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mardi 1 juin 2021

Les catholiques et la défaite

En tout catholique, sommeille un agnostique et le "fait religieux" m'a toujours paru un oxymore.


Je suis un catholique de combat spirituel, pas de combat social et tous les catholiques sont de ma famille.


J'estime qu'il est à l'honneur des catholiques de ne pas rendre indignation identitaire contre agression communautaire et de se démarquer des autres communautés qui constituent la nation. Il est en revanche impolitique d'importer cette nonchalance dans le champ politique, car un pays qui le ferait, je ne vise personne, suivez mon regard! basculerait très vite dans la repentance, la déconstruction de l'histoire ou la dénonciation unilatérale contre la torture en Algérie qui ignore les exactions du FLN.


Je me souhaite d'avoir le courage du héros de "la Puissance et la gloire" de Graham Green et de mourir en pécheur sanctifié par le martyre ou par une forme de martyre, se réduisît-elle au témoignage que je rends que l'Eglise m'a porté à bout de bras quand j'étais au plus mal, et m'a tiré vers le haut, constamment, vivant en bonne intelligence avec moi et respectant le malade que j'étais  ou que je suis, moi et ma bipolarité. L'Eglise m'a traité en frère.


Mon meilleur ami m'avait prédit un jour: "J'ai rêvé que toi et moi nous mourrions en martyrs. Toi tu avais peur et moi, je t'encourageais."


Un catholique doit aimer ses ennemis et prier pour ceux qui le persécutent. 


Un aubergiste qui tient salon sur Internet (le nom de son auberge est la banquise) disait qu'un djihadiste qui nous ferait la peau ne serait jamais qu'un "second couteau" par rapport au péché qui a persécuté le Christ. "Ma faute est toujours devant moi. Libère-moi du sang versé, ô mon Dieu." (psaume 50) 

"Moi, quand j'aurais commis tous les crimes possibles,

Je garderais toujours la même confiance,

Car je sais bien que cette multitude d'offenses

N'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent." (sainte Thérèse de Lisieux)


C'est le privilège de l'accompagnateur des laudes que je suis dans une église du coeur de ma ville de lire ainsi la liturgie des heures: depuis vingt-cinq siècles que le psalmiste prend Dieu à témoin indirect de ses états d'âme, rien ne change et pourtant il est exaucé, car il sent le pardon divin se poser sur lui et la divine miséricorde purifier son coeur.

"Mon Dieu, je crois en vous, j'espère en vous et je vous prie pour ceux qui ne vous croient pas et ne vous espèrent pas", inspira de prier Notre-Dame de Fatima. L'Eglise célèbre la liturgie des heures pour pratiquer la communion des saints et assister les malades et les agonisants, tous ceux qui ont un combat à mener.


Le matin, j'écoute souvent "radio Notre-Dame" et quand j'ai entendu, au début de la semaine dernière, que le diocèse de Paris envisageait de commémorer les martyrs de la commune dans un contexte où la société se demandait si elle devait la commémorer, je me suis dit que ce n'était pas très habile et qu'il pouvait y avoir du grabuge. Les communards ont massacré leurs otages en représailles à la répression versaillaise. La réaction de l'Eglise face à la Révolution était beaucoup plus simple. La Révolution s'est faite sur une base anti-catholique (cf. Jacques Crétineau-Joly ou "Pour qu'Il règne" de Jean Ousset). Les terroristes révolutionnaires ont gagné et ont forgé l'univers mental dans lequel nous baignons encore. Il y a peu de chances ou de probabilités que nous sortions jamais de ce bain-là. Les Les révolutionnaires ont gagné, les communards ont perdu. Les catholiques sont les alliés de tous les défaits. Ils aiment "les perdants de l'histoire". Bernanos a défendu les communards dans "la   Grande peur des bien-pensants."


Quand j'habitais dans le XIXème arrondissement de Paris, je fréquentais une église qui prit pour affectation le rez-de-chaussée de l'ancien immeuble de la sécurité sociale. Le quartier était scindé entre juifs loubavitchs, noirs africains, musulmans volontiers salafistes "qui cognaient fort", disait le curé aux enfants du catéchisme, et nous et nous et nous. Le curé trouva fort intelligent de faire fondre une cloche. Tous les jours, il teintait de 10h à 19h et pour l'angélus , jamais il ne frappait les trois fois trois coups. Ce combat était un peu clochemerlesque et un peu cloche. Paris n'a pas de chance d'avoir un clergé conservateur, c'est l'héritage du lustigérisme qui y règne  depuis cinquante ans. Le cal Vingt-trois assumait d'être appelé "Copie conforme" (cf. Robert Serroux) et Mgr Aupetit marche dans les pas du cal Vingt-trois. 

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