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lundi 18 octobre 2021

Le miracle

Le miracle est l'exception qui confirme la règle.

Les remarques sur la toute-puissance de Dieu doivent être assorties de ce qu'en disait François Varillon: "L'amour ne fait que ce qu'il peut" et il ne peut qu'aimer. Mais ce n'est pas une raison pour réduire Dieu à l'impuissance sous prétexte qu'Il serait tout-puissant en amour. Comme ce n'est pas une raison de réduire le désir à l'impuissance parce que nous sommes des insatisfaits permanents, et que nous papillonnons faute de savoir ordonner nos désirs au bon usage de la vie qui est Dieu et qui nous veut du bien.

Je rêve d'une Eglise qui croit au miracle parce que le miracle est le premier signe de la foi. Peut-être croire au miracle est-il romantique, mais la foi est romantique comme une aventure irrationnelle ou comme l'aventure rationnelle de la lutte avec l'ange, où la raison ne s'incline que quand elle est acculée.

Je crois au miracle jusqu'à croire qu'un aveugle peut avoir recouvré la vue sans nerf optique comme cela pourrait m'arriver, ce que je désirerais d'autant plus que je n'en éprouve aucun besoin.

La question à se poser n'est pas: "Pourquoi ne sommes-nous pas tous miraculés?" mais: "De quoi le miracle est-il le signe?", et la réponse est que "Le salut éternel fait irruption dans nos vies comme un miracle" de transformation du désir. Mais le salut, ou bien est second, ou bien prolonge la foi qui est première, et qui est moins confiance que conscience d'une relation inouÏe, improbable, théoriquement impossible, d'une relation miraculeuse entre un Dieu miraculeux et l'homme qui est le miracle de Dieu.

Si le miracle peut être suspension d'un processus de dégénérescence, cela dispense de se poser la question: "Pourquoi devrait-on guérir si l'on ne peut mourir guéri?".

Dieu n'intervient dans la nature que par miracle. Teilhard suppose que c'est parce qu'Il a laissé la liberté à la nature comme Il a laissé l'homme à sa liberté, et la nature s'est donnée ses règles, puis a été laissée à ses lois qu'a édictées sa liberté, dont c'est peu dire qu'elles ne sont pas conformes aux lois de Dieu, "la lumière éclairant tout homme" et animant tout ce "qui vient en ce monde". Jésus ne peut pas approuver  cette loi de la nature: "Celui qui a recevra encore, mais à celui qui n'a rien, on prendra même ce qu'il a". Mais cela ne l'empêche pas de l'énoncer comme s'Il la reprenait à Son compte.

Il est enfin stimulant de penser que Dieu est "cause libre" plus que "cause rationnelle". Le miracle est la sortie du déterminisme.


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