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samedi 26 janvier 2019

Musicologie sans importance

Hier, mourait Michel Legrand. Parmi les événements sans incidence de ma vie improbable, en 1993 ou 1994, quand Franck et moi avons donné notre concert à la fête de la musique rue des franciscains avec mon petit synthé de l’époque et sur deux petits tréteaux, la mère du compositeur, concert qui a remporté un franc succès assez inespéré, la femme de Raymond Legrand est venue me voir et m’a demandé de lui jouer une chanson de son mari. Je n’en connaissais aucune. Grand moment de solitude. Bien sûr, je n’ai pas vérifié son identité, mais pourquoi m’aurait-elle menti ? Il m’est arrivé la même chose quelques années plus tôt avec la mère de Jean-Marie Koltès dans un bar à Strasbourg. Quand il était jeune, mon père était copain avec Michel colombier. Quand il s’est lancé dans les diverses écoles d’architecture qu’il fréquentait trois fois par an, ils s’étaient promis l’un à l’autre : « Toi, tu auras ton prix de Rome en architecture et moi, mon prix de Rome en musique. » Michel Colombier a eu son prix de Rome. Mon père était cossard et disait que ses trois fils avaient hérité de son poil dans la main. C’est vraipour moi, ça l’est beaucoup moins pour mes deux frères qui, chacun, est perfectionniste dans son genre. Je connais mal la musique de Michel Colombier. Je ne suis pas non plus un spécialiste de la musique de Michel Legrand. Mais comme Mozart ou comme Léo Ferré, il avait son style ou ses tiques, qu’on appelle aussi une esthétique. Léo Ferré,son tique était de s’accompagner toujours sur des triolets au piano. Mozart ne modulait jamais au point de quitter son lit. Quant à Michel Legrand, bien qu’il ait su sewinguer à volonté, il ne se sentait jamais aussi à l’aise que dans la chanson parlée et finalement dans une espèce de rondo. Ce genre d’analyse musicale de pacotille est faite par le genre de paressseux dans mon genre pour nous éviter d’entrer dans les détails d’une œuvre, comme il se doit quand on se pique de composer. Je voudrais bien, mais j’y ai pratiquement renoncé, car je n’aime pas les détails et crois plus immédiat d’écrire des lettres que des notes, d’autant qu’il s’agirait de posséder la grammaire musicale. La mienne est intuitive. Je ne crois pas être un dilettante, mais je n’aime que la haute voltige. Mais on dit qu’il faut se méfier des intuitifs en musique.

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