Macron a perdu, c’est entendu. Il
a perdu son match de catch. Mais s'est-il révélé "fort et solide » ? Ceux
qui disent qu’il s’est révélé « fort » et « solide » n’ont pas
dû regarder la même interview-"débat démocratique" entre deux
éditorialistes-"interviewers" et le président de la République. Je
l'ai trouvé susceptible et vulnérable. C'est tout juste si JJ. Bourdin n'était
pas tenté de lui dire, dans les premières minutes : "Emmanuel, calme-toi !"
Il n'a ajouté "Macron" à « Emmanuel » qu'en s’apercevant de
lui-même qu’il poussait la familiarité un peu trop loin.
Je sais gré au président de nous
avoir offert cette forme modernisée de l'interview présidentielle. Un président
n’affaiblit pas la fonction présidentielle en descendant dans l’arène au risque
de se faire traiter en incipit par la vedette des matinales politiques d’» illusionniste [de]
l’histoire ». Ces deux gérontes de Bourdin et Plenel dégagent un parfum de
casseroles, mais ont de la bouteille.
Macron n'est pas arrivé à
convaincre qu'il a ordonné cette frappe en Sirie sans enfreindre le droit
international, qu'il combat Daech en combattant Bachar, qu'il n'est pas le
président et l’ami des riches, et que sa politique est efficace.
Macron fait du Hollande au train
de Sarkozy. Sa politique Canada Dry sent la réforme, a la couleur de la
réforme, mais revient à Macron-Jupiter sans avoir accompli ses résultats. Les
deux exemples du jour :
-
Sa ministre de l’enseignement supérieur promet
que l’organisation des examens ne sera pas affectée par le blocage des
universités, et Nanterre reporte son premier partiel.
- Macron et Philippe croient
avoir évacué Notre-Dame-des-Landes, mais les zadistes qui partirent trois cents
reviennent sept cents au cours du week-end.
Macron est payé par la France
pour travailler contre la France sur ordre du peuple français, que personne n'a
forcé à l'élire.
Macron est insaisissable comme
Hollande et intéresse comme Sarkozy. Sa communication parie sur le mystère.
Macron est charismatique, c'est-à-dire qu'il peut faire des miracles par
hasard, sans être le dépositaire du pouvoir sacré. Moi qui ai toujours été
légitimiste, mais qui doute de la légitimité de Macron et qui n'aime pas
Macron, je mentirais si je disais qu’il ne m'intéresse pas. J'ai envie de
savoir qui il est, même si je sais qu'il fera tout pour que je ne le sache pas
et pour noyer le poisson, afin de rester le maître de la connaissance qu’on a de
lui. J'ai envie de savoir s'il est aussi
cultivé qu'on le prétend et pourquoi un homme qui a déjà fait montre de tant de
lacunes passe pour un enfant prodige. J’ai envie de comprendre pourquoi ce
rhéteur qui réussit la captatio benevolentiae n'est pas un homme de bonne
volonté. Ce monarque qui ne guérit pas les écrouelles, et qui ne cesse de
pousser l'égocratie absolue jusqu'à dire "je (détermine la politique de la
nation, en omni-président, et en infraction à l'article 20 de la Constitution,
sans que Bayrou mon allié me désavoue en écrivant un livre contre moi, comme il
l’a fait contre Sarkozy pour les mêmes raisons. » Cf. F. Bayrou, Abus de
pouvoir, Plon), m'apparaît depuis son élection comme un méchant roi, le roi
Turlubulu d'un conte que je ne parviens pas à retrouver. Cet élève mal fini
chasse les élèves d'une école de l'Orne pour se faire interviewer dans une
salle de classe vide. Ce président qui se rêvait comédien investit le théâtre national
de Chaillot dont le public est interdit d’entrée pour jouer devant une salle
vide. Les médias se gardent bien de commenter ces deux éléments de décor
choisis par ce fou devenu roi. Drôle de complexé, qui se prend pour un homme
doté de « pensée complexe" et joue la complexité du pouvoir !
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