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mardi 8 janvier 2019

Le procès Barbarin est très mal parti

1. La défense du cardinal Barbarin s'annonce catastrophique: a) parce qu'il a commis à sa défense Me André Soulier, un dignitaire de la franc-maçonnerie et de la mitterrandie, ténor du barreau, dont l'un des principaux faits d'armes serait, à en croire "Le Monde", d'avoir fait acquitter un boucher, meurtrier d'une petite fille, et d'avoir de surcroît demandé des dommages et intérêts pour ce meurtrier dont la réputation aurait été ternie par le procès. https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/01/07/andre-soulier-l-avocat-du-pouvoir_5405811_4500055.html b) Parce que la première chose que soulève la défense du cardinal Barbarin et de son entourage est d'éventuels vices de procédure touchant cette incitation directe, reprochant au tribunal d'avoir accepté que les victimes ne versent pas de consignation personnelle, mais le fassent sur les fonds de l'association "La parole libérée". Comme si l'enjeu de ce qui est devenu un grave problème de société était de se battre sur la procédure quand l'enjeu est ici humain, compte tenu de la gravité, moins de ce qui est reproché au cardinal Barbarin que des sévisses du Père Preynat, que le cardinal Barbarin a maintenu en poste jusqu’en septembre 2015. La défense va même jusqu'à cette ignominie de dire que "tous les abus (sic) sont permis" si l'on accepte ce mode de versement de la consignation et d'ajouter, par la voix de Me Aymeric Molin: "Autrefois, au lieu de la consignation, l’accusateur devait rester en prison jusqu’à avoir fait la preuve de la véracité de ses accusations. "« La prison dans laquelle ils ont été enfermés pendant des décennies, c’est précisément le silence que l’on vous reproche », a répliqué maître Jean Boudot, qui a décrié comme ses confrères la méconnaissance par les prévenus des traumatismes vécus par des victimes d’agressions sexuelles." https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Debut-proces-Barbarin-cardinal-face-plaignants-2019-01-07-1200993660?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20190107&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=406&PMID=6c6207cf973a7c0a7bfc56bfa12872d0 c) Le cardinal Barbarin concède quelques maladresses de gouvernance, mais ne reconnaît aucune faute (le clergé est pourtant un adepte de la repentance et la prêche aux fidèles). N'Est-ce pas une faute de n'avoir fait aucun cas de "rumeurs" qui seraient remontées jusqu’à lui seulement en 2007, à l'en croire, mais dès 2004 ou 2005, selon le témoignage d'Isabelle de Gaullmin? https://www.youtube.com/watch?v=9DGIAwm57BY N'Est-ce pas une faute pour n'importe quel patron d'entreprise de ne pas connaître le profil de ses collaborateurs, surtout s’ils font l'objet d'accusations graves, quand bien même celles-ci se limiteraient encore au domaine de la réputation? Et, pour le dire dans le langage de la tribu ecclésiastique, n'Est-ce pas une faute pour un archevêque de ne pas connaître son presbyterium=ses prêtres, lesquels sont forcément en nombre limité, du fait de la crise des vocations? 2. Tandis que s'ouvre ce procès, paraît aux éditions de l'observatoire, l'ouvrage intitulé "Plus jamais ça" du Père Pierre Vignon, qui s'est découvert une vocation médiatique en signant une pétition demandant la démission du cardinal Barbarin après avoir exercé pendant vingt-cinq ans, donc sous la juridiction de celui-ci pendant seize ans, les fonctions de juge de l'Officialité, tribunal ecclésiastique surtout chargé en général d'instruire les demandes en annulation de mariage. Le Père Vignon s'abrite à l'ombre du pape François et de sa "Lettre au peuple de Dieu", dont les intentions de ne plus tolérer les abus sexuels dans l'Eglise seraient sans équivoque. Or il y a toujours une certaine distance entre les intentions et les actes. Dans le cas du pape François, cette distance est aggravée: -par le soutien qu'il a affiché au cardinal Barbarin auprès de Dominique Wolton, dans l'ouvrage qu'ont co-signé lepape et le sociologue : "Politique et société" aux éditions de l'observatoire, ouvrage au demeurant fort médiocre et doù le sociologue n'a même pas pris la peine de réécrire et de remettre de l’ordre dans les entretiens, ce qui est le b.a.