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vendredi 25 janvier 2019

Un mieux de Macron

Macron a une « empathie vigoureuse". (Philippe Bilger) Je dois dire que, pour la première fois depuis très longtemps, sans doute depuis son interview à JJ. Bourdin et à Edwy Plenel, je suis content d'une prestation de Macron. Je note depuis deux jours la tendance des médias à ne prodiguer que la moitié d'une information: -Les interventions d'Emmanuel Macron auprès des maires ne ressortissent pas du tout au "Grand débat national", mais tiennent la promesse qu'il a faite aux maires reçus à l'Élysée en marge du congrès de l'AFM de se rendre dans les treize grandes régions de France à la rencontre des maires pour un débat spécifique entre le sommet de l'exécutif et le pouvoir communal. -La liste des Gilets jaunes s'est montée, mais promet d'exercer le mandat parlementaire européen sous cette forme inédite qui consiste à soumettre le moindre de ses votes aux citoyens qui s'y intéresseront et voudront bien s'exprimer sur la plateforme qu'ils mettront à leur disposition. Une avancée de la démocratie direct dans un organe très représentatif, qui participe à la "suppression des partis politiques" voulue par Simone Weil. Piere Rosanvallon disait sans l'approuver qu'il serait tout à fait possible aujourd'hui, grâce au numérique (et on le pensait depuis les années 70) d'organiser un certain nombre de référendums quotidiens. Ne sachant trop quelles objections élever là contre, avait-on l'impression, il dit qu'autant de décisions devraient être mises en œuvre. Mais il en va tout à fait de même avec l'inflation législative face aux décrets d'application des lois qui peuvent n'être jamais rédigés et rendrela loi promulguée vide de toute application. Cette liste des Gilets jaunes en train de se structurer contrarie les agents assermentés de la démocratie représentative, à commencer par les partis qui, à des degrés divers, ont prétendu récupérer le mouvement. Les Gilets jaunes feront de la France insoumise sans Mélenchon ou du lepénisme sans Marine Le Pen. La droite se reconfigure dans un parfum d'étrangeté. La frange conservatrice et catholique avait été mise au rancard depuis plus de quarante ans. À bout de ressources humaines et personnelles, Laurent Wauquiez la ramène sur le devant de la scène. Quant à Nicolas dupont-Aignan, qui a choisi la stratégie d'un lepénisme bourgeois mêlant un langage crapuleux à une respectabilité affichée, il renchérit dans le libéralisme en ayant recruté la très brillante Emmanuelle Gave, qui ne rougit pas d'être la fille de son père et qui, entre quelques propos condescendants sur sa "petite coiffeuse", son "petit boulanger" ou le "petit instituteur" de ses filles qui a peu d'économies, cite cet adage très juste de son père Charles Gave: "Il y a trois catégories de gens: ceux qui ont besoin qu'on s'occupe d'eux, ceux qui ont besoin de s'occuper des autres et ceux qui ont besoin qu'on leur fiche la paix pour pouvoir s'occuper d'eux-mêmes et des projets qu'ils entreprennent." On aurait aimé que la droite dite de gouvernement mette en avant des fillonistes de cette trempe. La stratégie de Nicolas dupont-Aignan ne diffère pas fondamentalement de celle de Laurent Wauquiez, mais l'un et l'autre seront laminés car l'un n'a pas et l'autre n'a plus de socle électoral. Emmanuel Macron a été très léger quand on lui a fait observer qu'il n'avait évidemment pas tenu la promesse de zéro SDF à la fin de l'année 2017. On ne sait pourquoi Nicolas Hulot n'a pipé mot quand le président a avoué que l'agriculture française ne pourrait qu'à 80 % se passer de glyphosate en 2021. Il tient à ce que les plus aisés ne payent pas de taxe d'habitation sans trouver regrettable que les plus démunis payent de la TVA, mais après tout, c'était la promesse électorale phare du programme minimum qu'il portait à l'élection présidentielle. Je me souviens de la première phase de son diagnostic jamais vraiment suivi des prescriptions susceptibles d'y remédier. Le meeting était intitulé "La France qui subit". On peut dire que "la France qui subit" s'est vertement retournée contre lui. Il s'est défendu d'être né banquier et dit n'avoir "jamais lâché le morceau". Je crois que c'est en effet une des caractéristiques de sa personnalité prédatrice, séductrice et velléitaire. Peut-être a-t-il épousé Brigitte pour aller au bout d'une velléité de ce genre. Toutefois je ne comprends pas une chose. Comment peut-il se réjouir d'être un banquier philosophe? Il est le roi-philosophe de sa cité idéale, grand bien nous fasse! Le roi-philosophe serait aussi "poète", selon Nicolas Domenach et Maurice Szafran. Tant mieux. Ainsi il brave l'interdit de Platon que des poètes soient en tête de la cité. -Les poètes étaient trop polythéistes et prenaient les mythes au pied de la lettre.- Mais la philosophie comme la poésie devraient détacher de l'argent. Comment être un banquier philosophe? On aimerait que Macron nous l'explique.

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