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mercredi 2 janvier 2019

Le macronisme alternatif

Quelques réponses à des commentateurs du blog de Philippe Bilger, avec toujours les citations de ces commentateurs pour qu'on comprenne de quoi il est question. @Marie Gamard | 02 janvier 2019 à 14:27 Merci d’illustrer par votre expérience plusieurs de mes dadas : il est absurde d’enseigner la même chose à tout le monde et de mettre tout le monde dans la même classe. Il serait beaucoup plus efficient de reconnaître les différents genres d’intelligence. Faute de quoi on fait de la scolarité un traumatisme, aussi bien pour le sportif hyperactif obligé de rester assis toute la journée que pour le mal habile un peu chétif que j’étais, quand venaient les cours de travaux manuels ou de sport. L’idée même de classe est une expression du collectivisme, surtout quand le langage des pédagogistes jouit de parler de « groupe classe », ce groupe qu’on imagine déjà en lutte. Je me souviens d’une sortie de Philippe Meyrieu se réjouissant qu’en classe, on soit tous dans le même bateau sans être obligé de s’aimer. On ne regroupe pas les élèves par affinités pour leur rendre l’école obligatoire plus supportable. Jadis, l’école était un privilège réservé à des enfants ou bien nés comme on disait, ou repérés pour leur intelligence exceptionnelle. Toutes ces intelligences étaient couvées par un précepteur individuel. L’éducation est essentiellement individuelle et gagne toujours à être individualisée. Faute de quoi on assiste à ce que vous dénoncez : l’enseignement est nivelé non par le haut, non par le bas, mais par la base, autrement dit par la médiocrité. C’est ici le lieu d’insérer mon adage : l’école ne forme ni des médecins ni des manœuvres, elle forme des agents du secteur tertiaire qui penseront à leur retraite, n’ayant pas passé la vingtaine. L’enfant ne se frotte que trop tôt à l‘enfance qui est un âge cruel. Il en résulte forcément la bouc émissarisation du meilleur ou de la llanterne rouge, de l’enfant retardé ou du surdoué, du premier et du dernier de la classe. Vous avez raison de dire que le reproche que l’on fait à Macron ne fait que répéter à l’âge adulte celui que l’on fait au « faillot ». (Il paraît que même ses copains de promo à l’ENA le voyaient un peu comme ça, parce qu’illeur disait « chute » quand le profprofessait). On n’en veut pas à Macron d’être un premier de la classe. On lui en veut d’être un premier de la classe qui a aspiré à prendre des responsabilités et donc à diriger les autres sans faire sa réforme intérieure et comprendre que prendre un poste de direction suppose une ascèse ministérielle, l’ascèse du ministre consistant à comprendre qu’on dirige pour servir. Si le premier de la classe n’a pas cet altruisme, il reste un faillot puant de suffisance, qui ne se hisse que pour lui-même et à qui on chante ce couplet de Font et Val à la grande époque (Patrick Font n’est plus de ce monde) : « Il était si con Le premier d’la classe Que tout l’monde voulait être le dernier. Ca fait qu’il y avait Un premier de classe Et tout d’suite après 43 derniers. Chacun déployait son intelligence Pour être noté en-dessous d’zéro, Pour ne pas choper le prix d’excellence Qui récompensait ce triste charlot. » ------------------------------------------------ @Denis Monod-Broca | 02 janvier 2019 à 11:14 Macron a lu le cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. » Mais il pousse l’ambiguïté jusqu’à un paroxysme de perversion narcissique, le pervers narcissique gouvernant son entourage par l’injonction paradoxale. Non seulement il y a l’ambiguïté que vous notez entre le relativisme d’ »à chacun sa vérité » et le caractère absolu qui devrait être contenu dans le vœu de vérité. (Au passage, remarquez la syntaxe hasardeuse de notre fort en thème : « chacun d’entre nous commence à se fourvoyer dans l’erreur quand nous affirmons les choses sans dialoguer » au lieu de : « quand il affirme les choses sans dialoguer. » La syntaxe est aussi hasardeuse que la philosophie du « débat » pour « l’action » et non pour « la décision »). Non seulement il y a l’ambiguïté, à l’intime du vœu de vérité macronien, entre celui-ci, qui devrait valoir pour lui-même, et la lutte contre les fake news, qui annonce une répression politique et une surveillance des opposants. Ambiguïté qui reproduit celle déjà observée à l’intime du discours du 10 décembre, entre la compréhension et l’annonce