-ba de la discipline. -Par les accusation de mgr Vigano, qu'on pouvait prendre pour le règlement de compte d'un prélat consservateur aigri, jusqu'à ce qu'on apprenne le tout récent épisode: -d'un évêque argentin, Gustavo Oscar Zanchetta, démissionnaire de son diocèse à 54 ans pour abus sexuels sur des séminaristes qui, fuyant son pays, est recueilli par le pape François et nommé dans une fonction ad hoc à la vice-présidence de l'ABSA, chargée de veiller sur le patrimoine immobilier du Vatican, en dépit de ses piètres qualités d’administrateur et où il succède au cardinal Pelle, qui a dû retourner en Australie pour se défendre d’accusations d’abus sexuels dans une ancienne affaire. Or le cardinal argentin choisi pour le remplacer fait l’objet d’une enquête préliminaire pour le même motif, de l’aveu même du Vatican, qui confirme des allégations de la presse italienne. À la longue, cela finit par crééer un effet de masse et comme le dit le P. Pierre Vignon, « il y a quelque chose de pourri au royaume du Vatican » où l’on retrouve la conjonction de l’argent, de la drogue et de la pédophilie. Rien ne semble avoir changé depuis l’éviction du cardinal Marsinkus et le scandale du PèrE Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, malgré la parenthèse de Benoît XVI, seul pape visiblement décidé à faire vraiment le ménage. 3. Sous le pontificat actuel, dans l’Eglise de France et ailleurs, est organisée une grande lessive. Je suis nécessairement contraint à une certaine discrétion quant aux informations dont je dispose, mais cette grande lessive part pour être une vaste « opération pleurniche » doublée de la classique incantation : « plus jamais ça », qui n’est jamais sérieuse. « Plus jamais les avalanches », se moquait avec à propos le journaliste et polémiste serge de Beketch. Or, quand on saisit par la voie amicale des acteurs de ces opérations sur des rumeurs qu’on a entendues de façon insistante, ceux-ci ne nous demandent pas d’où on les tient ni ne diligentent une enquête discrète sur ces rumeurs, mais nous recommandent de prendre notre plus belle plume de délateur pour écrire à l’évêque : « Je ne suis pas un témoin direct et ne suis pas au courant de grand-chose même si ce que je crois savoir me paraît inquiétant, mais j’aimerais bien calomnier. Aussi je vous informe que le Père Un Tel… » L’État fait de la non dénonciation un crime et l’Église continue de pratiquer la politique de l’autruche. « Pas vu, pas pris. » Les prêtres soupçonnés detelles inclinations vivent à l’écart de leurs confrères, sont un peu mis au placard, mais pas du tout accompagnés. L’opprobre qui pèse sur eux leur donnera donc envie de recommencer. Car la méfiance génère la transgression. À long terme, cette grande lessive se révélera dévastatrice pour l’Église. Car quand, dans vingt ans, éclateront les prochaines affaires, elle ne pourra plus faire le coup d’une nouvelle catharsis. 4. L’Église préfère donner dans la chasse à l’homme que de chercher les causes lointaines pour lesquelles des perversions individuelles viennent se greffer sur une perversion systémique. Cette perversion, c’est Christine Pedoti qui la décrit le mieux lorsqu’elle fait remarquer que l’Église interdit à ses prêtres toute forme de sexualité. Un de mes amis prêtres m’objectait qu’elle n’interdit aux prêtres que la dimension génitale de la sexualité. Qu’est-ce à dire ? La dimension génitale n’est-elle pas essentielle ? Est-elle séparée de la séduction qu’un homme ressent pour une femme lorsque le membre de son appareil génital se met en érection ? La séduction non génitale n’est-elle pas plus redoutable qu’une génitalité assumée ? Le vrai est que l’Église féminise, puis émascule ses prêtres. Elle les féminise : elle les habille en robe. Elle les émascule : elle les fait se prendre pour des épouses du Christ. Elle provoque un « trouble dans (leur) genre » et dans leur identité sexuelle : ils sont à la fois des épouses au service de l’Épouse du Christ, et des représentants du christ. Tant qu’on n’aura pas fait une réflexion approfondie pour résoudre cette crise d’identité, des abus sexuels se commettront structurellement dans l’Église. Il est urgent de ne plus attendre.

