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jeudi 23 juin 2016

La dissidence et le dégoût

Aujourd’hui a lieu le vote du brexit et je suis pour le out. Je le suis, comme si j’étais dégoûté de tout ce monde que mes ancêtres ont construit à mon intention. J’ai des raisons d’être dégoûté, mais le dégoût ne devrait pas être une passion politique. D’autre part, je sens bien que je suis un parasite du nationalisme ou du traditionalisme, donc de tout ce que je ne suis pas. Ces courants ne m’intéressent pas seulement parce qu’ils tracent des bornes. Ils m’intéressent parce que je suis un parasite neurasthénique. Je me suis converti dans l’espoir de refaire le monde. Ou plutôt, l’espoir de refaire le monde a suivi de près l’espoir qui emporta ma conversion. La génération de mes parents m’en a construit les prolégomènes. Elle était constructive. Pourquoi suis-je dans la destruction du modèle ? Pourquoi ma pulsion de mort répond-elle à leur saturation de vie ? L’autodestruction du modèle n’est pas seule en cause. J’ai ma part de responsabilité. La pseudo-dissidence (qui est en effet dissidente puisqu’elle est traquée) se plaint de ne pas avoir la liberté de haÏr. Elle ne paraît pas digne de celle qui a résisté à ce régime répressif qu’était le socialisme, qui envoyaient au goulag quiconque ne voulait pas de l’égalité et de la fraternité qui devaient mener au communisme. Notre législation nous laisse libres, excepté de haïr. Or sans la liberté de haÏr qui est plus que la liberté de blâmer, il n’y a non seulement pas d’éloge flatteur, mais de liberté d’aimer. Il n’y a pas de véritable amour. Est-ce la raison de la défense acharnée de la haine que fait la dissidence ? Si on suit le même raisonnement, sans liberté de pécher, il n’y a pas de vraie sainteté. Un État chrétien, ferai-je donc observer aux dissidents qui sont souvent des théocrates, devrait garantir la liberté de péché. Et au contraire, un État libéral, laÏque et fraternel, devrait garantir la liberté de haÏr. Ce disant, je crois que ni les dissidents théocratiques, ni leurs adversaires libéraux ne seront d’accord avec moi. Mais j’attends qu’ils démontent mon argumentation !

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