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lundi 28 juin 2021

Avis de non implantation sur régionales désaffectées

Selon moi, la désaffection dont on souffert ces régionales tient certes au mille-feuilles administratif qui répartit les compétences sans que personne ne puisse justifier pourquoi il appartient aux départements de s'occuper des collèges et du social et aux régions des trains express régionaux, des lycées et accessoirement des bassins d'emploi pouvant concourir au dynamisme de régions trop grandes et hors sol.

Mais ceux qui se sont intéressés à ces élections ont découvert stupéfaits que le non cumul des mandats n'avait vraiment été interdit que pour cumuler un pouvoir exécutif local et le fait de siéger au Parlement. Cela mis à part, les élections restent des machines à créer des notablions, des baronnies et des féodalités , puisqu'on peut sans difficulté cumuler les fonctions de député, de conseiller départemental et de conseiller régional, qui dit mieux? Et cela est vrai même dans la Communauté européenne d'Alsace, qui a bafoué le référendum de 2013 sur la départementalisation de la région, mais qui se justifie néanmoins compte tenu du découpage absurde des grandes régions par François Hollande qui nous expliquait simultanément vouloir promouvoir une "République de la proximité" et dont le premier ministre Manuel Valls, qui a appelé à voter pour Valérie Pécresse au second tour en Ile-de-France (ce socialiste n'en aura décidément jamais fini de trahir son camp!), voulait supprimer l'échelon départemental.

Je ne suis pas favorable au mandat impératif. Mais il y a des limites à la désinvolture avec laquelle les élus se croient autorisés de faire n'importe quoi de leur mandat. Ils peuvent changer d'écurie politique, se disperser dans diverses assemblées comme indiqué ci-dessus, ne pas respecter les consultations locales qu'ils ont eux-mêmes organisées, comme en Alsace où la moindre des choses aurait été qu'on organise un nouveau référendum avant la création de la communauté européenne d'Alsace, qui fait un pied-de-nez au jacobinisme français pour ancrer le droit local dans une tradition européenne, sans parler du Concordat (en Alemagne on paye un impôt religieux si on appartient à une Eglise), comme des spécificités de l'excroissance alsacienne, dont j'espère que l'européanisation ne prépare pas l'intégration de la France dans l'Allemagne et réciproquement, comme y faisait allusion la mouture réactualisée il y a deux ans, je crois, du traité de l'Elysée.

Les élus dans les instances régionales peuvent briller par leur manque d'assiduité. Ils peuvent ne pas habiter dans les régions où ils exercent un mandat comme Jacques Chirac put être député à la ville (de Paris) et conseiller général de Corrèze comme rat des champs dans son château de Bity, car on peut être châtelain et cantonnier, c'est bien connu.

Les conseils départementaux devraient être élus dans des scrutins de listes. L'exercice du moindre mandat devrait interdire que l'on se porte candidat à un autre tant qu'il n'est pas échu. Les compétences des différents échelons territoriaux devraient être clarifiées. Faute de quoi la démocratie représentative aura beau jeu de pleurer sur l'abstention dont elle s'accommode fort aisément, mais qui pourrait s'additionner à d'autres signaux inquiétants pour finir par provoquer une crise de régime, dont les Gilets jaunes n'ont fait que donner le signal. La démocratie représentative ne peut pas à la fois regretter d'être en chute libre et ne pas ouvrir de parachutes.

Quant à la nationalisation de ce scrutin, elle ne me semble être le fait d'Emmanuel Macron que dans la mesure où celui-ci fait de la vieille politique et ne sait s'affranchir des réflexes qui ont toujours pris l'électeur pour un imbécile en le considérant comme définitivement incapable de répondre aux questions qu'on lui pose.

Les élections se suivent et ne se ressemblent pas. Si elles se ressemblaient, les élections européennes auraient débouché sur un raz-de-marée écologiste aux régionales. Les élections régionales ne présument pas de la déroute d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle, même si elles démontrent que ces deux occupants du devant de la scène politique sont de piètres stratèges, comme le note Olivier Faye dans "le Monde". Les deux impétrants qui s'imaginent être déjà au second tour sans même avoir à concourir pour remporter le premier (présomption qui n'a jamais servi ceux qui ont cru pouvoir gagner sans combattre) ont un défaut commun d'implantation. C'est grave pour Emmanuel Macron, qui n'a pas su territorialiser son mandat présidentiel. Mais c'est plus grave pour Marine Le Pen, qui a misé sur des "vedettes" lors de ces élections, sur un Laurent Giacobelli dans le grand Est, ancien membre de TF1 et élu très nomade, sur Andrea Kotarak en Auvergne-Rhônes-Alpes, prise de guerre de "la France insoumise", sur Sébastien Chenu dans les Hauts-de-France, issu de "Gay lib" et qui met le RN en porte-à-faux par rapport à son électorat traditionnel, attaché à un certain conservatisme sociétal, ou sur Thierry Mariani en PACA, qui bâtit sa notoriété sur le fait de faire barrage à Jacques Bompard pour qu'il ne dirige pas les chorégies d'Orange dont il venait d'être élu maire. La peopelisation et le débauchage de prises de guerre ne font pas des stratégies d'alliance.

Marine Le Pen est en outre tombée dans le piège de croire que son exercice de banalisation du parti de papa avait désactivé le Front républicain qui l'empêche d'être élue à quelque siège exécutif qu'elle se présente. Son incompétence est au moins le double de l'incompétence présidentielle de Macron qui ne s'est pas implanté dans les "territoires". Ayant perdu, elle tape du pied et conjure ses électeurs de l'aimer et de la suivre dans quelque cul-de-sac où elle les entraîne. Tout cela se terminera en 2022 dans une danse de Saint-Guy à la Ségolène Royal en 2007 qui, défaite, commença sa déclaration télévisée en promettant de conduire ses électeurs "vers d'autres victoires" (sic). Prendre une défaite pour une victoire serait-il un tropisme féminin? (Resic)

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