aime pas non plus la France de Manuel Valls. <p>


    5. Les soldats de la Grande Muette s'entendent dire en quelque sorte: "Vous donnez votre vie et vous fermez votre gueule." <p>


    6. Je respecte "Valeurs actuelles" tant qu'ils font des enquêtes, mais certainement pas quand ils publient la tribune, après celle d'un militaire à la retraite accumulant les signatures à sa lettre ouverte, de généraux d'active anonymes dont rien ne dit qu'ils l'ont écrite. Geoffroy Lejeune avait prévenu: "Puisque le feuilleton mettant en scène Danièle Obono en bonobo ne vous a pas plu, nous ferons pire." Il a tenu parole. Maintenant VA est un journal d'extrême droite sans la qualité satirique de l'ancien "Minute" de feu Serge de Beketch. C'est un journal sans opinion qui fait des sales coups. <p>


    7. Jean-Pierre FAbre Bernadac n'est pas un général, mais un capitaine de gendarmerie ancien élève de sciences po et qui avait depuis toujours des velléités d'écrire. Il a quitté l'armée en 1988 si je suis bien informé. Il n'écrit ni très bien ni très clair. Quelqu'un qui est capable d'employer l'expression "au final" ne me paraît pas très crédible. Il ne faut pas qu'il joue les victimes quand on l'accuse de menacer d'un coup d'Etat militaire à la fin de sa lettre ouverte. Il manie le registre de l'ambiguïté dont il paraît qu'on ne sort qu'à son détriment. Emmanuel Macron a parfaitement raison de ne pas le recevoir. Quand on veut faire un coup d'Etat, on prend ses risques, mais on ne signe pas une mauvaise bafouille. N'est pas De Gaulle ou Boulanger qui veut. <p>

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