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lundi 28 juin 2021

Renaissance de la droite républicaine?

            Le duel Macron-Le Pen n'est désiré que par les prétendants à celui-ci et les médias qui, malgré l'échec du quinquennat Macron, veulent que ce champion du conformisme soit réélu. Or le meilleur moyen qu'il a de l'être est de se confronter à l'épouvantail de la vie politique française qu'est activement le front national depuis plus de trente-cinq ans.


    On n'est jamais mort en politique et les baronnies de la droite classique renaîssent des cendres de la macronie.


    Beaucoup ont d'emblée intenté à Christian Jacob un procès en incompétence sous prétexte qu'il était chiraquien et pis encore, n'avait jamais manqué à Jean-François Copé. Que reprochait-on exactement à ce syndicaliste agricole qui n'a démérité ni comme ministre de l'agriculture, ni comme président du groupe UMP puis LR à l'Assemblée nationale? On a dit qu'il n'avait pas l'envergure d'être présidentiable, qui sait s'il ne nous réservera pas la surprise du chef! J'ai à son égard un préjugé favorable, car je trouve qu'il écrit bien. Ses discours sont pleins de saveur. François Hollande avait lui aussi une belle plume quand il était président de groupe. Mais on sentait la petite blague poindre sous ses effets de manche. Christian Jacob est doté d'une vraie rhétorique. 


   Il a tiré hier soir la leçon la plus importante de ce scrutin après celle de l'abstention: depuis les municipales, la France retrouve la droite classique. On a prétendu enterrer le clivage gauche-droite avec Macron, il est toujours vivant. On a prétendu que le RN allait remplacer la droite et que le Front républicain ne voulait plus servir, ce cordon sanitaire continue de neutraliser le parti banalisé de Marine Le Pen. Christian Jacob est donc en train de réussir son pari, il remet la droite en lice.


    Mais on peut regretter que ce soit au service d'arrivistes de la pire espèce comme les trois qui se croient assez forts de leur victoire aux régionales pour pouvoir prétendre à un destin présidentiel.


    Le doux Xavier Bertrand se vante d'avoir "brisé les mâchoires du Rassemblement national", on peut rêver mieux en matière de respect républicain de ses ennemis et de ses adversaires. Il fut un temps où les petites retraites lui paraissaient toujours trop grosses. Mais comme c'était sous Jacques Chirac  et sous Nicolas Sarkozy, les Français qui ont la mémoire courte n'ont pas l'heur et n'ont pas l'air de se souvenir de cette chanson. 


    Les bullshits de Laurent Wauquiez l'ont emporté en cynisme sur tout ce qui s'était fait dans le genre. Le visiteur de soeur Emmanuelle qui avait commencé sa carrière sous l'égide de Jacques BArrault  avait fondé "la droite sociale" qui parlait de "cancer de l'assistanat". 


    Valérie Pécresse qui eut des pudeurs de gazelle à soutenir Filon et ne le fit que quand elle crut que la soupe chauffait de ce côté-là s'était auparavant déclarée "libre" d'un Wauquiez qui faisait dériver sa famille politique nors des sentiers de l'humanisme qu'on était prié de croire que la dame incarnait. Son truc à elle était plutôt de dire que des enfants nés dans le quart-monde étaient irrécupérables dès l'âge de trois ans et qu'il fallait les ficher  pour cibler et prévenir la future délinquance juvénile. Je caricature à peine la philosophie du rapport qu'elle présenta avec Patrick Bloche   sur la "protection de l'enfance", qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! 


     Veut-on que le retour de la droite de gouvernement se fasse pour servir les ambitions de tels traîne-parquets à râtelier? Très peu pour moi. De cette droite, je dis ce qu'en chante Jean-Marie Vivier, chanteur malheureusement trop méconnu bien qu'autrefois parrainé par Félix Leclerc:


"J'aurais voulu aimer  une mère nomée France

Et pas une putain qui s'offre au tout venant,

De la droite débile, méchante et oppressante

A la gauche insipide, sans espoir de changement.

A ces tarés qui règnent et ceux qui régneront,

Ces jongleurs de promesses, ces champions de l'illusion,

Ces rois de la flatterie, ces princes du croupion

Qui mordent dans la pomme et nous laissent le trognon.""J'aurais voulu rêver d'une terre nommée France".


     https://www.youtube.com/watch?v=chD6DPgr9dA


Oui, la droite que représentent Bertrand, Wauquiez et Pécresse est "débile, méchante et oppressante", or il existe une droite enracinée qui la dépasse infiniment, une droite pénétrée des devoirs philanthropiques de la bourgeoisie qui sont son "Noblesse oblige", une droite que je crois incarnée, non pas par Guillaume Pelletier qui va s'offrir à Zemour après avoir moult fois retourné sa veste, mais par un Bruno Retailleau ou un David Lisnard, un vendéen et un Cannois qui ont peut-être le charisme d'une armoire normande, mais qui ont l'avantage de ne pas être déshonnêtes et qui, lorsqu'on les entend, fleurent bon les valeurs qu'ils défendent. 


    La renaissance de la droite est un choix entre la droite des arrivistes et cette droite enracinée que pourrait synthétiser Christian Jacob. J'espère que la famille des Républicains ne se laissera pas intimider par l'écran de fumée de ces régionales, ne repêchera pas ses renégats et saura promouvoir ses vrais amis car il y a des valeurs bourgeoises qui sont de vraies valeurs. Le conservatisme est la revanche de la société close qui, par une curieuse lassitude du progressisme qui s'est épuisé d'aller dans tous les sens excepté le bon, est  le dernier cercle intellectuel où l'on pense. 

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