3 commentaires:

  1. Cher Julien,

    Vos informations en la matière sont immenses et suscitent mopn asdmiration. En sachant, à vrai dire, cent fois mois que moi, je ne puis que vous dire ceci : Chaque Français doit faire part à la justice d'un crime, quand il en a connaissance, qu'il soit cardinal ou non. En disant cela, je ne crois pas être anticlérical. J'ajoute que ce cardinal n'ira pas en prison. Que ses défenseurs ne s'inquiètent pas inutilement.

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  2. Cher Patrice,

    Merci pour votre commentaire. Croyez bien que je ne suis pas de ceux qui m'inquiètent le moins du monde pour la liberté du cardinal Barbarin. Il sortira libre de ce procès comme il y est venu. Au pire écopera-t-il d'une condamnation de prison avec sursit, ce qui serait la moindre des choses étant donné le nombre d'enfants abusés par le Père Preynat, donc la nociviité de cet ancien curé de paroisse, si ce prêtre jamais démis de ses fonctions et toujours promu jusqu'en 2015avait récidivé comme il est malheureusement probable, étant donné la perversion de ce sujet hors du commun.

    Le procès mal parti du Père Preynat risque de mal arriver. "La Croix", délicatement déçue par le cardinal Barbarin, qualifie son procès de "procès des silences" consacrant la loi du silence de l'Eglise face à la pédophilie dans l'Eglise, en pleine lessive franciscaine. "Le cléricalisme" à l'origine de cette loi du silence selon le pape François qui a soutenu le cardinal Barbarin auprès de Dominique Wolton, joue à plein dans ce procès. Il a encore de beaux jours devant lui. La présidente du tribunal dénonce un "contrôle permanent de la parole" de la part de prévenus qui font bloc autour du cardinal. Mauvais signe pour une institution qui n'a rien à se reprocher.

    Le comble du cynisme est que le cardinal Barbarin, son entourage et leur défense demandent pourquoi les familles n'ont pas porté plainte elles-mêmes. C'est que les familles voulaient laver ce linge sale, que dis-je ? ce linge sordide en famille, et qu'elles comptaient que l'Eglise agirait en bonne mère de famille. Comme elle ne l'a pas fait, ces familles se sont retournées vers le tribunal, pour que celui-ci aide l'Eglise à faire cette purification salutaire. Mais l'institution ne veut pas en entendre parler. Le cléricalisme joue à plein dans ce procès. On protège l'institution, au nom de la conception pyramidale du cardinal Barbarin se référant à Rome et des collaborateurs du cardinal Barbarin faisant bloc avec celui-ci.

    Pour moi, le chef d'accusation n'est pas le bon. Il fallait convoquer le cardinal, étant donné que les faits incriminant le Père Preynat étaient prescrits, non "grâce à Dieu", mais malgré Lui, et non pour répondre de "crime de "non dénonciation d'abus sexuels sur mineurs", chef d'accusation qui a cours dans un Etat explicitement délateur,mais pour "non assistance à personne en danger", aggravée de la vulnérabilité desdits mineurs, que l'autorité religieuse à laquelle leur famille les confiait aurait dû protéger doublement. Mais le cardinal Barbarin ne voit pas quelle faute il a pu commettre en ne démettant pas un prêtre abuseur d'au moins 70 enfants. On marche sur la tête. Et dire que c'est ce fougueux missionnaire dont on a essayé de faire le poulain français du pape Jean-Paul II !

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  3. Mon cher Julien,

    N'avez-vous pas l'impression que vous poussez le bouchon un peu loin ? Pourquoi ne pas laisser Gaulmyn et ses potes s'occuper de déconstruire l'Eglise un peu plus ?

    Ce que j'en dis c'est d'abord pour m'assurer que je sais utiliser votre système commentairre

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