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mercredi 9 février 2011

Les marches associatrices

(suite du Dialogue entre le Torrentiel et un croissant de Lune, partie IV, chronique 7)

Envoyé par Croissant de lune le 7 février 2011 à 0h8

Mon Torrentiel!


Ce jour fut, dans l'égypte longue, mère des patries, le dimanche des martyres. Il fut plus caractérisé encore que les jours passés, par ceci que le grand peuple Arabe et libre d'égypte, retrouve une heureuse harmonie, une solidarité marquée entre ses diverses composantes. Ce furent encore, des marches milionniennes. Jour des martyres, consacré à l'évocation de ceux qui ont péri, emportés par le plomb vif, depuis le jour glorieux du 25 janvier, début de l'Intifatha d'égypte. On a constaté une augmentation marquée des participants Coptes aux manifestations. Les marches ont commencé après les offices religieux Chrétiens et la prière Musulmane de l'après-midi. Le peuple commença donc par la prière et l'évocation des martyres. Sur la grande place du Caire, des Coptes ont dressé deux chapelles, pourquoi deux, je l'ignore. Un office fut dit sur la place, en plein air. L'officiant Copte, parlait excessivement de pardon, à mon goût. Il a cité ce passage de l'évangile, "Pardonnes-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font". Désolé, mais les bastonneurs, savent très bien ce qu'ils font, et quel prix on les paye. Bon, mettons! Dans les rues d'Alexandrie, ville où semble-t-il, vivent un grand nombre de Chrétiens, les défilés étaient salués des prêtres, au passage des églises, d'où des groupes de Coptes les rejoignaient. Pareillement, devant les mosquées, il en alla de même, les imans saluaient le cortège populaire, auquel se joignaient de nouveaux groupes. Ainsi, quand la Nation se lève et se remet à vivre, l'harmonie se remet entre ses fils et filles. Tel fut le cas, au Liban, en 2006, où l'héroïsme des combattants volontaires fut unaninement salué. Je crois que le chef et guide des héros enregistra une popularité de 80% dans l'univers Chrétien, plus que dans certains milieux Sunnites, semble-t-il, selon des sondages Américains. C'est donc bien l'abaissement qui dissocie les composantes de la Nation, l'élévation resserre ses rangs éparpillés. Ce fut donc en égypte, une journée des Coptes.


Une observation pourtant, le patriarche Copte, nommé Baba Chnouwa (officiellement Chenouda III), soutien du régime, a prêché, au début du mouvement, contre les participations Chrétiennes. Il semble que dans l'église Copte, il y ait des situations de contestation. Certains reprochent au patriarcat de se mêler de leurs affaires politiques et soutiennent que son rôle devrait se limiter à une fonction religieuse et cléricale. Si le régime vient à chuter, beaucoup de choses changeront dans cette église, c'est pas si simple.


On apprend que le mufti d'Arabie, un savant officiel et fonctionnaire, condamne la révolution égyptienne, parce que, dit-il, elle creuse un fossé entre les peuples et les dirigeants. Autrement dit, il faudrait laisser les gouvernants bien tranquilles. Mais le public, s'est depuis longtemps habitué à ne plus faire cas des avis et sentences des savants stipendiés! L'université d'El-Azhare ne dit rien, sous prétexte de neutralité et d'apolitisme. Pourtant, certains savants Lazharistes se seraient joints, par instants, aux mouvement de la grande place.


J'ai appris quelque-chose qui te fera peut-être plaisir. Au moment de la conclusion du traité de Camp David, l'institution d'El-Azhare, a béni le traité et l'a considéré comme légitime. Le patriarcat Copte de ce temps-là s'y est refusé, ce qui valut au patriarche d'alors, certaines brimades. Toi, tu dis que l'existence de l'état d'Israël est indispensable aux Chrétiens. Enfin, tout le monde n'est pas d'accord, semble-t-il! Savoir tes arguments.


Il n'y eut pas de marches sur les palais, j'aurai mal compris, sans doute. Ce sera un autre jour, ou bien la chose est annulée, j'ignore. Il semble qu'il est prévu, d'alterner des jours de repos et des jours de marche. Sur ces entrefaites, des pour-parlers se tiennent entre des représentants des mouvements politiques désireux de négocier et le vis-président Homar Souleiman. Un représentant des frères se trouve dans la délégation, ce que je ne suis pas sûr d'approuver. En fait, le secrétaire général des Frères, expose qu'on doit tenir en même temps pour la lutte et la négociation. Or, un autre ténor du mouvement condamne l'initiative comme une dépréciation du sang des martyres, versé pour le départ du tyran. Il y a palabre, la situation piétine, le régime spécule sur l'épuisement du peuple. Permettre à Moubarak de se maintenir jusqu'à la fin de son mandat est une concession tentante, mais on fait observer que le régime disposerait du temps nécessaire à la restauration de l'appareil policier répressif. Il n'y a donc pas d'alternative, le départ à court délai! Or, comme on voit, l'Arabie sustente le régime, lequel agite l'épouvantail d'une égypte hostile et essaimante, tandis que son maintien contribue à l'endiguement de l'Iran. Je suis sceptique sur le fait qu'un mouvement populaire puisse garder ce caractère pacifique très longtemps, sans résultat concret. S'il doit en aller autrement, je forme des voeux pour que règne la plus grande discipline, si le peuple doit évoluer vers des formes plus violentes de combat, et qu'il y ait concertation et complémentarité fonctionelle avec des éléments armés, si la révolution en dispose.


Croissant de lune.

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