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vendredi 23 avril 2021

République ou monarchie

<p> Commentaire au billet de Philippe Bilger:"Monarchie républicaine. Si peu de monarchie, si peu de République." <p>   


Justice au Singulier: Monarchie républicaine ? Si peu de monarchie, si peu de République... (philippebilger.com)

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Un grand billet sur un grand thème qui mêle sobrement l'actualité et l'inactuel. <p>


Sur la première, l'injonction constante à résister puisque la France d'aujourd'hui serait l'héritière de la Résistance, n'en a pas fait un réflexe tel que nous dénoncerions une dictature sanitaire qui grignote chaque jour nos libertés, avec des autorisations de circuler et des couvre-feu qui souvent varient, dans une indifférence relative sinon générale, puisque ces mesures sont prises pour notre bien, ben voyons. Je me suis souvent résigné en regrettant que je n'aurais pas le bonheur de voir se réaliser mon utopie, la démocratie directe. Ce n'était pas pour imaginer que je verrais des masques cachant tous les visages, ces masques que je considérais, collégien, come le cauchemar des démocraties où non seulement l'hypocrisie ne marque pas le pas et continue d'être un vice régnant, mais je ne sais pourquoi, les masques ont toujours représenté à mes yeux la métaphore d'une démocratie où la raison de celui qui gueule le plus fort est toujours la meilleure. Et en effet, émettez la oindre réserve vaccinale ou sur le confinement par lequel on prétend lutter contre la Covid et vous serez taxé de complotisme et mis hors jeu du débat public. <p>


Votre incipitme laisse songeur: aujourd'hui, on ne couperait plus la tête du roi? Du roi Louis XVI, non, mais la haine qu'a concentrée sur sa personne Emmanuel Macron pendant la crise des Gilets jaunes ne fait pas bon signe. On a vu sa tête traînée en effigie au bout d'une pique. Je m'étais moi-même fendu d'un article de blog intitulé "Emmanuel Macron ne sera pas décapité" en ayant honte du mouvement qui me le faisait écrire. 


Aucun roman ne donne come "Lucien Leuwen" le ton de la presse monarchiste des années 1830. Ces parodies du "Moniteur" sont assez cocasses. J'ai vaguement connu Daniel Hamiche, directeur du "Légitimiste" avant de devenir le collaborateur de "l'Homme nouveau", qui s'était entièrement dévoué à la cause royale, mettant sa personne et sa vie presque entre parenthèses, après avoir été un militant maoïste, comme si cet esprit pourtant libre ne savait vivre sans chef. Sartre a décrit "l'Enfance d'un chef", on ne parle pas assez de la quête du chef ou de la nostalgie du chef. Les prétendants n'y croient plus eux-mêmes. Ils prétendent pour l'honneur. Les militants royalistes de toute obédience écrivent le programme du futur roi. La monarchie est une idée qui a vécu. <p>


Ceux qui essaient pourtant de nous intéresser à la monarchie le font sur la base qu'un bon gouvernement est d'abord arbitral ou a besoin d'un arbitre. Ils nous allèchent à l'idée d'un roi qui règne et ne gouverne pas, comme au Royaume-Uni dont le faste et les frasques de la famille royale relèvent d'un folklore amusant les lecteurs de tableauïdes. Le besoin d'un arbitre est probablement réel, mais cela va à l'encontre de toutes les pratiques politiques en vigueur. Lorsque Montesquieu, entre autres, théorisait le pouvoir exécutif, se doutait-il qu'il deviendrait l'inspirateur des lois, en sorte que la capacité d'enregistrement de notre parlement n'a pas grand-chose à envier à la chambre d'enregistrement qu'étaient les parlements  depuis la Fronde jusqu'à l'enfance prérévolutionnaire du vicomte de Chateaubriand? Le pouvoir exécutif devrait être un exécutant, donc un arbitre sans idée propre, il est le comandant suprême et l'inspirateur des lois. Ainsi a dérivé la démocratie représentative, qui refuse de croire qu'un système où le peuple pourrait proposer des lois à référendum serait viable. J'ai moi-même été victime de cette incroyance et ne m'en suis pas tout à fait départi.<p>


Le président une fois élu, ses courtisans font de ses moindres propos une parole d'Evangile. Un homme providentiel émerge tous les cinq ans par le miracle et par l'onction du suffrage universel. Non seulement le pouvoir exécutif n'exécute pas en bon arbitre de la volonté générale ou populaire, mais il signe et promulgue les lois votées par le parlement, come celui-ci enregistrait jadis les édits et décrets royaux. Ironie de l'histoire.


"Il n'y a pas assez de République", d'abord parce que la République a changé. Autrefois la "chose du peuple" dont l'autorité s'imposait par une sorte d'application directe ou indirecte du contrat social, elle est devenue ce qui devrait faire le liant de concitoyens qu'un même projet national ne constitue plus en nation. "Une société multiculturelle est multiconflictuelle", écrivait le Club de l'horloge. L'avertissement est rude, mais assez peu contestable. Régime neutre et sans idéologie, la République est devenue une idéologie de régime dont Frédéric Rouvillois a bien montré qu'on chercherait en vain les termes du pacte républicain, ce qui était déjà dans l'esprit de Rousseau, qui assumait si bien le caractère fictif de son contrat social qu'il avertissait que nul n'avait besoin de le signer et que d'ailleurs il n'était pas écrit. <p>


Mais le plus insupportable dans un pays comme le nôtre qui a la passion de l'égalité est que la République est inégalitaire. Maurras parlait d'une "République des fils à papa". Le passage le plus intéressant du livre de Juan Branco, "Crépuscule", est celui où l'auteur décrit la géographie des grands lycées parisiens où l'élite s'excuse de se reproduire parce que, dans certains d'entre eux come l'Ecole alsacienne dont est issu l'avocat activiste, on a gardé un vernis d'humanisme, l'humanisme de l'entre-soi. Son ennemi personnel Gabriel Attal a mis en musique un temps  le service civique universel (sur la base du volontariat...), qui devait être un moment de mixité sociale qui aurait disparu avec le service militaire. Lui-même n'était pas issu de la diversité ni de la mixité sociale ou de la méritocratie républicaine. Autant de maux auxquels il faudrait remédier en République, que l'on soit bourdieusien ou non. <p>

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