d’une répression « sans complaisance » des prochaines manifestations. Mais l’ambiguïté se niche dans la différence de posture entre ce premier discours empathique d’un enfant pris en faute et qui promet qu’il ne le fera plus, et ce discours martial des vœux de Jupiter remonté sur son olympe ou de Mars résurgent, au mépris de la promesse que « nous ne reprendrons pas le cours de notre vie ». L’injonction paradoxale est l’essence du « et en même temps » et de la perversion narcissique. L’entourage d’un pervers narcissique est constamment déboussolé et sous pression, ne sachant jamais de quelle humeur il sera et doutant, dans son amour possessif, si domine l’amour oula possessivité. La France de Macron est sous les ordres d’un pervers narcissique. Je crois savoir de quoi je parle, je suis un manipulateur qui me soigne. ------------------------------------------------------------------------------ @G.Scheidt | 02 janvier 2019 à 13:23 « Si ces réformes sont justes la pour répondre à des critères économiques et financier sans tenir compte de l'humain, elles sont vouées à l'échec et seront rejetées par la grande majorité des Français. » Macron doit mettre en œuvre « une réforme fiscale remettant totalement à plat notre fiscalité en renforçant la fiscalité directe et en diminuant la fiscalité indirecte et les multiples taxes qui frappent les plus pauvres comme les plus riches de la même manière. » La TVA est beaucoup plus injuste que la taxe d’habitation. Les promoteurs de la TVA sociale la présentaient comme une taxe sur l’importation alors qu’il était possible de rétablir des droits de douane sans les faire peser sur le consommateur. À quoi j’ajoute (et si l’on me taxe d’utopie, j’accuse mes contradicteurs de céder au réflexe pavlovien du TINA (there is no alternative) qu’on devrait également revenir à la philosophie de la sécurité sociale (« de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ») en faisant cotiser différemment celui qui touche un salaire élevé et celui qui touche un bas salaire. De même, les ASSEDIC (si la fusion avec l’UNEDIC fait que c’est encore cette caisse qui indemnise les chômeurs) ne devrait pas indemniser un cadre au-delà du salaire médian, étantdonné que la perte d’un salaire atteint certes différemment celui qui a, par exemple, contracté un emprunt au crédit conséquent, mais on peut s’attendre à ce qu’il ait fait des économies et si on ne prend pas cette mesure d’équité, il faut reprendre l’idée exprimée ici par un commentateur il y a quelques jours, d’un SMIC différent selon les régions, car le niveau de vie n’est pas le même selon que l’on habite à Paris ou en province, et plus généralement que les loyers sont élevés ou non à l’endroit où onvit. Enfin, une conférence des salaires digne de ce nom remettrait à plat l’échelle des salaires, et prendrait acte que rien ne justifie que l’on rémunère davantage le travailleur intellectuel que le travailleur manuel. L’excuse de sa plus grande responsabilité sur le devenir de l’entreprise est souvent opposée. Elle vaudrait si le cadre ou le grand patron choisi par un conseil d’administration était intéressé à l’échec de l’entreprise qu’il dirige, comme il est intéressé à son succès par les stock options ou les retraites chapeau. --------------------------------------------------------------- @caroff | 02 janvier 2019 à 10:42 « Je pense aussi que VGE avait un peu plus d'empathie pour les gens que Macron, comme l'ont montré les mesures sociales (minimum vieillesse augmenté de 20% et aménagements des allocations chômage). ») Et come le montre aussi cette anecdote que je dois à une amie elle aussi trop tôt disparue. Aveugle comme votre serviteur, elle montait en gare de Vendôme avec ses valises et ses deux enfants. Un homme à la voix chuintante lui offre ses services : »Vous avez besoin d’aide, mademoiselle ? » Mon amie accepte bien volontiers. L’homme lui porte ses bagages en ouvrant la voie pour installer la petite famille aux places qui lui étaient dévolues. Après quoi il salue et se retire dans un wagon de première classe. Les passagers se retournent vers mon amie et lui demandent: « Savez-vous qui vient de vous aider ?» Mon amie n’a pas réalisé,trop préoccupée de ne pas rater le train et que tout son monde y soit monté sans encombre. « C’est Giscard. » La grande classe ! Mais pas celle de la lutte des classes La grande classe, la vraie.

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